Mon parcours au sein de l’ANR : Martine Garnier-Rizet, directrice de la stratégie numérique et des données

Depuis septembre 2021, Martine Garnier-Rizet est à la tête de la Direction de la stratégie numérique et des données. Parmi ses missions : concevoir et déployer une politique de la donnée en appui aux directions de l’Agence nationale de la recherche, en lien avec le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et avec l’ensemble des acteurs de l’ESR. Après une thèse en synthèse de la parole, cette spécialiste des interactions homme-machine qui a intégré l’ANR en 2013 avait passé auparavant 16 ans dans l’industrie, à cheval entre la recherche académique et la recherche privée. Retour sur son parcours en interne.

Du laboratoire à l’opérationnel, quel a été votre parcours ?

Après avoir obtenu mon doctorat en synthèse de la parole au LIMSI-CNRS, le Laboratoire d'informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur - aujourd’hui le Laboratoire interdisciplinaire des sciences du numérique (LISN), je suis partie en 1993 pour un séjour post-doctoral au Royal Institute of Technology de Stockholm. Un an plus tard, je débutais ma carrière en 1994 comme ingénieure de recherche chez Telia Research. Je travaillais alors sur un système de synthèse de voix de femme - largement minoritaire dans ce domaine. Pour l’anecdote, nous sommes arrivés en Suède à deux, repartis à trois. A mon retour, j’ai notamment participé au lancement de FRANCIL, le Réseau francophone de l’ingénierie de la Langue et j’ai rejoint, en 1996, l’équipe R&D Reconnaissance et Traitement de la Parole de la société VECSYS, une filiale de Bertin Technologies. J’ai ainsi passé 16 ans dans l’industrie, à cheval entre recherche académique et recherche privée, et toujours sur des thématiques multidisciplinaires. Je travaillais alors sur la reconnaissance automatique de la parole et le dialogue homme-machine, notamment dans le cadre de centres d’appels. Ces technologies - émergentes à l’époque – font partie aujourd’hui de notre quotidien. Puis, tout en conservant une partie de mon activité dans l’industrie, j’ai poursuivi ma carrière à l’Institut franco-allemand des technologies multilingues et multimédias de l’information (IMMI-CNRS) sous la direction de Joseph Mariani, en tant que coordinatrice du programme Quaero, aux côtés de Technicolor et de la Direction générale de l’armement. Ce programme réunissait une vingtaine de partenaires, du secteur public et du secteur privé pour développer des technologies de traitement automatique de contenus multimédias et multilingues, notamment pour la numérisation, l'enrichissement et la diffusion du patrimoine audiovisuel.

Qu’est-ce qui vous a incité à intégrer l’ANR ?

Une opportunité qui s’est présentée ! C’est Jean-Yves Berthou, qui était alors responsable du département Numérique et Mathématiques (NUMA), qui m’a proposé de rejoindre l’Agence. Je suis donc entrée en 2013 à l’ANR où j’ai occupé la fonction de Responsable du programme Contenus Numériques et Interactions pour trois ans. J’ai ensuite été nommée responsable adjointe du département NUMA avant d’en assurer la direction à partir de septembre 2017. Ce passage vers le management de la recherche a véritablement marqué un tournant dans ma carrière. Des années particulièrement enrichissantes qui m’ont permis de mieux appréhender les politiques de financement de la recherche, et de poursuivre différemment mon parcours professionnel. Le soutien des ressources humaines et la reconnaissance en interne m’ont donné la confiance pour développer une vision au sein de l’Agence. Responsable de département est une position exposée, certes, mais elle donne aussi le sentiment de contribuer, avec humilité, à l’avancée des connaissances et d’être littéralement « au service de la science ». C’est aussi une expérience managériale que j’ai tout particulièrement appréciée. Être aux côtés d’une équipe enthousiaste et impliquée, ça motive ! Bien sûr, il y a toujours quelques imprévus, parfois des difficultés : on gagne en compétences.

Comment vos missions ont-elles évolué au sein de l’ANR ?

Cette mobilité ou plutôt ces mobilités sont tout autant liées à des opportunités que j’ai saisies qu’à un même fil conducteur : la connaissance est un bien commun. Promouvoir une conduite responsable de la recherche est une nécessité. C’est en ce sens que l’ANR s’est dotée en 2021 d’une Direction de la stratégie numérique et des données (DSD) dont j’ai pris la responsabilité dès sa création. L’une de ses missions est de contribuer à une science plus ouverte, en favorisant l’accès aux savoirs. À mon arrivée à l’ANR, on commençait tout juste à en parler. En 2018, j’ai pu obtenir un poste entièrement dédié à cet enjeu et recruter Zoé Ancion, aujourd’hui responsable du pôle science ouverte, pour poursuivre le déploiement d’une véritable politique en ce sens dans un contexte national, européen, et international. Par ailleurs, avec la loi pour une République numérique, la France a décidé d’une politique d’ouverture par défaut des données administratives et la création d’une mission de service public de la donnée. Au cœur des métiers de l’ANR, les données sont collectées à chaque étape du parcours d’un projet de recherche : dépôt, évaluation, sélection, résultats, impact. En développant une culture de la donnée au sein de l’agence, la DSD doit contribuer à la transparence et l’efficacité de son action.

Quelle est ou a été votre plus grande réussite dans ce parcours ?

Je ne saurais répondre. Mes missions et les enjeux qui y sont liés ont pu et su évoluer avec les besoins et les pratiques de la recherche. J’y reviens : toutes ces expériences m’ont permis de mûrir la question de la connaissance comme bien commun. Il y a là des dimensions à la fois sociales ou sociétales, politiques et opérationnelles aussi qu’il faut parvenir à conjuguer. Au département NUMA, j’étais à la tête d’une équipe d’une vingtaine de personnes, aujourd’hui celle de la DSD est plus resserrée, plus jeune aussi. Je ne sais pas s’il faut parler de réussite, mais je dirais qu’ensemble nous avons essayé, sur ces questions, sur nos missions, de partager et nourrir une réflexion collective et personnelle, aller plus loin. Aujourd’hui, la DSD est une direction fonctionnelle et transverse entre les différentes directions de l’ANR ; elle nécessite une compréhension de tous les métiers de l’Agence. J’ai ainsi pu déployer trois pôles au sein de ma direction : un pôle consacré à la science ouverte, un pôle sur la gouvernance des données, et un pôle sur les analyses et études d’impact. A leurs têtes, Zoé Ancion, Cyril Demange et Maïa Neouze, tous trois ont su saisir à leur tour une opportunité de mobilité au sein de l’Agence. Il faut ajouter le portail unique des appels à projets, un projet exigeant mais passionnant qui réunit 6 acteurs du financement de la recherche, dont la cheffe de projet métier est Géraldine Guérillot. De mon côté, si je m’inscris toujours dans une dynamique de construction, cette nouvelle direction est une dernière aventure professionnelle, la boucle est bouclée : je suis aussi, si on peut dire, dans une démarche de transmission…

Et si vous aviez un conseil pour ceux et celles qui hésitent à se lancer dans la mobilité interne ?

Si « La ligne droite est le plus court chemin entre deux quelconques de ses points », privilégiez les courbes, gardez les yeux ouverts sur l’horizon avec confiance, et restez exigeant avec vous-même.

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Mis à jour le 18 juillet 2023
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