SUDS - Les Suds Aujourd'hui II

Le renouveau impérial des États ibériques : une globalisation originale ? (1808-1930) – GLOBIBER

Résumé de soumission

Le courant de la World history apparu aux États-Unis dans les années 1980, a connu depuis lors un fort développement dans le monde anglo-saxon. Toutefois, le décentrement des perspectives qu’il propose semble achopper sur le cas de la péninsule Ibérique : en effet, la perte des colonies américaines entre 1808 et 1825 signifirait la fin sans appel de l’impérialisme ibérique. La perte des dernières terres d’empire par l’Espagne en 1898, - le Désastre - , et la mise sous tutelle de l’empire portugais par le Royaume-Uni en 1890 confirmeraient l’atypisme du parcours de ces anciennes puissances coloniales, jugées décadentes. A l’opposé de ce préjugé, ce projet se propose de montrer l’importance de la dimension impériale des États ibériques à l’époque contemporaine (1808-1930).

En effet, dans la péninsule Ibérique plus qu’ailleurs, la dimension impériale est fondamentale en raison des héritages du passé : il serait naïf de considérer que les indépendances latinoaméricaines ont brisé les réseaux et les circulations à l’échelle globale, ou ont abattu les courants sociaux qui pendant trois siècles ont fait l’empire. Il ne faut non plus croire que les nations espagnole et portugaise à construire à partir des années 1830 soient limitées à leurs seuls horizons péninsulaires : la constitution de Cadix, en 1812 ne définissait-elle pas la nation comme la réunion de deux hémisphères, américain et européen ? Au Portugal, on sait combien l’empire s’est logé au cœur de la construction nationale. La volonté de participation à l’empire demeure un ciment primordial, notamment à l'échelle régionale, et la fonction de l’empire comme berceau d’une nouvelle identité collective ne cesse de croître tout au long du XIXe siècle, alors que les guerres coloniales ravivent le projet impérialiste.

Aujourd’hui, il s’agit de considérer ces États ibériques comme des espaces politico-administratifs composites, comprenant une métropole et des outre-mers, dans lesquels les parties sont indissociables et interagissent constamment. Notre perspective, externaliste et croisée, considère la relation métropole/colonies au coeur de toute analyse, et rompt avec des traditions historiographiques nationalistes qui relèguent les outre-mers à quantité négligeable.

Sur un plan migratoire, économique et social, culturel et intellectuel, on connaît la force des liens puissants et persistants qui irriguent les espaces ibériques aux XIXe et XXe siècles. Si l’on peut désormais affirmer, grâce à des travaux novateurs, que bon nombre de problèmes politiques coloniaux et les métropolitains marchent à l’unisson (l’anarchisme, la question de l’esclavage et celle du travail par exemple), il reste que celui de la construction de l’État, pourtant central, a été encore peu traité.

Or, nous pensons que, pour une partie non négligeable de l’opinion publique et d’une partie importante des élites, la réalité politique impériale était aussi prégnante que la réalité nationale. Selon Josep Ma Fradera, l’étude des empires ibériques est celle des premiers empires « modernes » de l’histoire, qu’elle est celle des systèmes institutionnels et administratifs qui contrôlent de très importantes populations et d’amples territoires et qui mettent en oeuvre des solutions étatiques originales, ensuite imitées par les grands empires coloniaux de la fin du XIXe siècle. En abordant la question du renouveau des États impériaux ibériques, le projet entend non seulement révéler les trames et les fortes interconnections entre métropoles et outre-mer mais aussi révéler les logiques qui président aux circulations qui animent ces réseaux. Il vise enfin à montrer la vigueur de modes d’organisation des pouvoirs qui perdurent au-delà des indépendances. Ainsi, la célèbre recommandation de Theda Skocpol, Bringing the state back in, qui appelait notamment à la multiplication des études historico-comparatives trouvera là un terrain de prédilection.

Coordination du projet

Stéphane MICHONNEAU (LA CASA DE VELAZQUEZ) – stephane.michonneau@cvz.es

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CMMC UNIVERSITE DE NICE - SOPHIA ANTIPOLIS
CHEC UNIVERSITE BLAISE PASCAL - CLERMONT-FERRAND II
CVZ LA CASA DE VELAZQUEZ
SPH UNIVERSITE DE BORDEAUX III

Aide de l'ANR 236 599 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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