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Dynamiques langagières, apprentissages linguistiques et sociabilité à l’école maternelle : apport des capteurs de proximité pour le recueil de données massives – DyLNet

Dynamiques langagières, apprentissages linguistiques et sociabilité à l’école maternelle : apport des capteurs de proximité pour le recueil de données massives

Le principal objectif de DyLNet est d’observer et caractériser les relations entre socialisation enfantine et apprentissage du langage oral pendant la période de scolarisation en maternelle par une approche multidisciplinaire novatrice combinant travaux sur l’acquisition du langage, sociolinguistique et science des réseaux.

Socialisation scolaire et développement du langage oral en maternelle

Parce que l’école maternelle est la première étape de la scolarisation, il est nécessaire de comprendre comment les enfants de tous les groupes sociaux s’y intègrent et s’y adaptent. Le langage oral joue un rôle central dans ce contact précoce avec le monde scolaire : il est le moyen et le résultat de la socialisation scolaire et la “condition essentielle de la réussite de toutes et de tous” (BOEN, 26/03/2015). Les enfants s’intègrent et s’adaptent à l’école en communiquant. Réciproquement, une socialisation scolaire réussie multiplie les opportunités de communication avec les pairs et les adultes en charge des enfants, favorise les apprentissages et renforce les compétences linguistiques. Il peut donc s’établir un cercle vertueux – ou au contraire une spirale d’échec – entre sociabilité enfantine, communication orale, apprentissages scolaires.<br />Le but général du projet DyLNet est d’examiner les relations entre socialisation enfantine et développement du langage oral en maternelle par une approche multidisciplinaire novatrice combinant travaux sur l’acquisition du langage, sociolinguistique et science des réseaux. Il permettra d’apporter une contribution majeure à un domaine sous-exploré : la transmission précoce des habiletés langagières entre enfants. Le projet s'organise autour de la réalisation de deux objectifs principaux :<br />Objectif 1 - Nous analyserons le lien entre interactions sociales et développement du langage oral dans une école maternelle – considérée comme une communauté d’enfants et d’adultes – dont on suivra l’évolution pendant 3 ans.<br />Objectif 2 - Nous décrirons la co-évolution entre dynamique des réseaux sociaux (changements des liens sociaux dans la communauté) et dynamique du langage dans les réseaux (influences entre locuteurs et modification des habiletés langagières).

La mise en œuvre du projet DyLNet procédera par le suivi, pendant 3 ans, de 195 enfants et des intervenants pédagogiques d’une école maternelle socialement mixte.
Les interactions sociales entre les individus seront enregistrées grâce à l’utilisation de la technologie des capteurs sans fil qui enregistrent, toutes les 5 secondes, les proximités entre individus. Ils seront portés une semaine par mois pendant 3 ans. À différentes périodes, des tests généraux de langage seront administrés aux enfants De plus, nous suivrons les usages sociaux du langage des enfants et des adultes du suivi longitudinal en situation quotidienne d’interactions grâce à des micros implantés dans les capteurs, eux aussi portés une semaine par mois pendant 3 ans. Le profil social des élèves sera quant à lui établi grâce à un questionnaire rempli par les familles.

Grâce à la puissance d’analyse (détection de communautés) et de modélisation (modèles multi-agents) des sciences des réseaux, les données sur les interactions sociales seront mises en relation avec les performances linguistiques et les usages sociolinguistiques enfantins. Il s’agira notamment d’examiner l’influence des relations sociales enfantines sur le développement du langage (si des individus restent dans la même communauté de pairs entre deux temps d’observation, est-ce que leur distance linguistique diminue dans la même période ?) et réciproquement, l’influence du langage sur ces relations sociales (si deux individus appartiennent au même groupe linguistique au temps T, est-ce que la probabilité qu’ils soient dans la même communauté de pairs augmente à T+n ?). Nous nous intéresserons également aux interactions entre les élèves et l’équipe éducative – enseignants et autres personnels présents dans l’école – afin d’observer si leur fréquence a un impact sur le développement langagier enfantin.

