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Localisation et réseaux en économie de l’innovation : théorie et évaluation des politiques publiques – RENEWAL

Alors que se multiplie dans le monde les politiques qui s’appuient sur des effets réseaux (en incitant les firmes à coopérer en R&D) et/ou des effets spatiaux (en ciblant plus particulièrement des territoires), les exercices d’évaluation d’impact sur les bénéficiaires négligent largement les effets indirects de ces politiques passant par les proximités dans les réseaux et/ou géographiques. Pourtant, si on attend des effets d’entrainement par les coopérations et la proximité spatiale on peut aussi attendre des effets de distorsions entre entreprises ou territoires qui rendent incertain l’impact total.
Deux types d’approches théoriques visent à éclairer les mécanismes en jeu. Le premier, la théorie des jeux est appliquée à l’analyse des réseaux de coopérations inter-firmes. Le second, la synthèse économie géographique/croissance analyse les politiques dans un cadre spatialisé.
Sur ces bases théoriques, différentes méthodologies sont proposées pour mesurer les effets directs des politiques publiques d’innovation mais aussi leurs effets indirects. Deux niveaux d’analyse sont distingués :
- au niveau microéconomique, les développements très récents de l’économétrie des réseaux permettent de proposer des méthodes nouvelles pour mesurer l’effet des politiques sur les entreprises bénéficiaires en prenant en compte les interactions entre entreprises au sein des réseaux de collaborations en R&D.
- au niveau agrégé des régions, des modèles d’interactions sont utilisés pour identifier les effets des politiques de soutien à la R&D sur les performances des territoires en prenant en compte l’existence de dépendances spatiales ou collaboratives entre territoires. Les dynamiques d'agglomérations spatiales créent-elle des effets d'entrainement positifs au niveau national ou bien au contraire renforcent-elles les effets potentiellement négatifs de la concurrence entre territoires ?

Les travaux menés sur les relations de collaborations en R&D entre firmes concurrentes ont pour la plupart été reconnus par le biais de publications académiques internationales. Ils montrent d'abord que les politiques publiques visant à améliorer l’efficacité des collaborations en R&D existantes peuvent avoir des effets pervers : dans certaines situations, ces politiques améliorent la compétitivité de certaines firmes au détriment d'autres firmes. Ceci conduit ces dernières à renoncer à certaines de leurs collaborations, même lorsque celles-ci sont les plus efficaces d'un point de vue social. Ces travaux montrent aussi que les réseaux de collaborations en R&D qui sont les plus efficaces d'un point de vue social sont également des réseaux particulièrement asymétriques pour les firmes.
Ces résultats suggèrent que les incitations tout azimut à la coopération en R&D risquent de conduire à des effets indirects négatifs sur la compétitivité des firmes annulant les effets directs positifs attendus. Ces possibles effets contradictoires justifient les travaux empiriques sur données individuelles qui sont en cours pour l’évaluation des incitations aux développements de projet collaboratifs dans le cadre des pôles de compétitivité avec des méthodes d’économétrie des réseaux.

Les travaux menés en économie géographique de la croissance permettent de fournir une explication à différentes situations de défaillances de marché non encore étudiées et de calculer les solutions pour le planificateur central. Ils analysent alors la capacité des politiques d’innovation à pallier ces défaillances. Sur ces bases les travaux empiriques sur données agrégées amènent des résultats en termes d’évaluation d’impacts des projets collaboratifs de R&D européens sur les régions européennes d’une part et des politiques de subventions à la R&D et de pôles de compétitivité sur les performances des départements français d’autre part.

Les premiers résultats d'évaluation obtenus se révèlent très porteurs en enseignement et offrent des pistes pour repenser plus finement des politiques qui se sont un peu fortement focalisées dans les deux dernières décennies sur le « tout localisation »/ »tout coopération » à travers les politiques de clusters.
La reconnaissance acquise aussi par ces premiers résultats dans la communauté académique internationale montre tout le potentiel de recherche ouvert par ce croisement des compétences en théorie des réseaux et économie géographique de la croissance avec les compétences des économètres appliqués sur des modèles d’interactions.

