Les appuis sociaux de l'entrepreneuriat – ASE

1- contexte scientifique et objectifs du projet 2- description du projet, méthodologie 3- résultats attendus L'entrepreneuriat est une activité sociale. Les entrepreneurs n'apparaissent pas mécaniquement dans des entreprises en réponse à l'existence de niches de marché disponibles, pas plus qu'ils n'agissent selon des logiques économiques implacables. Ces acteurs sociaux ont des projets de vie, des contraintes familiales, des relations sociales, des engagements de toutes sortes. Ils sont équipés par des dispositifs matériels et juridiques, soutenus par des politiques publiques. Le questionnement transversal porte sur les appuis sociaux de l'entrepreneuriat : il ne s'agit pas seulement de décrire des ressources (par une approche sociologique) mais de montrer que la diversité de ces appuis est de nature à décrire le travail entrepreneurial et à expliquer sa possibilité (voire expliquer la possibilité du profit). En sortant d'une vision individualiste de l'entrepreneur pour en montrer la nature intrinsèquement instituée et collective, on s'attachera à identifier des appuis qui peuvent être des collectifs dans lesquels les entrepreneurs sont impliqués (des sphères d'activités, des mondes) des relations entre individus ou entre organisations, des dispositifs (juridiques, techniques, organisationnels…). Certains de ces appuis sont locaux, d'autres se déploient dans des espaces plus vastes. Certains sont très spécialisés, d'autres plus génériques. Ceci justifie la variété des terrains (entrepreneurs innovateurs créateurs d'entreprise, dispositifs d'aide à la création, appuis familiaux, consultants, footballeurs) et le recours à la comparaison (des objets — innovateurs, footballeurs, consultants, indépendants — ; des terrains —France, Chine, Mexique, Roumanie). L'entrepreneur est moins une individualité héroïque qu'un carrefour où sont engagés, par des dispositifs sociaux, des ressources, des équipements (cognitifs, juridiques) et des appuis sociaux, et des mondes sociaux, pour réaliser un profit. A travers quatre axes de recherche, le programme ASE entend articuler plusieurs opérations de recherche empiriques, croisant des laboratoires et un séminaire destiné à produire de la cumulativité et de la structuration intellectuelle collective. Nous espérons pouvoir répondre grâce aux résultats attendus de ces recherches aux enjeux du débat social et des politiques publiques sur ces questions. Axe 1 : L'entrepreneuriat : entre autonomisation des dispositifs et construction de soi. Axe 2 : Entrepreneurs innovateurs et dispositifs d'appui vers l'indépendance. Axe 3 : Indépendance professionnelle, genre et familles : de la mobilisation à la dé-superposition des sphères. Axe 4 : Transition vers l'économie de marché et développement de l'entrepreneuriat (Chine, Mexique, Roumanie). Méthodologie : entretiens sociologiques, analyses statistiques, observations et ethnographie. Séminaire : L'entrepreneuriat dans les sociétés contemporaines : approches croisées. Résultats attendus : Les politiques publiques d'accompagnement de l'activité entrepreneuriale sont, pour l'essentiel, construites en référence à la figure de l'entrepreneur individuel, plus ou moins isolé, porteur d'un projet, qu'il faut aider à rendre cohérent et performant. Cette recherche devrait montrer l'importance qu'il y a à prendre en compte la pluralité des situations entrepreneuriales, ce qui justifierait une diversification des dispositifs de soutien. En particulier, le projet permettra d'évaluer l'ensemble des appuis de l'activité entrepreneuriale, qui ne se réduisent pas aux dispositifs publics ou aux acteurs du marché, mais font également intervenir des relations sociales et la mobilisation de collectifs. Le projet permettra de comprendre la façon dont les divers types d'appuis s'articulent dans les situations concrètes. Cette recherche, parce qu'elle s'efforcera de rendre compte de la diversité des situations des acteurs engagés dans des activités entrepreneuriales (chômeurs, salariés, salariés conjoints, indépendants, retraités), devrait permettre de proposer des politiques moins orientées vers la prise en charge totale de tel ou tel aspect de l'activité entrepreneuriale que vers l'amplification des ressources auxquelles les entrepreneurs peuvent accéder par eux-mêmes. Les comparaisons internationales permettront non seulement de mieux caractériser les singularités du contexte français et de comparer les dispositifs d'accompagnement existant dans les autres pays étudiés, mais aussi de prendre la mesure de la globalité de la valorisation de l'entrepreneuriat comme figure du rapport entre l'activité productive et l'individualisation des personnes.