Creation - La création : processus, acteurs, objets, contextes

Rôle de la perception tactile dans le processus de création en protohistoire – ToucherCréer

Résumé de soumission

Ce projet vise à analyser le rôle de la perception tactile durant la création des produits artisanaux protohistoriques. Si dans le monde occidental depuis la Renaissance le toucher occupe le rang le plus bas dans l’échelle des sens (Le Breton 2006, p. 175-243, Classen 2005.), il est au cœur de l’univers sensoriel antique. La réalisation des objets manufacturés, selon Aristote, n’est que l’expression de notre croyance en la solidité de la matière et en la véracité du toucher (Œuvres Morales, I, 34, 1197a, 4-13) tandis que l’acuité tactile est signe de l’intelligence (De l’âme II, 9, 421a 19-26). Nos travaux sur les techniques de polissage protohistoriques dans les Cyclades, fondée sur une analyse pluridisciplinaire des états de surfaces qui a associé la tribologie (Sciences de l’usure et du frottement) et l’archéologie, nous ont conduits à avancer que les artisans protohistoriques mobilisaient des critères haptiques pour apprécier le degré de lissage des objets et que le processus d’apprentissage et de transmission mobilisait des habiletés sensorielles (Procopiou et. al. 2009). En tirant profit d’une méthodologie que nous avons déjà élaborée et testée, nous souhaitons à présent élargir notre terrain d’étude à d’autres contextes archéologiques mais aussi à des contextes ethnographiques. En Inde, par exemple, un artisanat lapidaire traditionnel, aujourd’hui menacé par la mécanisation des procédés techniques, subsiste encore. A travers ces applications, nous tenterons d’une part de tracer l’évolution de la perception tactile et de son rôle dans la création, d’autre part de mettre en évidence des constantes transculturelles, liées aux habiletés et aux processus cognitifs mobilisés par les créateurs. Ce travail souhaite ainsi contribuer à réhabiliter la transmission des savoirs par le toucher qui, longtemps délaissée dans les systèmes éducatifs occidentaux, commence à être reconsidérée grâce à des travaux de psychologie cognitive. Il souhaite aussi revitaliser des techniques de finition aujourd’hui disparues, qui, comme en témoignent les objets archéologiques, produisent des polis qui n’ont rien à envier aux polis industriels actuels, tout en utilisant des abrasifs naturels respectueux de l’environnement. Il vise enfin à un renouvellement muséographique en proposant une perception sensorielle des œuvres par le public, à travers la manipulation de reproductions d’objets archéologiques.

Coordination du projet

HARIS PROCOPIOU (CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR OUEST ET NORD) – Haris.Procopiou@univ-paris1.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LTDS-ECL ECOLE CENTRALE DE LYON
ArScAn-CNRS CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR OUEST ET NORD

Aide de l'ANR 239 998 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter