LOGIQUES ET DYNAMIQUES SOCIOLOGIQUES ET ECONOMIQUES DES NANOSCIENCES ET NANOTECHNOLOGIES – LODYSENANO

1- Contexte scientifique et objectifs du projet Les nanosciences et nanotechnologies (NS/T) recouvrent des domaines d'activités prometteurs qui exigeraient de transformer l'organisation du travail scientifique et du développement technologique. Pour soutenir les perspectives d'innovation annoncées, les acteurs publics et privés seraient entraînés dans de nouvelles stratégies de développement et dans la transformation de leurs pratiques de travail et d'organisation. Or, jusqu'à ce jour, les programmes de recherche engagés dans les sciences économiques et sociales portent leur attention seulement sur les politiques publiques de recherche, la réception des NT par le public, la constitution de « nanodisctricts ». Les projets qui s'efforcent de comprendre, de manière symétrique, les logiques et les dynamiques des acteurs et la transformation de leurs organisations sont encore rares. Sur ce point, le projet entend apporter une contribution significative. L'objectif est de produire une connaissance ancrée dans l'étude rapprochée des pratiques et des stratégies des acteurs scientifiques et industriels, plutôt que de partir de considérations macroscopiques. 2- description du projet, méthodologie Le projet LODYSENANO rassemble des sociologues et des économistes dans une enquête destinée à analyser les dynamiques à l'œuvre. La question est la suivante : comment s'organisent les acteurs qui investissent dans les NS et NT ? Quelles sont leurs logiques d'action et dynamiques ? Nous faisons l'hypothèse que ces dynamiques résultent des stratégies, actions et interactions entre ces acteurs plus que d'une loi d'évolution technologique ou économique. La question de départ sera déclinée en deux volets, relevant de nos disciplines respectives, entre lesquels nous cherchons à développer les synergies, en particulier en symétrisant les questionnements. Sur le plan méthodologique, le projet combine des approches visant toutes à saisir les acteurs et leurs organisations au plus prêt. Il s'agira d'articuler ethnographies de laboratoires, entretiens qualitatifs, enquêtes par questionnaires et analyses scientométriques et technométriques. L'enquête ethnographique portera sur la situation privilégiée que constitue l'espace grenoblois, où les investissements publics et privés et la création de nouvelles structures institutionnelles se présentent comme « exemplaires ». L'ensemble des analyses portera sur les choix et stratégies des acteurs, leurs enjeux et critères d'évaluation de l'action et des risques, les normes d'action, les alliances, la transformation des pratiques et organisations. Elles caractériseront les reconfigurations organisationnelles de l'action (scientifique et industrielle) et modéliseront les trajectoires technologiques et socio-économiques, notamment par le recours à la théorie des jeux et à la simulation de modèles multi-agents. Il s'agira, pour commencer, d'établir ensemble, avec les outils de chaque discipline, un panorama analytique permettant de comprendre le contexte, les réseaux et paramètres qui conditionnent cette (r)évolution scientifique et technologique. Pour l'économie, cette première phase se décline en deux moments : d'abord, utiliser les données sur les publications et sur les brevets pour établir l'identité « technique » des organisations agissant dans le domaine des NT et, ensuite, mettre en correspondance les types d'innovation, de trajectoires et de coopérations qui les caractérisent. Le volet sociologique de l'enquête visera, en même temps, à analyser les formes et logiques de l'engagement des acteurs de la recherche, l'hybridation des collectifs de travail, les carrières individuelles. Cet éclairage sur les pratiques sera complété par les résultats de l'enquête économique sur les options stratégiques qui s'offrent aux organisations et institutions engagées dans le développement des NS/T et ceux d'une réflexion sur leurs enjeux en termes de chaînes de valeur. Le projet suppose de développer des a