Approches neutres par blocs pour prédire l'effet de la gestion forestière sur la biodiversité au sein des dendromicrohabitats – BloBiForM

Le projet BloBiForM vise à développer une palette d'outils pour évaluer les effets des choix d'aménagement d'un massif forestier sur la biodiversité.

Nous nous intéressons aux organismes inféodés aux "dendro-microhabitats", des structures singulières des arbres telles que les cavités de tronc. Nous faisons l'hypothèse que la distribution dans le temps et dans l'espace de ces structures est un élément-clé pour la viabilité des populations d’organismes saproxyliques qui en dépendent. En effet, ces derniers doivent en permanence coloniser de nouveaux dendro-microhabitats, au fur et à mesure que ceux qu'ils occupent disparaissent du fait de l'exploitation ou du dépérissement des arbres porteurs. La spatialisation de la gestion forestière à l'échelle du massif pourrait donc avoir un effet fort sur la biodiversité de ces groupes d’espèces, et constituer un levier pour atteindre des objectifs de conservation.

BloBiForM propose de développer une méthodologie et un panel d'outils pour évaluer ce dernier point. L'approche adoptée repose sur le couplage d’une modélisation de la dynamique spatiale d'un type de dendro-microhabitat en forêt gérée, et d’une modélisation de la dynamique des espèces inféodées fondée sur la théorie des métacommunautés. L'exemple de référence repris tout au long du projet est la forêt domaniale de Grésigne, située en France, dans le Tarn (81), où nous proposons d'étudier le réseau spatial des cavités basses de tronc et les espèces de coléoptères et de champignons qui leur sont associées.

L'innovation scientifique centrale du projet consiste en le développement de modèles de métacommunauté inédits, les modèles neutres par blocs, qui cherchent un positionnement intermédiaire entre deux approches classiques des communautés : la théorie neutre de la biodiversité et la théorie de la niche écologique. Ce positionnement vise à concilier les avantages respectifs des deux cadres: la parcimonie et le réalisme. A cette innovation scientifique s'adjoint une innovation technique : l'acquisition de données d'ADN environnemental au sein des cavités basses du massif de Grésigne pour recenser les espèces en présence et calibrer la modélisation de la biodiversité.

Coupler la dynamique des cavités basses à celle des organismes saproxyliques permettra d'évaluer les effets de différentes modalités de mise en œuvre locale de la gestion forestière sur la biodiversité des cavités basses. Nous nous attacherons à inscrire cette évaluation des pratiques locales dans une démarche prospective à plus grande échelle en considérant des scénarios d'évolution des contraintes qui s'exercent sur les gestionnaires publics locaux (niveau de production attendu, cadres nationaux des actions de conservation etc.). Nous serons ainsi à même d’évaluer l'importance relative (i) des évolutions de la stratégie nationale de gestion des forêts et (ii) des choix locaux d’implémentation sur l'état de la biodiversité au sein des cavités basses.

L'approche développée dans le cadre du projet, bien qu'appliquée au cas d'étude précis et documenté du massif de Grésigne, se veut générique et transférable à de nouveaux massifs et types de dendro-microhabitats. Elle vise à définir une méthodologie permettant d'évaluer le potentiel de conservation de la biodiversité des stratégies de gestion forestière à une échelle faisant sens pour la production sylvicole : le massif forestier dans son ensemble. En ce sens, BloBiForM fournira une base nécessaire pour une approche rigoureuse sur le plan écologique des compromis entre production et conservation de la biodiversité.