DS0802 - Inégalités, discriminations, intégration

La vie sociale et politique des papiers d'identification en Afrique – PIAF

Résumé de soumission

Ce projet propose d’étudier la « gouvernementalité des papiers » en Afrique subsaharienne, de l’après-guerre à l’époque actuelle de diffusion globale des normes biométriques d’identification. Le constat de départ de cette recherche est la quasi absence de travaux sur les documents identificatoires en Afrique alors même qu’une grande partie des crises que traversent les sociétés africaines contemporaines sont des crises de la citoyenneté qui portent sur la question des droits et mettent en jeu les supports juridiques et politiques de leur reconnaissance, au premier rang desquels les « papiers » (cartes d’identité, d’électeurs, de séjour, de parti politique, extraits de naissance, mais aussi titres fonciers, permis de conduire). En revisitant certaines situations de crise à l’aune des « papiers », le projet interroge la corrélation qui semble s’observer entre dispositifs d’attestation identitaire et violence politique. Le projet ne se limite pas cependant aux situations de conflit. Notre démarche comparative entend au contraire mettre en regard l’usage des papiers en conjoncture de crise et en conjoncture routinière pour analyser les rapports ordinaires des citoyens à la sphère publique.
S’inscrivant dans le renouvellement des travaux sur les documents identificatoires en Europe, ce projet entend cependant dépasser la perspective étatiste en pensant ensemble les papiers d’identification comme technologies de pouvoir et instruments de centralisation politique d’une part, et comme vecteurs matériels de l’émergence de nouvelles subjectivités morales et politiques de l’autre. L’attendu de ce projet est donc de produire une réflexion novatrice, empiriquement ancrée, sur la diffusion de la raison bureaucratique – formelle et informelle - et les pratiques de la citoyenneté en acte.
Cette double hypothèse se décline en deux axes de recherche. Le premier vise à analyser, dans la moyenne durée, le processus d’encartement des individus et la bureaucratisation de l’identification pour revisiter la formation de l’Etat et de la citoyenneté en Afrique. Trois séquences historiques seront examinées : celle du colonialisme tardif, moment liminaire de l’individuation citoyenne des sujets impériaux ; la période des partis uniques ; et enfin celle des processus de démocratisation et des crises de la citoyenneté.
Le second axe de recherche vise à étudier « par le bas » la vie sociale des « papiers ». Partant du constat d’une pluralisation/privatisation des dispositifs d’identification, il s’agit d’explorer la diversité des instances de production des documents identificatoires et la complexité des rapports que les individus nouent à ces documents et institutions. Les enquêtes de terrain documenteront empiriquement les modalités de cette pluralisation du gouvernement des papiers et sa diffusion dans le corps social pour tester l’hypothèse d’une appropriation populaire des pratiques et des imaginaires bureaucratiques. Le projet vise enfin à analyser la culturelle matérielle des « papiers » pour mettre au jour le « sens pratique » qui se constitue autour des pièces identificatoires et qui donne à voir un certain rapport aux autorités.
La démarche de ce programme repose sur une approche comparatiste continentale, croisant des études de cas qui seront menées dans dix pays d’Afrique subsaharienne, francophones et anglophones : Afrique du Sud, Cameroun, Côte d’Ivoire, Kenya, Mali, Mauritanie, Nigeria, Ouganda, Rwanda, Sénégal. Le projet mobilise deux partenaires institutionnels en France, complémentaires en termes de disciplines et d’expériences (le Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po et l’Institut des mondes africains (IMAf)), des collaborations universitaires africaines (dont Wits University à Johannesburg) et quinze chercheurs, historiens, politistes et anthropologues, spécialistes des questions de citoyenneté sur leurs terrains respectifs.

Coordination du projet

RICHARD BANEGAS (FONDATION NATIONALE DES SCIENCES POLITIQUES)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

IMAF (CNRS DR O/N) Institut des mondes africains
CERI FNSP FONDATION NATIONALE DES SCIENCES POLITIQUES
IMAF Institut des mondes africains

Aide de l'ANR 338 137 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2015 - 36 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter