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LA SILICOSE ET LES MALADIES DE L'AMIANTE EN FRANCE ET AU JAPON ; CARTOGRAPHIE, SOCIOLOGIE, HISTOIRE ET REFLEXION ETHIQUE – SMAFJ

Résumé de soumission

La question de la relative invisibilité des maladies professionnelles est un enjeu de santé publique de premier plan, comme le scandale de l'amiante l'illustre de façon particulièrement tragique. Ce projet se propose de mener une réflexion de vaste ampleur sur les causes de cette invisibilité en s'attachant au cas des maladies qui furent les deux grandes tueuses du travail au vingtième siècle et qui le restent aujourd'hui encore : la silicose et les pathologies liées à l'amiante (asbestose, plaques pleurales, mésothéliome et autres cancers du poumon). Le cas de l'amiante ne se limite pas seulement aux expositions sur le lieu de travail, mais concerne également des expositions hors travail, dites environnementales. Ces dernières sont d'ailleurs souvent à l'origine d'une prise de conscience plus forte et de la transformation d'un problème technique jusque là réservé aux experts de santé au travail en une véritable affaire nationale hautement médiatisée, autour de 1994-96 dans le cas de la France, très exactement dix ans plus tard au Japon. La notion de maladies industrielles nous sert à articuler cette relation entre expositions sur le lieu de travail et victimes environnementales sur un continuum qui redonne tout son sens aux experts de santé au travail. Ils n'ont plus seulement pour mission la veille sanitaire et la prévention de la communauté des travailleurs mais aussi, plus largement, d'assurer une politique de prévention qui traite en amont, de manière résolument anticipative, les risques industriels sur la santé publique. Premièrement, il s'agira de mener une analyse historique sur la difficulté que rencontra la silicose pour être d'abord reconnue comme maladie professionnelle puis pour être appréhendée dans sa véritable ampleur. On peut en effet émettre l'hypothèse que, par de nombreux aspects, le traitement institutionnel de la silicose a constitué la matrice de celui qui a été ensuite appliqué à l'autre grande forme de pneumoconiose qu'est l'asbestose. Deuxièmement, il s'agira de comparer, au prisme de la sociologie, d'une part la situation spécifique en France et au Japon de l'amiante au sein des systèmes de reconnaissance en maladies professionnelles, et, d'autre part la viabilité financière et éthique possible des fonds d'indemnisation des victimes environnementales. La sociologie des mobilisations et des mouvements sociaux sera convoquée pour comparer ce que, dans chacun des deux pays, la dialectique entre les mouvements citoyens et les syndicats d'une part, l'Etat et les entreprises d'autre part, a contribué à débloquer comme verrous institutionnels, notamment à travers les nombreux procès en cours ou déjà clos, mais aussi, à l'inverse, ce que cette relative sur-visibilité de l'amiante tend à masquer en termes de reconnaissance pour l'ensemble des maladies industrielles. Enfin parallèlement à cette socio-histoire comparée de l'amiante et de la silicose dans le cas de la France et du Japon, le projet se propose d'établir une cartographie des principaux lieux d'usage et de production de la silice et de l'amiante, puis de superposer cette cartographie à une cartographie épidémiologique à partir des données existantes au niveau national. Une cartographie plus fine sera établie au niveau local, notamment en Seine-Saint-Denis (programme GISCOP) et dans la région de Kôbe-Osaka, à travers une localisation des victimes connues. Des entretiens individuels avec celles-ci auront pour but de comprendre les différences, les interactions, voire les éventuels conflits d'intérêt entre victimes d'expositions professionnelles et victimes environnementales. Nos partenaires japonais apporteront en outre une réflexion sur les enjeux éthiques de cette histoire de l'amiante, notamment par rapport au principe de précaution pour d'autres risques industriels éventuels, et dans un contexte de mise en place d'un fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante qui tend à s'inspirer de celui existant en France, ce qui n'est pas sans poser de no

Coordination du projet

Paul JOBIN (CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR PARIS A)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR PARIS A

Aide de l'ANR 133 959 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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