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Désengagement psychologique et estime de soi : un cycle infernal de décrochage scolaire ? – DISESTEEM

Désengagement psychologique et estime de soi : un cycle infernal de décrochage scolaire ?

Nous étudions 4 prédicteurs potentiels du désengagement scolaire : un contexte familial défavorisé, un traitement défavorable et injuste émanant d’un enseignant ou de pairs, ou toute appartenance à un groupe social défavorisé. Notre objectif est d’abord de montrer que le sentiment de privation relative est un médiateur entre ses principaux prédicteurs et le désengagement scolaire. Ensuite, nous étudierons les conséquences de ce désengagement sur l’estime de soi, les émotions, les performances.

Etude des prédicteurs et des conséquences du désengagement scolaire.

Le projet a pour objectif d’explorer, chez les pré-adolescents, adolescents et jeunes adultes, les prédicteurs et conséquences cognitives, affectives, comportementales et sociales du désengagement scolaire. Plus précisément, il s’agit (1) d’identifier des prédicteurs du désengagement scolaire; (2) d’étudier leurs liens avec l’estime de soi globale et des dimensions spécifiques d’estime de soi en fonction de l’avancée dans l’adolescence; (3) d’étudier leurs liens avec d’autres processus psychologiques susceptibles de médiatiser les effets du désengagement sur l’estime de soi (buts de performances évitement, perception de contrôle, identification groupale); (4) d’étudier leurs effets sur l’apprentissage; et (5) d’examiner des pistes d’action pour prévenir le désengagement scolaire. De plus, une attention particulière est portée aux élèves de milieux défavorisés davantage susceptibles de se désengager de l’école en raison des stéréotypes scolaires négatifs associés à leur groupe. Les résultats de ce projet devraient permettre de contribuer au débat actuel sur la prévention du décrochage scolaire.

L’axe A a pour objectif de tester à l’adolescence le modèle théorique du désengagement scolaire proposé dans notre projet. Les études A-1 et A2 testent de façon corrélationnelle les étapes de ce modèle, à savoir les liens entre le sentiment de privation relative, le désengagement psychologique, l’estime de soi (ES), les émotions et les performances cognitives, en fonction de l’âge des collégiens. Dans l’étude A-3, nous testons les mêmes liens que dans les études A-1 et A-2, mais avec un design expérimental dans lequel le sentiment de privation relative est induit. Nous menons en parallèle une revue de la littérature sur les sources qui peuvent générer du sentiment de privation relative ou à l’inverse alimenter la perception de soutien social qui favorise l’engagement scolaire. L’étude A 4 a pour objectif de tester de manière corrélationnelle ces principales sources du soutien social.
L’axe B teste les modérateurs du processus de désengagement scolaire en fonction du statut socio-économique des élèves: les buts de performance-évitement (étude expérimentale B-0), la perception des enseignants (études expérimentales B-1 et B-2) et la croyance en la méritocratie scolaire (études B- 4 expérimentale et B-5 corrélationnelle).
L'objectif de l’axe C est de diminuer le désengagement scolaire (1) en réduisant l'impact des stéréotypes intellectuels négatifs par le conditionnement évaluatif ; (2) en testant l’impact des comportements citoyens académiques (CCA) sur l’engagement scolaire des collégiens et étudiants.

Plus les élèves ressentent de la privation relative au sein de leur classe (se sentir moins bons scolairement que leurs camarades et en être mécontents), plus ils discréditent leurs notes, ce qui prédit en retour la dévaluation de l’école (ne plus accorder d’importance à l’école). Le désengagement psychologique dans le domaine scolaire est associé à une baisse d’estime de soi (ES), sauf chez les mi-adolescents qui trouvent de l’approbation sociale en discréditant leurs notes.
L’ES scolaire a un effet positif sur les émotions positives qui ont un effet bénéfique sur les performances de raisonnement. A l’inverse, plus l’ES globale des adolescents est faible, plus ils rapportent ressentir des émotions négatives en lien avec le contexte scolaire. Ces résultats soulignent l’importance de la préservation, voire l’amélioration des estimes de soi scolaire et globale, surtout avec l’avancée en âge au cours de l’adolescence.
De plus, le statut socio-économique (SSE) est un facteur important à prendre en compte lorsque l’on s’intéresse au désengagement scolaire. L’avantage socio-économique des élèves en établissement ordinaire comparativement aux élèves en REP+ leur permettrait de se sentir autorisés à dévaluer l’importance de l’école.
Pour réduire le désengagement scolaire, nous avons montré l’efficacité des comportements citoyens académiques (CCA). Plus les collégiens rapportent des CCA de développement social et plus les étudiants rapportent des CCA (toutes dimensions confondues), plus ils sont engagés sur le plan scolaire et moins ils présentent de désengagement psychologique et comportemental. Chez les étudiants, ces effets sont médiatisés par la satisfaction et (l'absence de) la frustration des besoins motivationnels. En raison de leur impact sur les besoins motivationnels, les CCA pourraient être bénéfiques à divers aspects de l'expérience universitaire des étudiants.

Impact social : Ce projet de recherche permettra de vérifier dans quelle mesure le sentiment de privation relative est la première étape d'un cercle vicieux menant à l'échec scolaire et aboutissant au décrochage scolaire. A l'issue de DISTEEM, nous serons en mesure de préciser quel(s) facteur(s) est (sont) le(s) plus prédictif(s) du désengagement scolaire et si l'estime de soi est affectée. Nous pourrons aussi préciser s’il y a une catégorie d'âge à l'adolescence qui présente plus de risques de désengagement scolaire. Nous pensons qu’identifier le sentiment de privation relative comme un médiateur entre ses principaux prédicteurs et le désengagement scolaire est susceptible de fournir un indicateur de risque de désengagement scolaire. A terme, nous proposerons une série d'actions pour prévenir le cercle vicieux du désengagement de l'école. Ainsi, le travail effectué dans l’axe C sur les comportements citoyens académiques offrira une piste à partager avec les enseignants dans le but de favoriser l'engagement académique des élèves.
DISESTEEM fournira également des données scientifiques valides qui pourront démentir certaines affirmations non fondées sur le rôle de l'estime de soi des élèves à l'école. Comprendre la nature des relations entre l'estime de soi globale, les domaines spécifiques de l'estime de soi, le désengagement scolaire, l'apprentissage scolaire et les performances scolaires est susceptible d'informer les acteurs éducatifs sur l'intérêt (ou non) de se concentrer sur l'estime de soi globale et d'accroître l'efficacité des futures interventions éducatives.
Impact scientifique : Les résultats de ce travail collaboratif seront partagés avec la communauté scientifique par le biais de conférences nationales et internationales et de publications évaluées par les pairs portant sur la psychologie de l'éducation, la psychologie sociale et la psychologie du développement et de la cognition.

-Martinot, D., Beaton, A., Tougas, F., Redersdorff, S., & Rinfret, N. (2020). Links between psychological disengagement from school and different forms of self-esteem in the crucial period of early and mid-adolescence. Social Psychology of education, 23, 1539–1564. doi.org/10.1007/s11218-020-09592-w
-Yakimova, S., Maintenant, C., & Taillandier-Schmitt, A. (2020). Examining how positive and negative emotions influence cognitive performance in secondary schools. In C. Pracana & M. Wang (Eds.), Psychology Applications & Developments VI (pp. 255-267). Lisbon, Portugal: InScience Press. press.insciencepress.org/index.php/press/catalog/book/12
-Bruno, A., Toczek-Capelle, M.C., & Darnon, C. (2020). Facing the Risk of Upward Mobility: Performance-avoidance goals and social class among high-school students. Journal of Social Psychology, 160(4), 496-508.
doi.org/10.1080/00224545.2019.1681353
-Yakimova, S., Maintenant, C., & Taillandier-Schmitt, A. (2020). Performances cognitives au collège : rôle des émotions et de l’estime de soi. in Y. Tazouti (Eds.). Actes du colloque de la 13e édition du RIPSYDEVE 2020. La psychologie du développement et de l’éducation pour le 21e siècle : nouveaux objets, espaces et temporalités, Oct 2020, Nancy, France.

