Espaces de la culture chinoise en Afrique : diffusion, agencements, interactions – EsCA

Les chiffres spectaculaires de la croissance des investissements de la Chine sur le continent africain sont connus (106 milliards de dollars en 2008, + 27, 8 milliards de dollars pour le premier trimestre 2010), ainsi que le vaste champ de ses intérêts et, de façon plus générale, les profits politiques et stratégiques du nouveau rôle de la Chine à l’échelle mondiale.

Résumée par l’efficace slogan « win-win » et un argumentaire anti-impérialiste, cette présence chinoise se traduit également par un soft power, à la fois stratégie institutionnelle de diffusion de valeurs culturelles et initiatives privées d’adaptation aux pays d’accueil. Les espaces d’interactions culturels ainsi ouverts, distincts selon les contextes, les intérêts et les parcours des migrants furent longtemps délaissés au profit d’analyses macro-économiques. L’attention qu’ils attirent désormais ressort autant de la nécessité d’une meilleure appréhension du local que des modalités de constitution, à l’échelle mondiale, d’une « globalisation subalterne » (Marchal 2008).

Le projet EsCA procède d’une volonté d’associer les compétences de spécialistes de la Chine et de l’Afrique, travaillant en binômes dans une perspective comparative, dans l’analyse d’une interaction culturelle inédite, sur ses propriétés, ses constructions et ses effets. Trois thèmes seront privilégiés dans leur double dimension matérielle et virtuelle (exploration du web) : la médecine traditionnelle chinoise (TCM), les espaces d’interactions culturels institutionnels et semi-privés (instituts Confucius, associations chinoises et mixtes), et les usages géopolitiques du patrimoine culturel immatériel. Ils seront étudiés dans trois terrains africains, sélectionnés en raison de contextes distincts de coopération avec la République Populaire de Chine : Mali, Cameroun, Afrique du Sud. L’analyse de l’espace virtuel sera réalisée avec des outils adaptés à l’investigation du web, élaborés par le programme TIC Migrations de la FMSH (ANR Contint, « E-diasporas Atlas »).