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12/23/2008

Programmation 2009 : Résultats des consultations internationales

Six Comités consultatifs internationaux se sont réunis à l'ANR pour donner des avis sur le positionnement scientifique des programmes de l'Agence. Constitués par des scientifiques reconnus, ces comités ont proposé des réflexions qui ont été prises en compte dans la programmation 2009 et inspireront les suivantes.

La direction générale de l'ANR a souhaité éclairer la réflexion sur la programmation 2009 par des points de vue internationaux, six Comités consultatifs internationaux correspondant aux départements thématiques de l'ANR :

 

Biologie-Santé
Ecosystèmes et Développement Durable
Energie Durable et Environnement
Matériaux, procédés et sécurité globale
Sciences Humaines et Sociales
Sciences et technologies de l'information et de la communication

ont ainsi été réunis entre juillet et septembre 2008 à Paris.

Ils avaient pour mandat de donner un avis quant à la pertinence des choix effectués dans les années antérieures en matière de programmation et sur les propositions faites pour 2009. Il était également demandé de formuler tout avis utile à la marche de l'ANR. Chaque comité était constitué de quatre à six personnalités principalement européennes(1) soit au total vingt-neuf personnes. Les comités ont procédé chacun pendant deux jours, à des auditions des responsables des départements et des programmes de l'ANR, ainsi que de présidents de Comités sectoriels et de Comités de pilotage de programmes.

Ce document de synthèse reprend les principales conclusions transversales, orales et écrites, des avis spécifiques ayant par ailleurs été donnés pour chaque domaine de recherche(2).

Le contenu de la programmation

La conclusion unanime est que la programmation proposée par l'ANR est pertinente et bien positionnée sur les domaines qu'elle aborde. Toutefois, elle encourt un risque de dispersion et d'émiettement. Elle couvre un champ vaste résultant des demandes des communautés scientifiques qui voudraient toutes que leur champ thématique et disciplinaire soit couvert. La volonté d'écoute attentive par l'ANR des communautés scientifiques concernées, et le caractère largement "bottom up" et "open door approach" (cf STIC) de  la procédure de programmation sont par ailleurs considérés comme très utiles et salués par les Comités de consultation. Néanmoins, la généralisation et la pérennisation de tous les domaines de recherche pourraient aboutir mécaniquement à réduire les moyens disponibles pour chacun de ces domaines et donc, à interdire l'émergence de travaux ayant la masse critique suffisante pour être efficaces(3). La taille des programmes et des projets est d'ailleurs d'ores et déjà un peu faible, et le budget de l'ANR trop limité par rapport aux ambitions qui lui sont données (cf BS, MPS).  Les comités invitent donc l'ANR à faire des choix beaucoup plus focalisés et plus spécialisés en fonction des besoins de renforcement sectoriels(4) et des avantages comparatifs de la recherche française qu'il serait dommage de ne pas exprimer(5), et à résister aux demandes récurrentes des communautés scientifiques. La direction de l'ANR a rappelé son intention de continuer à donner à la programmation un caractère de mécanisme flexible et sélectif, chacun des programmes ayant un caractère limité dans le temps, ce qui leur confère un rôle d'accélération momentanée sur un domaine de recherche prioritaire. La "flexibilité thématique" a été saluée, mais derrière cette flexibilité, les grands courants de recherche semblent rester les mêmes. Les comités ont par ailleurs rappelé la grande nécessité d'un système de suivi ciblé sur le repérage des idées neuves de manière à réinjecter ces idées neuves dans la programmation (cf STIC, BS, MPS, SHS). Pour aller dans le sens d'une plus grande sélectivité des programmes, certains panels ont proposé d'ouvrir beaucoup plus internationalement la composition des Comités sectoriels(6) qui sont les principaux lieux de réflexion sur la pertinence des programmes.

Des remarques équivalentes ont été faites en ce qui concerne le contenu des programmes. Dès lors que des domaines spécifiques sont ciblés, il serait bon dans certains cas de mieux  focaliser les contenus des appels à projets en fonction des enjeux scientifiques et de société (cf EDD, EDE, STIC) en particulier en ciblant des "défis scientifiques et technologiques". Dans d'autres cas, il serait bon de définir un espace thématique et de laisser assez de largeur et de liberté dans la définition des programmes (cf MPS).  Dans cet esprit, certains comités ont invité à améliorer la réflexion stratégique par grand domaine (cf EDE, STIC, MPS) en définissant des "vision papers" déclinant les stratégies nationales, et en utilisant des cartographies internationales des recherches et des compétences. C'est à ce niveau de granularité que peuvent se définir des choix pertinents de spécialisation et d'alliance internationales. D'une manière générale, les comités ont salué la montée en puissance des programmes de coopération européenne et internationale.

