DYnamiques Citadines Collectives : Hétérogénéités Spatiales et Individuelles – DYXI

Ce projet de recherche fondamentale, mené par une équipe inter disciplinaire, utilise des techniques de modélisation de systèmes complexes dans l'étude des interactions sociales et spatiales en contexte urbain : il s'agit de repérer, expliquer, anticiper des patterns (statiques ou dynamiques) macroscopiques qui émergent lorsque le comportement de chaque individu est non seulement dépendant de facteurs idosyncratiques, mais aussi influencé par « les autres ». Si l'objectif principal de ce travail est d'expliquer les phénomènes sociaux qui influent sur les dynamiques de ségrégation urbaine, trois objets majeurs sont étudiés, à savoir les prix du logement, la carte scolaire et la délinquance, tous trois pris comme mesures de l'inégalité sociale et spatiale. Les modèles seront construits à partir de l'analyse de données empiriques, et feront appel à des techniques de la physique statistique des systèmes désordonnés, à de la dynamique des populations, et à l'approche multi-agents. Concernant le thème de la « ségrégation urbaine et logement », l'objectif est d'expliquer l'influence de la ségrégation sociale sur la formation des prix des logements urbains, en prenant en compte l'hétérogénéité des individus et la dynamique de leurs interactions. Nous intégrerons dans des modèles inspirés de la physique statistique non seulement les écarts de revenus des populations mais aussi la dynamique des prix des logements. Nous ferons l'hypothèse que le prix d'un logement est lié à ses caractéristiques propres, mais aussi à ce que nous pourrions appeler ses caractéristiques de voisinage et qui peuvent évoluer. Par la prise en compte explicite de ces effets, nous expliquerons les mécanismes d'évolution d'un quartier, et mettrons en évidence sous quelles conditions émergeront des équilibres mixtes (mixité sociale), ou des équilibres séparateurs (lieux distincts de « gentrification » et de paupérisation). En ce qui concerne le thème de la ségrégation scolaire, l'originalité de notre proposition réside dans l'appréhension du contexte dans lequel se trouve et l'élève et l'établissement, et ce à plusieurs échelles. L'ambition est ici de rendre compte des effets de rétroaction entre les comportements des élèves et la dynamique du contexte dans lequel il va à l'école. Il s'agira de modéliser les pratiques de placement scolaire des familles à l'aide d'un système multi-agents, en s'appuyant sur les données et l'expertise des sociologues et géographes. Le modèle permettra de tester, à l'aide de simulations, l'effet de la disparition de la carte scolaire sur l'hétérogénéité sociale et scolaire. Les objectifs majeurs sont de mieux comprendre les logiques à l'œuvre dans le choix scolaire, en prenant en compte les différentes hétérogénéités, d'évaluer les inégalités sociales et spatiales d'accès à l'instruction et leurs dynamiques, puis de prévoir les grandes tendances de la division sociale de l'espace scolaire francilien. En ce qui concerne le thème « incivilités et criminalité », nous apporterons un effort de modélisation à un domaine qui manque de travaux en la matière. Un premier travail concernera l'élaboration d'une base de données originales. Nous modéliserons ensuite le crime en termes économiques avec une application directe à la criminalité des jeunes en milieu urbain. On considèrera enfin les aspects théoriques de la criminalité comme la possibilité d'une approche en terme épidémiologique avec analyse de la dynamique et la caractérisation des fluctuations du taux de criminalité. Il s'agira d'identifier et rendre compte de patterns temporels et/ou spatiaux, en travaillant d'une part sur des données empiriques concernant la Ville de Paris, d'autre part sur des données permettant de comparer les évolutions de la criminalité dans les différents pays occidentaux.