DS0807 -

Implications d'une information minimale et de capacités computationnelles limitées sur l'émergence de la monnaie: Une approche expérimentale des humains, des macaques et des agents virtuels – macaque40

Résumé de soumission

La quasi totalité des modèles d'économies théoriques proposés jusqu'à présent pour décrire l'émergence de la monnaie reposent sur trois postulats intangibles : l'omniscience des agents économiques, un temps infini et un nombre extrêmement grand d'agents (non fixé). L’objectif de cette étude interdisciplinaire est d'étudier les conditions d'apparition d'une économie monétaire dans des conditions plus écologiques en partant du postulat que le marché est constitué d'un nombre fini d'agents à la rationalité limité et disposant d'une contrainte temporelle.

L'économie monétaire s'est récemment donnée les moyens de tester expérimentalement les hypothèses théoriques et comportementales qui président à l'émergence de la monnaie en tant que moyen d'échange. Ces modèles, dit de "prospection monétaire" permettent de définir des structures économiques (mode d'interaction, spécialisation des agents en termes de production et consommation, structures de coût, etc.) aisément paramétrisables au sein d'une simulation informatique ou d'une expérience en laboratoire.

Nous proposons dans cette étude un modèle et un environnement génériques de prospection monétaire. Notre premier objectif est d'identifier, artificiellement, les conditions structurelles (organisation des échanges, spécialisation des agents, nature des biens) et cognitives (capacités d'apprentissage, mémoire, capacités d'anticipation stratégique, arbitrage exploitation/exploration) qui sont favorables à l'émergence de la monnaie dans le sens de notre modèle générique. Cela nous permettra de définir les contraintes environnementales pertinentes à utiliser lors de manipulations expérimentales en laboratoire. Les agents impliqués dans ces manipulations seront de deux types : des primates non humains (macaques rhésus) et des sujets humains.

Les premiers nous permettrons de vérifier la pertinence de processus d'apprentissage de haut niveau en vue de l'émergence de la monnaie. En particulier, cela nous permettra d'apprécier dans quelle mesure des règles d'apprentissage par essai-erreur sans représentation sophistiquée de l'environnement et sans anticipation stratégique de l'action des autres agents sont suffisantes. Nous construirons un environnement écologique adapté à l'étude de leur comportement et, en particulier, de leur capacité à exemplifier un comportement monétaire. En nous appuyant sur les résultats obtenus avec nos agents artificiels en termes de structures économiques et de facteurs cognitifs, nous pouvons formuler des prédictions relatives à la capacité de macaques à instancier un comportement monétaire dans le sens des modèles économiques concernés.

Chez les seconds, nous étudierons, par un processus de transfert méthodologique inverse, les corrélations entre le comportement conduisant à l'émergence de la monnaie et certaines de leurs caractéristiques psychologiques a priori pertinentes (aversion au risque, patience, capacités numériques, profondeur de raisonnement stratégique). Cela nous permettra ensuite d'"humaniser" nos agents artificiels et d'explorer plus systématiquement quels sont les effets d'interaction entre caractéristiques cognitives et structures économiques qui amènent à un équilibre monétaire.

Cette étude nous permettra de finaliser un nouvel outil expérimental par lequel nous serons en mesure de comparer architectures cognitives entre agents artificiels, humains et macaques. Ceci nous fournira potentiellement les bases d'une véritable approche comparative qui n'a jamais été menée à ce jour, permettant ainsi d'intégrer des résultats méthodologiquement épars recueillis jusqu'à présent dans l'exploration des bases biologiques d'émergence de la monnaie.

Coordination du projet

Sacha Bourgeois-Gironde (UMR 8129 Institut Jean-Nicod)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

IMN Institut des Maladies Neurodégénératives
INRIA INRIA Bordeaux
UMR 8129 IJN UMR 8129 Institut Jean-Nicod

Aide de l'ANR 257 754 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2016 - 36 Mois

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