CE27 - Culture, créations, patrimoine

Matières et cultures. Le vaste monde des soies sauvages – WILDSILKS

Matières et cultures.

Le vaste monde des soies sauvages.

Enjeux et objectifs

L'objectif de WILDSILKS est d'étudier le rôle joué par les soies sauvages et les cultures associées dans la longue durée entre l'Asie, l'Afrique et l'Europe étant donné qu'elles ont longtemps été négligées par les sciences sociales et les sciences des matériaux.<br />A travers une approche comparative avec les soies et les cultures du Bombyx Mori, de telles réflexions permettront d'intégrer les soies sauvages dans une histoire et une anthropologie globale des matériaux et des matérialités.

Le projet WILDSILKS rassemble une équipe interdisciplinaire s’appuyant sur l’histoire, l’anthropologie, la biologie, et les sciences physiques, biochimiques, et de la conservation. En travaillant à trois échelles – celle des substances, des savoirs et pratiques locales, et du façonnage de l’environnement et de la vie-, WILDSILKS interroge les techniques de production, les usages, et les circulations des soies sauvages à partir de pièces de musées et de cultures matérielles contemporaines.

En raison du COVID, le projet a principalement avancé sur l'inventaire et l'étude des collections qui sont toujours en cours. Les résultats seront progressivement affinés.
Les travaux ont déjà permis d'améliorer les procédés d'identification des soies sauvages dans les collections par des techniques optiques dont le protocole reste à standardiser et d'identifier de nouvelles archives attestant de l'utilisation des soies sauvages dans les usines européennes au XIXe siècle.

En repérant des soies sauvages dans les collections des musées, et en déterminant leurs espèces grâce aux sciences de la vie et des matériaux, WILDSILKS contribuera à la construction d’une cartographie historique des utilisations des diverses espèces.
Le projet se penchera aussi sur les dimensions socio-culturelles contemporaines des soies sauvages grâce à des terrains ethnographiques et ce faisant questionnera les rôles des soies sauvages comme indicateurs du rapport ‘nature’/’culture’ et des inégalités environnementales, sociales et économiques.

Articles & chapitres soumis pour publication:
1/ de Palaminy, L. (soumis pour publication) « Development of a non-destructive methodology using ATR-FTIR and chemometrics to discriminate wild silk species in heritage collections » (titre provisoire) à la revue à comité de lecture Spectrochimica Acta Part A (https://www.journals.elsevier.com/spectrochimica-acta-part-a-molecular-and-biomolecular-spectroscopy/)
2/ Desrosiers, S. (soumis pour publication), « Étude des fragments de soie » (titre provisoire), in P. Périn (éd.), Les tombes gallo-romaines et mérovingiennes de la basilique de St-Denis, Tome XXVI des Mémoires publiés par l’Association française d’archéologie mérovingienne

Matières et cultures. Le vaste monde des soies sauvages

Pendant des siècles, les filières soyeuses ont préféré le Bombyx mori ou ‘Ver à soie du mûrier’ entre tous les insectes producteurs de soie. Domestiqué en Chine, il était apprécié pour la finesse, la brillance et la longueur des filaments de soie tirés de ses cocons. Pourtant, d’autres espèces appartenant principalement à la famille des Saturniidae ont partout été exploitées pour les artisanats locaux. Qualifiées de ‘sauvages’ par les spécialistes, certaines de ces espèces, chinoise comme Antheraea pernyi ou japonaise comme Antheraea yamamai, ont pénétré les filières industrielles dans le courant du XIXe siècle. Des découvertes archéologiques montrent toutefois l’ancienneté de leur usage : deux espèces de soie sauvage utilisées au IIIe millénaire avant J.-C. dans la vallée de l’Indus (Pakistan actuel), une autre présente en Mer Egée pendant le millénaire suivant. D’autres découvertes attestent leur présence entre l’Asie Centrale et l’Europe depuis l’Antiquité tardive. Tenir compte du long passé de la saisie humaine des soies sauvages est capital si l’on veut comprendre non seulement l’histoire de la soie/des soies mais ce que ces matières représentent dans le monde globalisé d’aujourd’hui. Car ces espèces et les substances qu’elles produisent sont au centre d’intérêts croissants du point de vue du développement économique, de la gestion des ressources naturelles, du patrimoine, et des revendications concernant les ressources biologiques et génétiques protégées par les lois internationales (protocole de Nagoya).

Inscrit à la fois dans les sciences sociales et dans les sciences de la vie et des matériaux, WILDSILKS est un projet original qui étudie l’histoire, les productions actuelles, et le rôle que les soies dites ‘sauvages’ peuvent jouer dans le déchiffrement des questions sociétales et environnementales. Il rassemble une équipe interdisciplinaire s’appuyant sur l’histoire, l’anthropologie, la biologie, et les sciences physiques, biochimiques, et de la conservation. En travaillant à trois échelles – celle des substances, des savoirs et pratiques locales, et du façonnage de l’environnement et de la vie-, WILDSILKS interroge les techniques de production, les usages, et les circulations des soies sauvages à partir de pièces de musées et de cultures matérielles contemporaines. A travers une approche comparative avec les substances et cultures du Bombyx mori, de telles réflexions permettront d’intégrer les soies sauvages dans une histoire globale et une anthropologie des matériaux et des matérialités.

En repérant des soies sauvages dans les collections des musées, et en déterminant leurs espèces grâce aux sciences de la vie et des matériaux, notre projet contribuera à la construction d’une cartographie historique des utilisations des diverses espèces. Un tel cadre pourrait confirmer le bien-fondé des commentaires d’Aristote et de Pline l’Ancien sur la production ancienne de soie dans la mer Egée, et de repérer des traces de circulations de ces matières, par exemple entre le sous-continent indien et l’Afrique à travers l’Océan Indien.

WILDSILKS se penche aussi sur les dimensions socio-culturelles contemporaines des soies sauvages grâce à des terrains ethnographiques menés dans quatre régions –l’Inde, l’Asie du sud-est, le Japon, l’Afrique de l’ouest- choisies pour l’intensité de leur production et utilisation de soies sauvages, pour leur implication dans les échanges d’espèces, de substances, et de savoirs, pour la diversité de leurs contextes sociotechniques, enfin pour leur intérêt émergent et/ou renouvelé pour ces matériaux. Le projet y questionne les rôles des soies sauvages comme indicateurs du rapport ‘nature’/’culture’ et des inégalités environnementales, sociales et économiques. Les membres de la jeune équipe WILDSILKS intègrent ainsi des dimensions locales et globales à la longue histoire des soies sauvages.

Coordination du projet

Annabel Vallard (Centre Asie du Sud-Est)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CASE Centre Asie du Sud-Est

Aide de l'ANR 359 999 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2019 - 48 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter