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Archéologie des offrandes funéraires de produits biologiques dans les cultures préromaines celtes, étrusques, italiques et phénico-puniques (VIe s. -Ier s. av. J.-C.). – MAGI (Manger, boire, offrir pour l’étern

Archéologie des offrandes funéraires en Gaule et Italie préromaines

Identités funéraires et transferts culturels dans les mondes celtes, italiques, étrusques et phénico-puniques : les offrandes de matériaux organiques et de vases contenant des produits biologiques en Gaule et Italie préromaines

Pour une connaissance des produits biologiques déposés dans la tombe

Les enjeux : <br /> Le programme MAGI vise à apporter aux archéologues des données scientifiques qui leur sont habituellement inaccessibles car se présentant sous une forme trop dégradée pour être identifiable par les moyens habituels, à l’échelle microscopique ou moléculaire. <br /> La carpologie et la palynologie apportent un éclairage direct sur certaines catégories d’offrandes telles les fruits ou les graines, et peuvent apporter des indices sur des produits organiques moins visibles comme les boissons fermentées (vin, bière et hydromel en particulier) et les préparations alimentaires. Indices qui demandent à être confirmés par le recours à d’autres méthodes. <br />C'est le croisement de différentes méthodes scientifiques (carpologie, palynologie, chimie organique et paléogénétique) pour identifier des contenus biologiques déposés dans les tombes et dans leur environnement immédiat, qui constitue la problématique phare du programme Magi, avec comme enjeu principal l'accès à des informations inédites sur des caractéristiques habituellement méconnues des rituels funéraires (les offrandes de produits biologiques par définition fortement dégradables) et comme autre enjeu la connaissance de transferts culturels concernant l'usage funéraire de produits biologiques à l'échelle de l'Italie et de la Gaule préromaines.<br /> <br /> Les objectifs : <br /> 1. La mise en place d’une méthodologie analytique pluridisciplinaire, du prélèvement à l’interprétation des résultats<br /> 2. L’identification et la caractérisation des offrandes funéraires de matières organiques et de produits biologiques au sein de quatre grandes cultures historiques<br /> 3. La résolution de problématiques archéologiques liées à la fonction et à l’usage de catégories précises de contenants en céramique, en verre et en métal<br /> 4. La connaissance des échanges de produits biologiques liés à l’alimentation et à l’entretien du corps et leurs significations culturelles et économiques au sein de quatre grandes cultures

Méthodes :
Le programme Magi repose sur l’approche croisée et hiérarchisée de plusieurs méthodes complémentaires :
- Une fouille très fine, en laboratoire, de l’intérieur de chaque contenant.
- L'observation attentive et l'étude des traces éventuelles laissées à l'intérieur et à l'extérieur du contenant pouvant donner des informations sur les modalités d'usage
- Les analyses de chimie organique
- Les analyses archéobotaniques
- Les analyses paléogénétiques dans certains cas (pour l'identification d'une masse organique conservée mais amorphe ; quand un récipient est fermé par son bouchon d'origine)

Les approches techniques :
- Corrélation contenant/contenu : la fouille très fine de l'intérieur de chaque contenant d'une tombe se fait à l'aide d'instruments chirurgicaux, incluant granulométrie, tamisage, macrophotographies des éventuels niveaux stratigraphiques identifiés. L'étude granulométrique et macrophotographique de chaque couche stratigraphique permet de comprendre les processus de remplissage sédimentaire du vase, de distinguer dans certains cas la nature solide, visqueuse, liquide du contenu originel et les étapes de sa dégradation. L'approche tracéologique permet d'obtenir des informations complémentaires sur le statut du contenant et sur ses modes d'usage.
- Prélèvements et analyses : plusieurs prélèvements ciblés sont faits pour donner lieu à des analyses palynologiques, à des études carpologiques, à des analyses de chimie organique, et, le cas échéant, à des analyses paléogénétiques (selon la nature des résidus prélevés).
- Archéologie expérimentale : L'une des principales difficultés réside dans l'interprétation des résultats des analyses chimiques et paléogénétiques. Le recours à l'archéologie expérimentale permet de valider certaines hypothèses concernant l'explication de la présence de matériaux identifiés comme la résine, la poix, un produit laitier, une cire animale.

Résultats des missions et des analyses :
Nous avons pu faire, lors des trois missions, 25 prélèvements en Italie centrale (Cerveteri et Rome), 10 à Cumes et 38 en Sardaigne (Pani Loriga, Monte Sirai, Orroli, Tharros).
Les prélèvements des trois premières missions n'ayant eu lieu que récemment, il est maintenant impossible de donner les résultats des analyses qui sont en cours. Notons que, en Italie centrale (Cerveteri), comme en Sardaigne (Monte Sirai), nous avons eu l'heureuse surprise de pouvoir fouiller et prélever un certain nombre de vases qui étaient encore en partie pleins de leurs contenus d'origine qui se présentent sous forme de masses solides, compactes et amorphes.

Résultats de la recherche fondamentale :
Durant les 4 premiers mois, le LNG a travaillé au développement et à la validation d’un protocole propre à la recherche des marqueurs du vin en utilisant la GC-MS (déjà acquise au LNG) ainsi qu'au développement de protocoles pour l’analyse des phénols (polyphénols de fruits et colorants naturels) par micro-LC préparative et surtout par spectrométrie de masse en mode MALDI TOF-TOF MS. Afin de détecter des traces de vin, le protocole précédemment développée et basé sur l’analyse par THM-GC-MS des polyphénols natifs et dégradés, a été amélioré. Le but a été d’extraire et de détecter les acides aldariques, notamment l’acide tartrique réputé pour sa très forte insolubilité. Deux approches ont été développées et comparées. Le protocole a été validé sur des vins rouges et blancs modernes puis sur des échantillons archéologiques de référence, résidus de vin et imprégnations de supports poreux.

Résultats de l'archéologie expérimentale :
La reconstitution d'huiles parfumées selon les techniques et méthodes connues dans l'antiquité (enfleurage à chaud, protodistillation) a permis de cerner le rôle joué par certaines substances identifiées par les analyses.

Missions et stratégies d'analyses :
Un nombre important d'analyses a concerné l'Italie centrale et la Sardaigne. La priorité sera donnée à la France et à l'Italie du sud. Des contacts ont été pris avec des acteurs de l'archéologie préventive de l'est, de l'ouest et du sud de la France afin d'intervenir sur des chantiers de nécropoles hallstattiennes et laténiennes durant l'automne et l'hiver 2013-2014. De même, une mission a été planifiée dans la région de Foggia dans la dernière semaine d'octobre, en collaboration avec la Soprintendenza per i Beni archeologici della Puglia pour analyser les vases d'une riche tombe italique du Ve s. av. J.-C.

Analyses archéobotaniques :
Nous avons pu, lors de la mission en Italie centrale, évaluer l'intérêt scientifique d'un type de contenant riche en contenus organiques diversifiés : les braseros étrusques. Dans un premier temps nous allons pratiquer à la fouille et au tamisage des contenus. Le criblage sera effectué à sec sur des tamis à maille de 2 et 0,5 mm. Le mobilier sera séparé par catégories : charbon de bois, graines, fragments de pain, restes animaux… et chaque type de vestige quantifié. Nous procéderons ensuite à une étude carpologique plus approfondie. Les graines seront déterminées sous loupe binoculaire. Nous posséderons également aux premières analyses sur les fragments de pains éventuels afin de déterminer leurs qualités techniques (pain à pâte levée ou galette) et la composition de leurs pâtes. Des fragments, les plus réduits possibles, de coquilles d’œuf seront réalisés pour identifier l’espèce. Pour ce faire, ils seront examinés au Microscope Electronique à Balayage environnemental.

Analyses de chimie organique :
La recherche fondamentale qui a permis de mettre en place des protocoles fiables d'identification des marqueurs chimiques du vin sera développée à partir de l'année prochaine pour les produits de la ruche et la bière, en collaboration avec différents laboratoires français et étrangers.

Nouveaux protocoles d'analyses :
Un effort particulier a été fourni pour développer de nouveaux protocoles d’extraction / purification / analyse, afin de pouvoir identifier une plus grande gamme de matériaux, notamment le raisin et ses dérivés. Un nouveau protocole, donnant accès à la fraction organique insoluble, a été développé et validé au cours du 1er semestre. Il permet désormais d’identifier des traces de vin à partir d’imprégnations de vases en céramique ou de bassins maçonnés en mortier, mais aussi à partir de dépôts invisibles dans des récipients en verre ou même en métal. Les protocoles d’analyse chimique développés et testés sur différents types d’objets montrent qu’il est désormais possible d’analyser le contenu de tout conteneur minéral (céramique, faïence, pierre), et notamment d’ouvrir les études au verre et au métal, s’ils n’ont pas été restaurés. Ces nouveaux protocoles seront présentés dans quelques mois dans une publication scientifique internationale.

Deux publications directement liées au programme Magi ont été planifiées :
- Dans la version électronique des « Cahiers du Centre Jean Bérard » sera publié en 2014 un ouvrage collectif réunissant les contributions de différents collaborateurs français, italiens, espagnols et australiens concernant l'archéologie des produits biologiques en Méditerranée antique.
- Dans une nouvelle collection du Centre archéologique européen de Bibracte, sera publié, sans doute l'année prochaine un manuel s'intitulant : « Contenants et contenus biologiques en archéologie : mode d'emploi ».

Le site internet du programme Magi (www.bioarchaeo.net) présentera, à partir du mois d'octobre les enregistrements vidéo et audio de l'Atelier doctoral de Rome/Cerveteri et de l'Ecole thématique de Bibracte

Les cultures celtes, étrusques, italiques et phénico-puniques ne nous ont pas laissé de sources littéraires concernant les rituels funéraires. Leur connaissance est permise grâce à différentes approches iconographiques, épigraphiques et surtout archéologiques qui se sont progressivement mises en place avec l’apport déterminant de nouveaux développements de l’archéologie funéraire. L’archéobotanique et l’archéozoologie fournissent des données fondamentales sur des composantes essentielles du rituel : le sacrifice sanglant et non-sanglant (les offrandes biologiques dans les tombes et leur environnement immédiat). De par leur nature, plus visibles que les graines et les fruits, les ossements animaux ont très tôt été étudiés en contexte funéraire. En revanche, la présence de restes d’aliments végétaux, de tapis de fleurs ou de substances résineuses ou bitumeuses (dont les encens), déterminée grâce aux micro- et aux macrorestes est bien plus délicate à mettre en évidence. Il en est de même pour les résidus conservés dans des récipients. Une analyse d’envergure sur la nature et les raisons du dépôt d’offrandes biologiques fait totalement défaut. Situation doublement dommageable, d’abord par la richesse d’information qu’a apporté pour la période romaine ce type d’études à la connaissance des rituels depuis simplement une décennie et ensuite parce que les méthodes d’investigation sont fiables et faciles à mettre en œuvre. D’autre part, une catégorie importante d’offrandes funéraires demeure le plus souvent invisible aux yeux des archéologues ; les matériaux organiques amorphes, produits solides ou fluides contenus dans des récipients qui semblent avoir totalement disparu. Il est actuellement possible d’identifier les matériaux originels à partir de leurs marqueurs chimiques ou de fragments de séquences ADN. Le recours à ces technologies est encore relativement rare. En effet, l’obtention de résultats positifs et exploitables dépend de nombreux paramètres que ne peuvent pas toujours maîtriser les archéologues ; seul un travail interdisciplinaire initié avant même le prélèvement peut garantir la pertinence des études. L’objectif du programme MAGI est de mettre en place une approche transdisciplinaire combinant différentes méthodes de fouilles, de prélèvements et d’analyses des restes visibles et invisibles de produits organiques conservés dans la tombe. Dans un premier temps, une fouille stratigraphique fine (de l’ensemble de la tombe mais aussi de l’intérieur des récipients) combinant granulométrie, tamisage et prises de vue macrophotographiques permettra d’une part de cerner la nature des différentes couches stratigraphiques observées et d’autre part de sélectionner les prélèvements pour identifications des restes botaniques et ichtyologiques. Dans un second temps, seront sélectionnés, s’il y a lieu, les matériaux et contenants pour analyses permettant l’identification précise des résidus et contenus. Cette approche combinée et hiérarchisée des différentes méthodes et techniques sera possible grâce à la collaboration de huit équipes de recherche et d’un large panel de disciplines complémentaires. Elle permettra d’exploiter au mieux les données archéologiques, biologiques et minéralogiques des contenus des récipients archéologiques, dans un cadre de collaboration pluri- et interdisciplinaire. Trois séminaires seront organisés ainsi qu’un colloque de fin de programme présentant l’ensemble des résultats. Le programme MAGI donnera lieu à trois publications (les actes du colloque, un catalogue d’exposition et une base de données en ligne), à un atelier de formation doctorale à Rome (Ecole française de Rome : il portera sur les potentialités et les limites offertes par les analyses botaniques, zoologiques, chimiques et génétiques des produits organiques), à deux ateliers de formation spécialisée (l’un en France au Mont-Beuvray, l’autre en Italie à Naples) s’adressant aux professionnels de l’archéologie, et à une exposition au musée de Lattes.

Coordination du projet

FRERE Dominique (Archéologies d'ORient et d'OCcident) – frere@univ-ubs.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ASM Archéologie des sociétés méditerranéennes - UMR 5140-
CJB Centre Jean Bérard, USR3133 CNRS - EFR
LNG Laboratoire Nicolas Garnier
AOROC Archéologies d'ORient et d'OCcident

Aide de l'ANR 279 995 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2013 - 36 Mois

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