Construire le politique: figures du leadership et sociétés partisanes au Moyen-Orient – Politique MO

Ce projet a pour objectif principal de poser les bases d'une réflexion renouvelée sur les fondements et les modalités de la pratique et du lien politiques au Moyen-Orient. Une relecture des concepts usuellement employés pour décrire et analyser les formes de la mobilisation et du pouvoir politique apparaît aujourd'hui nécessaire à la lumière des apories du sens commun, voire d'une partie des sciences sociales, quant à la compréhension du fait politique dans cette région du monde. L'originalité de ce programme repose sur la méthodologie élaborée pour l'analyse du lien politique : l'étude combinée de rituels et de modes de sociabilité propres aux « sociétés partisanes » et des figures du leadership autour desquelles elles se construisent. Ces phénomènes ont souvent été étudiés de manière dispersée voire anecdotique alors qu'ils méritent un travail d'analyse systématique s'appuyant sur des enquêtes de type ethnographique. Cette approche sera un apport essentiel du programme. Elle vise en effet à pallier l'indigence des analyses en termes de sociologie et d'anthropologie politiques sur une région qui suscite par ailleurs une inflation d'écrits et de commentaires fondés essentiellement sur l'analyse des discours. La perception des phénomènes politiques au Moyen-Orient est aujourd'hui biaisée par des grilles de lecture, parfois concurrentes, insistant sur la centralité de l'islamisme. Ce programme vise notamment à questionner la supposée singularité des mouvements auxquels on le rattache en les étudiant sur le même plan et selon le même appareil méthodologique que les autres « sociétés partisanes » du Moyen-Orient. De la même manière, le problème du leadership politique sera reconsidéré. 2- description du projet, méthodologie Les organisations politiques au Moyen-Orient se constituent en « sociétés partisanes » par tout un processus de socialisation débutant parfois dès l'enfance, transmis par voie familiale, et par un tissu d'institutions allant des écoles aux mouvements de jeunes. Elles créent en outre leurs modes et rituels de sociabilité à travers la mise en place d'un calendrier commémoratif propre au groupe politique qui ainsi construit et célèbre une histoire singulière. Une symbolique visuelle et dramaturgique se déploie au sein des espaces privés et publics. Elle se compose d'images, de mises en scène du groupe et de ses leaders qui marquent les appartenances et les frontières en érigeant des seuils et en découpant des territoires. La reproduction du lien social au sein du groupe s'opère aussi par les multiples célébrations scandant la vie de ses membres, qui sont ainsi reliés par un ensemble d'échanges et d'obligations. La figure du za'îm cristallise l'affiliation partisane autour du culte de la personnalité. La construction du leadership politique s'est transformé en fonction des changements politiques qui ont redessiné les territoires nationaux et remodelé les structures du pouvoir depuis la fin de l'Empire ottoman. Ainsi, l'apparition de nouveaux mouvements politiques tels que le Parti Syrien National Social et les Phalanges au Liban a fait surgir de nouvelles figures de za'îm dont certaines ont fondé de véritables dynasties familiales. Après les indépendances, ce processus s'est amplifié et a fortement contribué à diversifier les types de leadership au détriment de lignées politiques plus anciennes aujourd'hui sur le déclin. Quels sont les fondements matériels et symboliques de ces différents types d'autorité politique ? Quelles sont les raisons de leur déclin ou de leur pérennité ? Quelles sont les modalités de leur coexistence, confrontation ou alliance ? Voilà quelques unes des questions qui sont à poser pour tenter de saisir la dynamique des relations entre pouvoir politique, groupes et individus et, par ce biais, analyser les formes de « gouvernementalité » et le rapport au politique dans les sociétés concernées. La réalisation de ce programme reposera sur la pratique de l'enquête de terrain de longue d