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Quels liens entre l'intégration spatiale et économique des immigrants et réfugiés ? – JASI

Quels liens entre l’intégration spatiale et économique des immigrés et réfugiés ?

Comprendre les déterminants de l’intégration des immigrés et réfugiés à partir des données les plus récentes

Le logement social diminue-t-il la ségrégation ?

Dans la plupart des pays d’Europe, l’immigration est devenue majoritairement non européenne, plus diverse et visible, mais aussi plus fragile économiquement. En effet, l’insertion de nombreux immigrés non-européens sur le marché du travail français reste fragile et, en 2016, l’INSEE indiquait qu’ils étaient trois fois plus victimes du chômage que les natifs. De nombreuses études de terrain ont aussi alerté de leur concentration croissante dans les grands ensembles HLM en périphérie des grandes villes. La combinaison de barrières d’accès à l’emploi avec une hausse de la ségrégation spatiale fait craindre un recul de l’intégration des nouvelles vagues d’immigrés se transmettant aux secondes générations. Ce projet vise à mieux comprendre de quelle manière l’intégration économique et spatiale interagissent. Une meilleure connaissance de ces interactions permettrait de déterminer les politiques nationales les plus efficaces pour faciliter l’intégration. Ce projet utilise des données inédites du recensement de la population en remontant du début des années 1980 à la période contemporaine pour étudier ces questions.

Nous partons de l’hypothèse que la progression du nombre d’immigrés en logement social a des conséquences ambiguës qui dépendent de la quantité de logement offerte mais aussi de la manière dont il se réparti entre quartiers. Or, si de nombreux HLM se situent dans des grands ensembles isolés du reste de la population, de nombreuses petites cités sont logées dans des quartiers où les HLM sont minoritaires. Enfin, les conséquences de la hausse de la part d’immigrés en HLM dépendent aussi de la manière dont ont répondu les habitants en logements privés à la progression de la part des immigrés non-européens dans les HLM. Si la part de natifs baisse dans les logements privés à côté des HLM alors la diversité du quartier diminue et la ségrégation est renforcée. Au contraire, la ségrégation diminue si le logement social permet aux minorités de vivre dans des quartiers où ils sont relativement plus rares. Les données riches et détaillées du recensement de la population française permettent de vérifier ces hypothèses en détaillant l’évolution depuis une trentaine d’années de la population en HLM et en logement privé selon la part d’HLM dans le quartier et en estimant de quelle manière elle est corrélée à la situation sur le marché du travail.

Nos résultats suggèrent que la progression de la part d’immigrés en petites cités a diminué la ségrégation car elle s’est traduite par une plus grande présence de non-européens dans les quartiers où ils sont plus rares en logements privés. D’un autre côté, la croissance de la part d’immigrés en grands ensembles a augmenté la ségrégation, en partie parce que la part des natifs dans la population dans les logements privés du voisinage s’est raréfiée.

La répartition des HLM entre quartiers a un impact important sur la mixité sociale.

Le projet JASI est un projet de recherche fondamentale Jeune chercheuse-Jeune chercheur coordonné par Gregory Verdugo au Centre d’Economie de la Sorbonne. Le projet a débuté en mars 2016 et s’est déroulé sur une période de 36 mois. Il a bénéficié d’une aide ANR de 199,000 euros.

En 2015, la hausse des demandeurs d’asile dans l’Union Européenne s’élève à 85% sur un an. Un tel afflux questionne la capacité des pays d’accueil à intégrer ces immigrés. La notion d’intégration englobe de nombreux aspects mais les dimensions spatiales et économiques s’avèrent centrales. Les étudier simultanément offrirait des indications précieuses sur les politiques en mesure de répondre à ces enjeux.
Nous proposons d’explorer ces dimensions à partir du niveau agrégé et individuel. Sur le plan agrégé, l’absence de connaissance des variations locales d’intégration limite l’efficacité de l’action publique. Pour combler ces lacunes, l’intégration économique et spatiale entre villes françaises sera appréciée entre 1968 et 2012, période marquée par la croissance de l’immigration non-Européenne. Nous produirons différents indicateurs d’intégration et étudierons leurs dépendances.
Nous conjecturons que les différences d’intégration spatiale entre villes françaises reflètent en grande partie des différences de qualité et de quantité du logement social local. Le logement social va se développer dans les prochaines années car de nombreux pays prévoient de remédier aux besoins des réfugiés par de nouvelles constructions. Nous étudierons quelles caractéristiques de ce logement peuvent affaiblir l’intégration. Nous examinerons comment les politiques du logement social telles que la loi SRU (loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain, 2000 & 2013) ont altéré l’intégration spatiale.
Au niveau individuel, nous explorerons le lien entre les trajectoires résidentielles et économiques à partir de données de panel. Nous répondrons aux questions suivantes : les immigrés et réfugiés résident-ils dans des quartiers plus diverses socialement lorsque leur situation économique s’améliore ? Ou alors observe-t-on une ségrégation persistante de certains groupes, même en cas d’intégration économique ? Enfin, la possibilité d’identifier les secondes générations permettra d’approfondir les implications longues de ces dynamiques.
Les réfugiés représentant une grande fraction des flux actuels, doit-on s’attendre à ce que leur intégration diffère de celle des autres immigrés ? Les divergences peuvent refléter de moindres capacités sur le marché du travail, ou le fait que la migration des réfugiés ne peut généralement pas être préparée à l’avance. D’un autre côté, l’immigration retour est proscrite à court terme pour les réfugiés au contraire des migrants économiques. Les différences anticipées de durée de séjour devraient inciter les réfugiés à investir dans du capital humain spécifique au pays, favorisant l’intégration.
Néanmoins, les migrants économiques et les réfugiés ne sont pas forcément dissemblables dans de nombreux cas. En situation de guerre, l’économie d’un pays s’effondre et la décision de migration repose sur des motifs mélangeant considérations économiques et risques d’atteintes à la sécurité physique. Si les motifs de migration sont « mélangés », l’existence de différences entre migrants est incertaine théoriquement. Nous examinerons empiriquement ces questions.
Notre projet exploite des données individuelles jusqu’ici non-accessibles aux chercheurs pour des raisons de confidentialité. L’accès s’effectue à distance par un système sécurisé (acronyme CASD) organisé par l’Institut national de la statistique et des études économiques. Les données disponibles pour la France se singularisent sur le plan international par leur niveau de détail, d’exhaustivité, et de qualité. Pour cette raison, notre analyse considère des dimensions rarement approfondies jusqu’ici.

Coordination du projet

Gregory Verdugo (Centre d'économie de la Sorbonne (CES - UMR8174))

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CES-UMR8174 (CNRS DR O/N) Centre d'économie de la Sorbonne (CES - UMR8174)
CES-UMR8174 (CNRS/UP1) Centre d'économie de la Sorbonne (CES - UMR8174)

Aide de l'ANR 199 800 euros
Début et durée du projet scientifique : mai 2016 - 36 Mois

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