Enfin, il a été signalé que l'ANR était en très bonne position pour lancer des programmes et des projets transversaux aux grandes disciplines (par exemple les STIC et les neurosciences dans le domaine de la mémoire) et aux grands domaines de recherche (par exemple les connaissances en écologie, en épidémiologie et en médecine pour faire face à des maladies émergentes). Cet avantage comparatif relativement rare devrait être plus exploité. Le cloisonnement par disciplines et par domaines peut en effet devenir une limitation aux progrès de la science(7).

Le fonctionnement de l'ANR

Les comités ont noté la maturité des procédures de programmation et de sélection des projets qui a été acquise rapidement, et l'obtention d'une certification Iso 9001. Ils ont souhaité que soient cultivées la faible inertie et la flexibilité des dispositifs. Toutefois, les délais entre programmation et décision de financement ont été considérés comme encore trop longs, à l'image d'ailleurs, d'autres agences de financement. Pour certains comités, il apparaît que l'agence est sous équipée en personnel. Le recours à des Unités Support est considéré comme pouvant induire des délais supplémentaires et des problèmes de confidentialité et de conflit d'intérêt.

De la même façon, il est apparu surprenant que dans les Comités sectoriels puissent siéger un trop grand nombre d'entités utilisatrices de programmes futurs. Il a été conseillé, pour limiter les conflits d'intérêt dans la programmation de veiller à ce que les scientifiques soient nommés intuitu personae, et d'ouvrir ces Comités à une majorité de membres étrangers (cf BS).

L'ANR dispose d'une gamme intéressante de moyens de stimulation de la recherche (par exemple : financement par projets, financement de pôles de compétitivité, financement de Chaires d'excellence...). Néanmoins, le spectre des outils de l'ANR apparaît trop restreint. Il serait utile notamment de soutenir particulièrement les équipes prometteuses dans leurs trajectoires de réussite, de favoriser une sorte de "droit de suite" lorsque qu'un projet est un succès qui ouvre des suites prometteuses. Il faudrait aussi porter plus d'attention aux jeunes chercheurs pour favoriser leur indépendance. L'un des comités s'est interrogé sur la capacité des incitations à favoriser ou non la prise de risques de la part des porteurs de projets(8). Enfin, il conviendrait de mieux faire des liens entre les programmes non thématiques et thématiques.

L'impact sur les acteurs de la recherche

La volonté de contribuer à la montée en puissance des universités comme partenaires importants de recherche a été saluée. De la même manière a été salué l'effort d'incitation à la collaboration entre recherche publique et entreprises. Le niveau d'engagement des industriels est vu comme satisfaisant. Un comité s'est interrogé sur la suffisance des incitations à l'accès des entreprises aux procédures de l'ANR. D'une manière plus générale, l'ANR devrait investir dans les méthodes de mesure d'impact, et établir un tableau de bord de son impact sur le système national de recherche. Par ailleurs, l'ANR devrait communiquer plus sur les résultats des recherches et les conséquences des travaux effectués(9).

Les conclusions de ces consultations internationales ont été portées à la connaissance du Conseil d'Administration de l'ANR et font l'objet de séminaires internes de réflexion afin de mettre en œuvre les recommandations pertinentes.
 


Annexe


Liste des membres des comités de consultation

 

Energie durable et environnement

 

Nicolas Jenkins, Université de Manchester, Directeur Scientifique de l'Energy Research Council
Peter Lund, Université de Technologie d'Helsinki, Président de l'Energy Advisory Board de la Commission Européenne
Claude Mandil, ancien Directeur Général de l'Agence Internationale de l'Energie
Andra Tilche, chef du département environnement, DG Recherche, Commission Européenne
Kees Van Deele, Directeur Scientifique de TNO (ND), Président de la Fondation Néerlandaise sur le Changement Global
Albrecht Wurm, TÜV Rheinland Consulting GmbH, Responsable sur programme Mobilität du BMBF en Allemagne

 

Sciences Humaines et sociales

 