De nombreux développements des méthodes d'évaluation sur les bases de données constituées n'ont pas pu être achevées dans le temps de ce projet.
En particulier la mise en œuvre de méthodes issues des développements les plus récents de l'économétrie des réseaux qui permettent de mesurer des effets indirects de réseaux dans le cas de réseaux endogènes et dynamiques. Les travaux sur ce point sont encore en cours.

Ce projet a aussi ouvert de nouvelles perspectives de développement en termes de partenariats internationaux et nationaux dans un cadre pluridisciplinaire:
- avec une nouvelle proposition de projet ANR
- et l'insertion dans une proposition européenne dans le cadre du réseau GeoInnov d'autre part (à concrétiser lors de la conférence GeoInnov2018 à Barcelone).

Ce projet court, a donné lieu à des publications dans des revues internationales de premier rang.
1. Billand P., Bravard C., Kamphorst J., Sarangi S., Network Formation when Agents Seek Confirmation of Information, Mathematical Social Sciences, forthcoming.
2. Billand P., Bravard C., Chakrabarti, S., Sarangi S. (2016). Business intelligence and multi- market competition. Journal of Public Economic Theory, vol. 18, N. 2, pp. 248-267, numéro spécial « Networks and Externalities ».
3. Billand P., Bravard C., Durieu J., Sarangi S. (2015). Efficient Networks for a Class of Games with Global Spillovers. Journal of Mathematical Economics, vol. 61, pp. 203-210.
4. Autant-Bernard C., S. Hazir & J. LeSage The Role of R&D Collaboration Networks on Regional Knowledge Creation: Evidence from Information and Communication Technologies Papers in Regional Science, 2017, forthcoming
5. B. Montmartin, M. Herrera, N. Massard, «R&D policy regimes in France: New evidence from a spatio-temporal analysis« en révision pour Research Policy.

Les autres travaux sont disponibles sous forme de WP soumis dans des revues ou à soumettre (7). Ils ont donné lieu à présentation dans des conférences internationales académiques (19), à l’organisation de sessions spéciales et conférences (3) ou à des invitations plus grand public (5).


Par ailleurs les méthodes développées dans ce projet ont déjà en partie été valorisées auprès de différents acteurs publics nationaux et locaux pour des travaux d’évaluation . Ces travaux contractuels de valorisation ne sont pas tous diffusables à cette date.

Résumé de soumission

Le Renouveau industriel implique les entreprises, mais il implique aussi les institutions publiques à travers les politiques de soutien à la R&D privée. Ce projet vise à lever les verrous qui bloquent la prise en compte des nouvelles formes d’organisation de la R&D dans la justification et l’évaluation des politiques de soutien à la R&D privée. Nous prenons appui sur le renouveau des modèles théoriques en micro et macroéconomie de l’innovation pour prendre en compte la formation des réseaux de collaborations et les comportements de localisation en R&D dans l’analyse de la concurrence entre firmes et entre territoires. Deux champs principaux de recherche ont montré des potentialités intéressantes pour renouveler l’analyse des défaillances de marché vers une meilleure prise en compte des évolutions récentes dans les pratiques de R&D et d’innovation des entreprises et l’articulation entre R&D, innovation et compétitivité. La première approche est microéconomique ; elle consiste à analyser l’impact des collaborations inter-firmes en R&D sur les résultats de la concurrence entre ces firmes. La seconde est plus macroéconomique; elle prend en compte le rôle joué par la distribution géographique des activités industrielles et d’innovation sur la dynamique de croissance différenciée des territoires. Par le passage de la modélisation théorique à la modélisation empirique ensuite, l’objectif central est de concevoir des méthodes originales pour l’évaluation économétrique des politiques de soutien à la R&D impliquant des dynamiques collaboratives et spatiales. Des applications aux Pôles de Compétitivité et à l’interdépendance des politiques sur l’espace régional sont proposées.

Coordination du projet

Nadine MASSARD (Laboratoire d'Economie Appliquée de Grenoble)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

DEM Università di Ferrara Dipartimento di Economia e Managment
CONICET National Scientific and Technical Research Council - National University of Salta (Argentina)
LSU Louisiana State University
UNS/GREDEG Groupe de Recherche en Droit, Economie et Gestion
UJM/GATE Groupe d'Analyse et de Théorie Economique Lyon Saint-Etienne
UPMF/GAEL Laboratoire d'Economie Appliquée de Grenoble

Aide de l'ANR 171 279 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 24 Mois

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