Outre la réalisation des objectifs scientifiques du projet, nous élaborerons et mettrons à disposition de la communauté scientifique une base de données pérenne et anonymée sur la sociabilité enfantine en lien avec le langage, via la plateforme ORTOLANG et la TGIR HumaNum. Cette base inclura (a) l’enregistrement, pendant 3 ans, des interactions sociales impliquant les enfants et les adultes de l’équipe pédagogique; (b) les résultats aux tests de langage et le suivi longitudinal des usages sociaux du langage ; (c) des informations sociodémographiques sur les familles des enfants.

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Parce que l’école maternelle est la première étape de la scolarisation, il est nécessaire de comprendre comment les enfants d’origines sociales diverses s’y intègrent et s’y adaptent. Dans ce processus, le langage oral joue un rôle central : il est le moyen et le résultat de la socialisation scolaire et la “condition essentielle de la réussite de toutes et de tous” (BOEN, 26/03/2015). Les enfants s’intègrent et s’adaptent à l’école en communiquant. Réciproquement, une socialisation scolaire réussie multiplie les opportunités de communication avec les pairs et les adultes en charge des enfants, favorise les apprentissages et renforce les compétences linguistiques. Il peut donc s’établir un cercle vertueux – ou au contraire une spirale d’échec – entre sociabilité enfantine, communication orale, apprentissages scolaires.
Dans cet enchaînement, les inégalités d’origine sociale sont un facteur central puisque, dès 2 ans, les enfants de tous les milieux ne manifestent pas le même niveau d’habileté langagière et n’utilisent pas au même degré les codes linguistiques valorisés dans le cadre de l’école. Ces différences précoces, issues de la transmission au sein de la famille, ont suscité de nombreuses recherches qui ont mis en évidence l’influence de la nature et de la quantité de discours adressé à l’enfant dans les différents milieux sociaux. Ces travaux laissent toutefois dans l’ombre l’influence des pairs, susceptible de modifier l’impact de la famille dans la mesure où le groupe de pairs est le lieu d’une certaine mixité sociale, notamment en contexte scolaire. La scolarisation offre donc une nouvelle donne, notamment quand la composition du groupe scolaire est socialement mixte ou au travers du discours produit par les enseignants.
DyLNet vise à observer et caractériser les relations entre socialisation enfantine et apprentissage du langage oral pendant la période de scolarisation en maternelle par une approche multidisciplinaire novatrice combinant travaux sur l’acquisition du langage, sociolinguistique et science des réseaux.
Sa mise en œuvre procédera par le suivi, pendant 3 ans, de tous les enfants (˜150) et intervenants pédagogiques d’une école maternelle socialement mixte. Les interactions sociales entre les individus seront enregistrées grâce à l’utilisation de la technologie des capteurs sans fil qui enregistrent, toutes les 30 secondes, les proximités entre individus. Ils seront portés une semaine par mois pendant 3 ans. Nous suivrons le développement langagier enfantin au travers de leurs résultats à des tests généraux de langage et de leurs usages sociaux du langage en situation naturelle d’interactions. Enfin, le profil social des élèves sera appréhendé au travers d’un questionnaire adressé aux familles.
Grâce à la puissance d’analyse (détection de communautés) et de modélisation (modèles multi-agents) des sciences des réseaux, les données sur les interactions sociales seront mises en relation avec les performances linguistiques et les usages sociolinguistiques enfantins. Il s’agira notamment d’examiner l’influence des relations sociales enfantines sur le développement du langage (si des individus restent dans la même communauté de pairs entre deux temps d’observation, est-ce que leur distance linguistique diminue dans la même période ?) et réciproquement, l’influence du langage sur ces relations sociales (si deux individus appartiennent au même groupe linguistique au temps T, est-ce que la probabilité qu’ils soient dans la même communauté de pairs augmente à T+n ?). Nous nous intéresserons également aux interactions entre les élèves et l’équipe éducative – enseignants et autres personnels présents dans l’école – afin d’observer si leur fréquence a un impact sur le développement langagier enfantin.

Coordination du projet

Aurélie NARDY (Laboratoire de Linguistique et Didactique des Langues Etrangères et Maternelles)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Lidilem - U-GREN Laboratoire de Linguistique et Didactique des Langues Etrangères et Maternelles
DANTE - INRIA Grenoble Rhône-Alpes Laboratoire DANTE

Aide de l'ANR 369 821 euros
Début et durée du projet scientifique : octobre 2016 - 48 Mois

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