Marcel Bursztyn, Directeur du Centre de Développement Durable, Université de Brasilia
Linda Hantrais, Professeur, London School of Economics, ancien membre du CNER
Joe Karaganis, Directeur du programme culture, Creativity and Information Technology, Media and Democracy, Social Sciences Research Council, New-York
Alain Peyraube, Membre du Comité Scientifique de l'European Research Council
Thomas Wiemer, Directeur de programmes, DFG (Deutsche Forschungsgemeinschaft)

 

Ecosystèmes et développement durable

 

Bo Bengtsson, Professeur émérite Université d'Upsala (Sw), ancien Président de  l'Institut International de Recherche sur les Forêts, ancien secrétaire de l'évaluation des centres internationaux de recherche agricole (CGIAR)
Timothy Hall, Commission Européenne, responsable du département recherche agricole
Marc Van Montagu, Directeur du Centre de génétique de l'Université de Gand
David Lindsay, Directeur CEBAS (SP), Food science and technology Department

 

Sciences et technologies de l'Information et de la Communication

 

John O'Reilly, Ex CEO de  l'EPSRC (Engineering and Physical Sciences Research Council), Vice Chancelor Université de Cranfield
Hubert Lakner, Deputy chair of the Fraunhofer Microelectronics Alliance 
Alain Costes, Ex Directeur des technologies au Ministère de la Recherche, Professeur à l'Institut Polytechnique de Toulouse, membre de l'Académie des Technologies
Heikki Saikkonen, Université de Helsinki, Directeur d'un laboratoire Nokia

 

Biologie-Santé

 

Colin Blakemore, CEO of MRC, Professeur de neurosciences, Londres
Suzanne Fortier, President of the National Sciences and Engineering Research Council of Canada, Ottawa
Manuel Hallen, Director of Health Directorate, European Commission, EU, Bruxelles
Jörg Hinrich Hacker, President of the Robert Koch Institute, Vice-President of DFG, Berlin
Philippe Kourilsky, Professeur au Collège de France, Membre de l'Académie des sciences, ancien Directeur général de l'Institut Pasteur

 

Matériaux, procédés et sécurité

 

Francisco Rodriguez Reinoso, Editor of Carbon, Laboratory for Advanced Materials, Department of Inorganic Chemistry, Université d'Alicante
Denis Neibecker, DR du CNRS, Université de Toulouse
Niels Bay, Professeur, Directeur du Department of Technical Engineering, Université du Dannemark
Eva LindencronaDeputy Director, Swedish Agency for Innovation Systems, Vinnova

 


 

Notes

1 Principalement des personnalités britanniques, allemandes, des responsables de la Commission européenne. Voir en annexe.
2 Certaines remarques spécifiques ont pourtant un caractère large, par exemple : il a été recommandé, vu le caractère assez orienté "développement durable" d'un grand nombre de programmes, de généraliser l'analyse de cycle de vie dans les appels à projet ayant une forte orientation technologique (cf. EDE, MPS, EDD). Autre exemple : la France ne peut pas durablement rester en dehors de la recherche sur les OGM.
3 "We observe that projects are both relatively small (...) . We believe that there is a need for there to be scope for some larger, longer, projects (...)". Extrait panel STIC.
4 "There should be a greater degree of European integration of research in strategic areas, particularly those that will be funded at the EU  level, and where there is a shortage of skills amongst the French research community". Extrait panel EDD.
5 "Il est proposé d'avoir une stratégie plus précise du fait des moyens limités. Cela doit s'appliquer autant sur des programmes nationaux, en identifiant des niches où la France peut avoir un réel impact avec des sommes compatibles aux budgets de l'ANR, que sur des programmes internationaux qui donnent parfois l'impression d'être opportunistes". Rapport du Comité Biologie et santé.
6 "Il est vivement conseillé d'ouvrir les Comités sectoriels à une majorité de membres étrangers". Extrait Panel Biologie-Santé.
7 "The Consultation Group were satisfied to learn that cross-cutting programmes between different ANR departments were in place and would suggest that further opportunities for interdisciplinary approaches (such as with the Biology and Health domain) should be explored". Extrait panel EDD.
8 "A distinctive part that ANR, as a young organisation not too encumbered by legacy, could seek to play in the research funding landscape is to be the flexible agency with the ability and willingness to take risks". Extrait panel STIC.
9 "With its central position in the French research system, ANR should develop policy breifs regulary to inform decision makers on urgent research issues based on ANR's research findings". Extrait panel EDD.

Last updated on 19 March 2019
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