Conséquences de la maternité sur le marché du travail en France et en Allemagne – LMCM

La pénalité salariale et de l’emploi consécutive à une maternité est une source majeure d'inégalité entre les sexes sur le marché du travail. Sa réduction est un objectif déclaré du Parlement européen. Nous proposons d'étudier ses causes, en utilisant des données administratives pour la France et l'Allemagne qui nous permettront d'examiner les micro-mécanismes dans une perspective comparative. Plus précisément, nous visons à étudier conjointement le rôle des entreprises, de la dépréciation du capital humain et des normes de genre dans la formation des conséquences d’une maternité sur les trajectoires sur le marché du travail.
Notre projet a deux objectifs principaux : (1) Synchroniser et harmoniser des données administratives de haute qualité qui existent sous des formes relativement similaires en Allemagne et en France et préparer des outils de réplication pour la communauté scientifique. (2) Utiliser ces données pour comparer les interruptions d'emploi liées à la famille et l'évolution des carrières maternelles.
Comme les données de cet ordre mises en forme pour la recherche comparative internationale existent peu, les données qui résulteraient de notre travail seront d'une grande valeur pour la communauté scientifique. L'analyse comparative des moteurs de la pénalité salariale pour la maternité en illustrera le potentiel et contribuera à la littérature sur les inégalités entre les sexes sur le marché du travail.
Comparer la France et l'Allemagne constitue une étude de cas convaincante, car les deux pays ont suivi des voies différentes dans la rapidité avec laquelle les femmes ont rejoint la population active, la mise en œuvre des politiques familiales et le soutien aux couples bi-actifs. La France offre de vastes services de garde d'enfants permettant aux femmes de réintégrer rapidement le marché du travail et la pénalité liée à la maternité est considérablement plus basse que celle de l'Allemagne.
Pour comprendre les mécanismes générateurs de cette pénalité, nous utiliserons des données appariées employeurs-employés pour estimer les pénalités d'emploi et de salaire liées aux enfants sur une base annuelle après l'accouchement. Ceci nous permettra de déterminer dans quelle mesure les baisses de salaires résultent du tri des mères vers des entreprises à bas salaires, à temps partiel et avec différents compositions de sexe. Nous nous attendons à ce que les effets liés a la ségrégation genrée sur le lieu de travail importent davantage pour produire une peine de maternité élevée en Allemagne, où une longue sortie du marché du travail et le travail à temps partiel sont plus courants. Enfin, nous visons à examiner comment les différences locales de normes de genre affectent la pénalité salariale, en espérant trouver une plus grande influence sur les carrières en Allemagne, qui a un cadre institutionnel dans lequel le retour à un travail à temps plein après la naissance est moins une norme sociétale.