L’objectif dans ce projet est d’étudier le désengagement psychologique du domaine scolaire chez des pré-adolescents et adolescents. Le désengagement psychologique est une première étape dans un processus qui peut conduire au décrochage scolaire. Il se décompose en deux processus : le discrédit et la dévaluation. Discréditer revient pour l’élève à considérer que les renforcements négatifs et les mauvaises notes sont biaisés et ne reflètent pas ses vraies capacités. La dévaluation consiste à minimiser l’importance de la réussite scolaire et à considérer l’école comme un domaine peu important pour son soi. Pour améliorer notre compréhension du désengagement psychologique : (1) nous examinerons comment l’expérience d’une insatisfaction due à une comparaison défavorable entre sa propre réussite scolaire et celle des camarades de classe peut conduire au désengagement ; (2) nous clarifierons le lien entre le désengagement psychologique et l’estime de soi en considérant différents domaines de l’estime de soi car les adolescents établissent des distinctions importantes quand ils se décrivent et évaluent leurs capacités dans différents domaines ; (3) nous examinerons les relations entre le désengagement psychologique, l’estime de soi, un état émotionnel négatif et les performances cognitives. Ces trois questionnements constituent le premier axe de travail (axe A) du projet DISESTEEM. L’ensemble des études menées dans cet axe contribuera à accroître notre connaissance des liens entre le fait de ressentir une insatisfaction scolaire, le désengagement psychologique, l’estime de soi et les performances cognitives à la période cruciale de l’entrée dans l’adolescence et de l’adolescence. Dans l’axe B de recherche, nous nous focaliserons sur les élèves de faible statut socio-économique (SSE) car ils ont une plus forte probabilité de se désengager de l’école que les élèves de SSE plus élevé. En effet, les élèves de faible SSE se sentent moins compétents en comparaison des élèves de SSE plus élevé et sont confrontés à des stéréotypes négatifs sur leur supposée infériorité intellectuelle. Pour ces raisons, les élèves de faible SSE ont une plus forte probabilité de se désengager de l’école et d’entrer dans un cycle vicieux d’échec et de décrochage scolaire. Nous étudierons le rôle des feed-back non-verbaux des enseignants et le rôle de la saillance du mérite scolaire sur le désengagement psychologique des élèves de faible SSE. Dans le dernier axe de recherche (axe C), nous testerons deux stratégies destinées à prévenir le désengagement psychologique de l’école. Pour aider les élèves de faible SSE, nous testerons si un conditionnement évaluatif positif peut réduire l’impact des stéréotypes négatifs associé à leur groupe. Un conditionnement évaluatif positif a lieu quand un stimulus lié à l’identité des élèves de faible SSE est associé à des stimuli de valence positive, comme des images positives. Ce conditionnement positif devrait réduire l’impact négatif de leur faible réputation intellectuelle sur le désengagement psychologique, sur leur estime de soi et sur leur performance. Nous étudierons aussi le rôle d’une forme particulière de comportements scolaires, les Comportements Organisationnels Citoyens (COC) scolaires, sur lesquels les enseignants, les éducateurs pourraient prendre appui pour réduire ou prévenir le désengagement psychologique. Les COC scolaires peuvent prendre différentes formes, comme l’altruisme, l’obéissance à l’institution, et l’intérêt pour l’institution scolaire. Nous examinerons si le fait de rendre saillants ces COC scolaires, notamment ceux reliés à l’altruisme et perçus comme désirables à la fois par les enseignants, l’institution scolaire et les pairs, augmentent l’engagement scolaire. Dans chaque axe de travail, nous conduirons une série d’études corrélationnelles et expérimentales avec principalement des collégiens, mais aussi des étudiants.

Coordination du projet

Delphine MARTINOT (LABORATOIRE DE PSYCHOLOGIE SOCIALE ET COGNITIVE)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LAPSCO LABORATOIRE DE PSYCHOLOGIE SOCIALE ET COGNITIVE
Université de Moncton / Chaire de recherche Relations Intergroupes
PAVeA Psychologie des Âges de la Vie et Adaptation

Aide de l'ANR 210 319 euros
Début et durée du projet scientifique : octobre 2018 - 36 Mois

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