CE41 - Inégalités, discriminations, migrations

Genre et inégalités de santé dans CONSTANCES : les déterminants sociaux du vieillissement en bonne santé des femmes et des hommes – GINCO

GINCO-Genre et inégalités de santé dans la cohorte CONSTANCES

Déterminants sociaux du vieillissement en bonne santé des femmes et des hommes.<br /><br />Le projet Ginco s’intéresse aux déterminants, à la croisée des sphères professionnelles, sociales et familiales. En mobilisant les données de la cohorte CONSTANCES, il s’appuie sur une approche parcours de vie des déterminants de la santé. Il a pour but de suggérer des leviers d’action, notamment par les politiques publiques, pour améliorer les chances de vieillir en bonne santé et réduire les inégalités.

Identifier des chemins d'expositions genrés

La longévité des femmes constitue un enjeu de santé important : si elles vivent plus longtemps que les hommes, leurs années de vie supplémentaires sont principalement des années de mauvaise santé et d’incapacités. Ces situations de santé altèrent la qualité de vie et nécessitent souvent une lourde prise en charge.<br /><br />Dans ce contexte, l’écart femmes-hommes interroge tant sur ses causes que sur les circonstances dans lesquelles les incapacités sont vécues. Il apparaît que ces différences relèvent en partie de déterminants sociaux inégalement répartis chez les hommes et les femmes, liés à leurs parcours professionnels, sociaux ou familiaux notoirement différents. Toutefois, la littérature donne un aperçu riche mais morcelé des chemins d’expositions, au fil de ces parcours, pour expliquer les différences de santé entre femmes et hommes.<br /><br />GINCO propose une approche holistique de ces différences de santé, à partir de la base de données issue de la cohorte CONSTANCES. Elle permettra de construire des indicateurs reflétant les différentes dimensions de la santé (du fonctionnement biologique aux incapacités) emblématiques des différences femmes-hommes.<br /><br />L’objectif est de pointer où se logent les différences, puis de mettre en lumière des chemins d’exposition qui pourraient les expliquer. Nous souhaitons identifier des déterminants sociaux à la croisée des parcours professionnels, sociaux et familiaux ; nous supposons qu’il existe des circonstances (conditions de vie, métiers, situation familiale) pouvant modifier ces chemins d’exposition et moduler les risques de santé. Il s’agira au total d’expliquer des différences entre femmes et hommes, mais aussi parmi les femmes et parmi les hommes (Figure 1).<br /><br />Les données de la cohorte CONSTANCES vont permettre de déployer une stratégie d’analyse adaptée : (1) en disposant de données de santé de différentes natures (déclaratives, administratives, biomédicales...) abordant différentes dimensions (fonctionnement biologique, maladies, incapacités) ; (2) en suivant les individus dans le temps ; (3) en disposant de données sur les conditions de vie, l’origine sociale, et les parcours professionnels ; (4) sur un échantillon de très grande taille (220 000 volontaires) permettant d’affiner les catégories pour identifier des circonstances plus ou moins favorables à la santé, en lien avec des parcours. Céline Ribet, référent-suivi du projet GINCO, fait le lien avec les membres de l’équipe CONSTANCES, Inserm, Université de Paris, Université Paris Saclay, UVSQ participe à GINCO afin d’avoir une mobilisation optimale de ces données riches et complexes.

Nous mobilisons les données de la cohorte CONSTANCE. Nous concentrerons sur les plus de 45 ans, âges auxquels les indicateurs de santé fonctionnelle sont disponibles. L’échantillon a été tiré dans la base de données de l’assurance maladie et les individus ont été invités à se rendre dans un centre d’examen de santé de l’assurance maladie.

1. Nous établirons les différences femmes-hommes face aux maladies et incapacités à partir d’indicateurs de prévalences, d’espérances de vie sans incapacité et d’incidence (vagues quinquennales) et nous les analyserons les différences à partir de modèles multivariés (facteurs de risques, indicateurs sociaux) et de techniques de décomposition. Nous nous intéresserons aux maladies musculo-squelettiques, anxio-dépressives et cardiovasculaires, dont on suppose un lien marqué avec les facteurs de risques sociaux.

2. En lien avec les maladies, femmes et hommes se distinguent par leur fonctionnement biologique face à des facteurs de risque. Les expositions tout au long des parcours affectent ce fonctionnement biologique, entre autres par la réaction à des tensions (économiques, organisationnelles, relationnelles) stressant notamment les fonctions cardiovasculaires. À partir des prélèvements sanguin et urinaire, des indicateurs biologiques seront construits en identifiant les seuils adéquats, et seront reliés aux maladies chroniques et aux incapacités.

3. Nous chercherons à identifier des situations critiques et des chemins d’exposition, possiblement genrés. Les carrières professionnelles exposent différemment femmes et hommes à des risques de santé : conditions de travail pathogènes et caractéristiques des carrières (peu qualifiée, discontinues, faible progression). Il s’agira de construire des typologies de parcours et de situations sociales associant carrières et histoires familiales. Nous analyserons les maladies chroniques, incapacités et biomarqueurs au prisme de ces typologies et des différences de genre.

4. Nous évaluerons un possible effet protecteur des politiques familiales pour la santé des femmes et des hommes. Les politiques familiales notamment (congés maternité, parentaux, mode de garde, prestation pour parent isolé) jouent un rôle crucial sur les conditions de vie et de retour à l’emploi des femmes et dans leurs parcours. Alors que des études ont pointé un effet négatif sur la carrière, nous souhaitons en mesurer l’effet sur la santé. Nous utiliserons une méthode quasi-expérimentale déjà éprouvée sur les données de CONSTANCES.

5. Nous porterons une réflexion collective sur la mesure de situations sociales critiques, pour compléter les indicateurs classiques (profession, diplômes, structure du ménage), à la croisée des sphères professionnelles et familiales, sources de tensions organisationnelles et économiques. Nous proposerons des pistes pour faire évoluer les questionnaires dans le but d’améliorer la collecte de données sur ces thèmes.

• Coordination L'équipe INED
-Organisation des réunions de projet (Paris et visio – 12/10/2020 ; Paris et visio - 21/10/21) ; d'un atelier sur les données (Toulouse et visio – 16/02/2022)
-Ouverture du site internet bilingue du projet (https://ginco.site.ined.fr/)

• Axe 1. INED - Différences en matière de maladies et incapacités.
-Recrutement en octobre 2021 de Mira Rahal pour une thèse co-encadrée par Emmanuelle Cambois et Pierre-Yves Geoffard (PSE), financée sur le projet GENDHI et son travail est à l'articulation des deux projets. Elle est actuellement en charge de la construction des indicateurs de santé pour comparer l'état de santé des femmes et des hommes

• Axe 2. INSERM-CHU Toulouse, «Biomarqueurs et santé«.
-Hélène Colineaux (médecin de santé publique & membre de leur équipe) a été recrutée dans le cadre d'une thèse sur le genre et les biomarqueurs dirigée par Michelle Kelly-Irving et Benoit Lapage. Elle est financée sur le projet GINCO. Elle a effectué une revue de littérature pour construire un cadre d'analyse (article soumis), et a entamé la prise en main des données. Elle a exploré les données biologiques et a construit différents indicateurs du score de charge allostatique : elle en teste les propriétés en fonction d’autres variables.

• Axe 3. INED «santé et trajectoires«.
-Constance Beaufils (doctorante codirigée par Emmanuelle Cambois) bénéficie d'un financement GINCO pour terminer son doctorat en travaillant à la construction d'indicateurs de carrière dans CONSTANCES. Elle a (1) exploré les données de parcours professionnels, reconstitué les carrières, créé des indicateurs et typologies ; (2) exploré les expositions professionnelles, créé des indicateurs d'exposition. Elle a analysé pour sa thèse les parcours d'inactivité professionnelle des femmes en lien avec des indicateurs agrégés de santé (un chapitre de thèse, deux communications et un article en cours de préparation) ainsi que les liens entre expositions professionnelles, parcours d'inactivité des femmes et santé (un chapitre de thèse prévu, une communication).

• Axe 4. Harvard/LSHT/Unil Approche «quasi-expérimentale« sur l'effet de l'APE sur carrières/santé
-Organisation du calendrier de travail.
-Accueil (2 mois) à la LSHT de Constance Beaufils –Avril-Mai 2022
-Réunion de travail à la LSHT planifiée en avril 2022
-Recrutement d'un·e post-doc pour 18 mois planifié à la fin de l'année 2022 ou début 2023

• Axe 5. INED «mesure des configurations sociales / famille-travail«
-Dans le prolongement d'un projet «cousin« WELLWAYS, aujourd'hui achevé, Anna Barbuscia post-doctorante a initié un travail d'analyse sur les naissances «non prévues«. Elle collabore actuellement au projet GINCO pour lequel elle affine le repérage des naissances dans la cohorte, pour reconstituer l'histoire génésique, à partir du questionnaire «Femmes« et des événements entre les vagues de suivi.

