Les grands réseaux techniques en démocratie: innovation, usages et groupes impliqués dans la longue durée (France et Europe, fin du XIXe-début du XXIe s.) – RESENDEM

Les grands réseaux techniques apparaissent comme des axes structurants des sociétés industrielles depuis un siècle et demi. Après une première phase de croissance presque exubérante suivie d’une période de relative stabilité et de consolidation ces réseaux connaissent depuis le dernier tiers du XX° siècle une nouvelle période de changement radical. Plus globalement, et de manière qu’il conviendrait sans doute de nuancer, notre société apparaît de manière croissante comme dépendante des grands systèmes techniques. Ces mutations se déroulent au cœur même d’une société où les formes d’expression et les processus de décisions relatifs à la science et la technologie connaissent conjointement des mutations profondes. A partir de ce constat, notre projet entend reconsidérer l’histoire de trois secteurs — l’énergie électrique, le téléphone et l’automobile — dans la longue durée, à partir de nouveaux questionnements, construits en nous appuyant sur les avancées récentes de la sociologie des sciences et des techniques. Les problématiques construites autour du termes de « démocratie technique », bien évidemment discutées et croisées aux approches complémentaires nous paraissent en effet opératoires pour, comme nous y invite l’appel à projet, « déplacer les regards et les approches » à partir d’acquis que les équipes mobilisées ont partiellement contribué à construire. Il sera ainsi possible de mettre en lumière selon des angles originaux le rapport à la technique en étudiant de manière spécifique les organisations qui se sont construites autour du processus d’innovation, qu’elles réunissent des usagers ou bien des concepteurs d’innovation (individus ou personnes morales réunies en organisations collective). Elles forment ce que nous dénommerons des « groupes impliqués » dont l’histoire éclairera sous un angle nouveau la question cruciale de l’articulation des grands systèmes techniques à la démocratie. Le choix de ce terme ne s’inscrit pas dans une logique de modélisation ou de théorisation. Il est destiné à faire converger la recherche autour d’une catégorie d’acteurs dans sa phase empirique. Elle s’appuie, sans les recouper exactement, aux notions de « groupes concernés », de « stakeholders » ou bien encore de porteurs d’enjeux qui ne pouvant être directement transcrites dans la longue durée sont collectivement convoquées pour mettre à jour, cerner et analyser des groupes d’individus et de personnes morales organisés pour agir dans le cadre d’une co-construction des grand systèmes techniques.