DS0407 -

Réseaux neuronaux sous-tendant l'intéraction entre stress et nicotine dans le cadre des troubles psychiatriques – nicostress

Résumé de soumission

La dépendance à la nicotine est la principale cause de pathologies et de décès prématurés chez les patients atteints de troubles psychiatriques. Par rapport aux fumeurs, les abstinents montrent un risque accru de développer un épisode dépressif. Des patients avec des antécédents de dépression montrent eux un sevrage plus sévère. La comorbidité définie ici comme la co-occurrence de troubles mentaux et de dépendance à la nicotine est très répandue. Sa prévalence ainsi que les interactions complexes entre ces deux troubles remettent en question la stratégie consistant à les traiter séparément ou à considérer que l'un d'eux augmente la vulnérabilité à l'autre. Il est donc important de considérer ce problème comme un tout, où les deux pathologies se nourrissent l'une de l'autre. Dans ce cadre, nous disséquerons la séquence des événements neuronaux sous-tendant l'interaction entre nicotine et stress.

La transmission dopaminergique (DA) est essentielle à la neurobiologie de la récompense, de la motivation, mais aussi de l'humeur. Le renforcement à la nicotine est médiées par les récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine qui modifient entre autre la décharge des neurones DA de l'aire tegmentale ventrale. Un stress induit par une défaite sociale chronique déclenche lui aussi de telles augmentations, causalement associées cette fois à des altérations du comportement telles que l'anhédonie, l'anxiété ou l'aversion sociale. Les neurones DA constitueraient donc une plaque tournante véhiculant à la fois des signaux liés à des stimuli saillants, récompensant ou aversifs, pour façonner des comportements (mal)adaptés. Cela nous conduit à les considérer comme des candidats de premier plan sous-tendant la comorbidité entre dépendance à la nicotine et conditions psychiatriques induites par le stress.

Nous disséquerons le rôle des neurones DA et leur modulation cholinergique dans les comorbidités associées au tabagisme et en particulier dans les troubles liés au stress. Nous utiliserons un modèle de rongeur pour disséquer les interactions entre nicotine et stress social en examinant comment ce dernier module la réponse à la nicotine et réciproquement. Bien que plusieurs études aient décrit la dépression comme une des conséquences du sevrage à la nicotine, nous apporterons un nouvel éclairage en identifiant l'exposition à la nicotine comme un facteur de risque des troubles liés au stress, et ce indépendamment du sevrage. Nous étudierons également l'effet du stress social et de la nicotine sur les neurones DA et évaluerons si des changements se produisent dans des voies dopaminergiques spécifiques. Un aspect important de notre projet consiste ainsi à démontrer que l'interaction entre les processus se produit dans le système DAergique, mais plus précisément sur les voies nicotiniques qui interagissent avec la DA. Enfin, nous étudierons comment nicotine et stress social modifient la décision. Il est en effet important de déterminer, dans l'ensemble des modifications du système DA, lesquelles favorisent la vulnérabilité à l'usage du tabac mais aussi une réduction des capacités d'adaptation face au stress (cad des stratégies qui aident à réduire les effets négatifs du stress) telles que l’augmentation de la prise de risque, une baisse de la sensibilité aux récompenses ou la perte de contrôle.

Les troubles psychiatriques, et en particulier la dépendance, constituent une charge importante sur le bien-être et nos systèmes publics de santé. Ce projet est donc clairement en adéquation avec les objectifs du défi «santé et bien-être" et plus particulièrement avec l'axe 7 «Exploration du système nerveux dans ses fonctions normales et pathologiques", un axe avec un accent particulier sur la psychiatrie et les comportements addictifs. Il se fonde sur l'expertise et les derniers résultats des équipes pour produire un saut qualitatif dans la compréhension des mécanismes de la comorbidité entre consommation de nicotine et troubles psychiatriques liés au stress.

Coordination du projet

Philippe FAURE (Neuroscience Paris Seine)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

NPS Neuroscience Paris Seine
IPMC Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire

Aide de l'ANR 506 360 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2016 - 36 Mois

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