Si certaines des catégories sociales critiques que nous identifierons s’avèrent aujourd’hui encore plus fréquentes chez les femmes, elles pourraient être redistribuées au fil des générations qui verront évoluer les con-figurations familiales et les parcours professionnels. Ces catégories renouvelleront alors plus généralement la compréhension des inégalités sociales de santé. Notre projet vise à enrichir les connaissances sur l’impact de parcours de vie lié en partie à une organisation sociale genrée et sur les bénéfices pour la santé de politiques sociales dans le domaine.

aucune à ce stade

CONTEXTE: La longévité des femmes constitue un enjeu de santé important : si elles vivent plus longtemps que les hommes, leurs années de vie supplémentaires sont principalement des années de mauvaise santé et d’incapacités. Ces situations de santé altèrent la qualité de vie et nécessitent souvent une lourde prise en charge. Dans ce contexte, l’écart femmes-hommes interroge tant sur ses causes que sur les circonstances dans lesquelles les incapacités sont vécues. Il apparaît que ces différences relèvent en partie de déterminants sociaux inégalement répartis chez les hommes et les femmes, liés à leurs parcours professionnels, sociaux ou familiaux notoirement différents. Toutefois, la littérature donne un aperçu riche mais morcelé des chemins d’exposition, au fil de ces parcours, pour expliquer les différences de santé entre femmes et hommes.

OBJECTIFS. Notre projet propose de développer une approche holistique de ces différences, à partir d’une nouvelle base de données, la cohorte CONSTANCES. Elle permettra de construire des indicateurs reflétant les différentes dimensions de la santé (du fonctionnement biologique aux incapacités) emblématiques des différences femmes-hommes. L’objectif est de pointer où se logent les différences, puis de mettre en lumière des chemins d’exposition qui pourraient les expliquer. Nous souhaitons identifier des déterminants sociaux à la croisée des parcours professionnels, sociaux et familiaux ; nous supposons qu’il existe des circonstances (conditions de vie, métiers, situation familiale) pouvant modifier ces chemins d’exposition et moduler les risques de santé. Il s’agira au total d’expliquer des différences entre femmes et hommes, mais aussi parmi les femmes et parmi les hommes.

MÉTHODES. Le projet s’appuie sur cinq tâches construites autour des données de CONSTANCES. Nous travaillerons sur l’échantillon des 45 ans ou plus (n=81 400 personnes fin 2018). Différentes méthodes seront déployées pour 1) Préciser les différences femmes-hommes face à certaines maladies et incapacités (à partir des prévalences, espérances de vie sans incapacité) ; 2) Qualifier les différences de fonctionnement biologique et fournir un tableau clinique et fonctionnel pour analyser les différences, en lien avec la Tâche 1 ; 3) Éclairer des chemins d’exposition contribuant aux différences de santé établies dans les Tâches 1-2, et liés à des situations critiques des histoires professionnelles, familiales et sociales (sur la base d'indicateurs composites d’expositions stressantes ; méthodes d’analyses multivariées et imbriquées, de typologies des parcours et d’analyses de séquences ; équations structurelles des liens avec les parcours). 4) Porter une approche quasi-expérimentale pour analyser si la réforme du congé parentale APE en France - qui a accru les périodes d’inactivité avec un effet mitigé sur les carrières des mères - a eu un effet à plus long terme sur leur santé (avec la méthode des doubles différences). 5) Porter une réflexion collective sur les limites des mesures de situations sociales et familiales critiques dans les enquêtes.

PERSPECTIVES. Notre projet implique cinq équipes pluridisciplinaires françaises et étrangères, rassemblant des chercheurs travaillant de longue date dans le champ des parcours de vie et/ou des déterminants sociaux de la santé. Il s’appuiera sur cette expertise et sur ces nouvelles données de santé : nous souhaitons éclairer la problématique des différences de genre en santé par la prise en compte d’expositions liées à des parcours de vie genrés. Ce projet vise plus généralement à élargir le champ des déterminants sociaux de la santé à l’intersection des sphères professionnelle et familiale, en envisageant notamment de politiques publiques. Ce faisant, ce projet vise à élargir aussi le champ des leviers d’action pour améliorer l’état de santé de la population en général et, potentiellement, réduire les différences de santé entre groupes de population.

Coordination du projet

Emmanuelle CAMBOIS (INED - Démographie économique)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Ined - Démo éco INED - Démographie économique
INSERM - LEASP Epidémiologie et analyses en santé publique : risques, maladies chroniques et handicaps
KCL King's College / Department of Global Health & Social Medicine
HCPDS Harvard / Harvard Center for Population and Development Studies

Aide de l'ANR 368 445 euros
Début et durée du projet scientifique : mai 2020 - 48 Mois

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