DS08 - Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives

Entre profession et famille, les cadres du travail d’aide aux personnes âgées – PROFAM

Résumé de soumission

Le projet de recherche collaboratif PROFAM analyse les transformations du travail d’aide aux personnes âgées en perte d’autonomie dans un contexte de vieillissement démographique, mais aussi de restriction des budgets affectés aux politiques sociales. Cette aide prend des formes extrêmement variées et portées par un ensemble d’acteurs à la visibilité sociale contrastée : les plus visibles, salarié.e.s ou indépendant.e.s, effectuent un travail rémunéré ; les plus invisibles, parents proches, voisins, amis, bénévoles associatifs ou informels, apportent une aide le plus souvent non rémunérée. Mais, quelle que soit sa forme, rémunéré ou non, ce travail est majoritairement effectué par des femmes. Les politiques publiques constituent un déterminant majeur de ces formes d’aide aux personnes âgées. En effet, depuis 30 ans, en France et ailleurs en Europe, elles ont été considérées comme un « gisement d’emplois » et les mesures visant l’accroissement de la demande d’aide rémunérée ont profondément modifié les conditions d’emploi des aidant.e.s. salarié.e.s. Mais l’aide non rémunérée des proches persiste et reste une condition incontournable du maintien à domicile des personnes âgées. Ainsi de multiples situations intermédiaires, où le travail d’aide outrepasse les cadres du salariat sont aujourd’hui observables.
L’objectif de PROFAM est d’analyser conjointement l’ensemble des formes de ce travail, en considérant que, transgressant les frontières de la sphère publique et de la sphère privée, effectué essentiellement par des femmes, il est un des lieux où s’inventent de nouvelles formes d’emploi hybrides, empruntant à la fois aux cadres normatifs du salariat et à ceux de la sphère privée. Alors que l’aide informelle apportée aux personnes en perte d’autonomie est souvent analysée en termes de relation et d’entraide familiales, le parti pris de PROFAM, utilisant les cadres théoriques de la sociologie du genre, est de la considérer comme un travail. Il s’agit ainsi de comprendre à la fois comment sont élaborés de nouveaux cadres normatifs pour ce travail, et comment ces transformations affectent la qualité des emplois de celles et ceux qui apportent leur soutien. PROFAM cherche donc à retracer les modalités des transformations de la division sociale de ce travail entre sphère privée et sphère publique, afin de mesurer les effets des différentes formes prises par le travail d’aide, en termes professionnels tout particulièrement, sur l’égalité femmes-hommes.
Pour cela, le projet PROFAM cherche à cerner les caractéristiques de ces situations intermédiaires porteuses d’ambigüité : leurs protagonistes, leurs motivations, les types de régulation du travail, les modalités d’emploi qui en résultent et leurs conséquences pour les personnes concernées, en termes d’égalité et d’intégration sociale. PROFAM utilise les enquêtes quantitatives disponibles, nationales et européennes, à la fois comme éléments de cadrage et objet d’analyses secondaires. Mais son objectif étant d’explorer les zones frontières entre travail d’aide rémunéré et non rémunéré, difficiles à saisir par la statistique, sa méthodologie fait une large part aux enquêtes de terrain, d’ordre qualitatif, aux études de cas et à l’analyse documentaire. Le projet est structuré en deux axes articulant plusieurs volets d’investigations. Dans une perspective plutôt macro-sociale, le premier axe s’intéresse à l’élaboration des cadres du travail d’aide aux niveaux européen, national et local, en décrit l’utilisation et les déterminants de façon quantitative, tandis que le deuxième axe retrace, à un niveau micro-local, les arrangements définissant la répartition du travail d’aide. PROFAM tentera ainsi de mesurer comment les normes de genre, les jeux d’acteurs, l’usage des différents droits, et les ressources territoriales, en déterminant les cadres du travail d’aide, influent sur les pratiques des « aidant.e.s » et la qualité de leurs emplois.

Coordination du projet

Annie Dussuet (Centre Nantais de Sociologie)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

DCS Droit et Changement Social
ESO-Nantes Espace et sociétés Nantes
LABERS Laboratoire d’études et de recherche en sociologie
CLERSE Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques
Lab-LEX Laboratoire de droit Lab-Lex
WZB WZB Berlin Social Science Center
CENS Centre Nantais de Sociologie
CIRTES Centre Interdisciplinaire de Recherche Travail, Etat et Société

Aide de l'ANR 314 766 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2018 - 36 Mois

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