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Des tendances contrastées de la mortalité aux futurs enjeux de santé publique – DIMOCHA

Des tendances contraste´es de la mortalite´ aux futurs enjeux de sante´ publique (DIMOCHA)

Pourquoi la santé et la survie progressent-elles rapidement dans certains pays alors qu’elles prennent du retard dans d’autres ? Il s'agit ici de mieux comprendre les divergences historiques de mortalité au sein des pays développés pour identifier les facteurs d’évolution et prévoir les défis sanitaires de demain. Une attention particulière sera donnée aux causes médicales de décès utilisées comme révélatrices des changements dans la longévité et les probabilités de survie.

Comprendre les divergences d'espérance de vie en dépit d'évolutions mondiales favorables

Des vagues successives de divergence et/ou convergence ont abouti à l'hétérogénéité actuelle des niveaux et profils de mortalité. Ces différences, très accusées au niveau mondial, existent également au sein des pays développés. Ainsi plusieurs vagues de divergence se sont récemment déployées de façon complexe à travers le monde moderne. Certaines populations doivent affronter des problèmes sanitaires particuliers, propres à chaque étape de la transition sanitaire. Ainsi les pays africains peinent à réduire efficacement la prévalence du VIH/Sida, du paludisme et de la tuberculose, tandis que les pays de l'ex-URSS sont incapables d'entrer dans la révolution cardio-vasculaire et de réduire le poids de la violence et de l'alcoolisme dans la mortalité des jeunes adultes. Certains pays à revenu élevé ont pris du retard dans la réduction de la mortalité aux âges les plus élevés. Ces évolutions préoccupantes et les facteurs qui les gouvernent méritent d'être sérieusement analysées d'une façon systématique. Le projet de recherche proposé vise à mettre en lumière les raisons pour lesquelles les différences de longévité observées entre pays se sont accrues à certains moments et pour certaines régions, alors qu'elles se réduisaient ailleurs et à identifier les freins aux progrès sanitaires dans des pays qui prennent du retard, malgré des performances économiques très positives.<br />Une investigation poussée dans ce champ de recherche complexe passe obligatoirement par une analyse des évolutions des causes de décès sur le long terme, grâce à l'utilisation d'outils adéquates, appliqués à la fois à des pays européens et non européens.

Un ensemble de pays industriels pour lesquels les données nécessaires étaient disponibles ont été choisis: États-Unis, Japon, Russie, ainsi que 5 pays parmi les plus peuplés de l'Union européenne (Allemagne, France, Angleterre-Galles, Espagne et Pologne). Cette sélection nous permet de considérer les différentes étapes de la transition sanitaire, en remontant jusqu'aux années 1950 :
- la chute des maladies infectieuses avec un pays pionnier, l'Angleterre-Galles et des retardataires (Russie, Japon);
- la révolution cardiovasculaire (pionniers: États-Unis, France; retardataires: Russie, Pologne);
- la lutte contre les affections du grand âge (pionniers: Japon, France; retardataire: États-Unis).
Le projet comprend tout d'abord la reconstruction de séries de décès par cause à définition médicale constante (débarrassées des ruptures provoquées par les révisions successives de la Classification internationale des maladies). Ce travail est déjà entamé pour certains des pays retenus et, pour d'autres, il pourra être facilité par l'existence d'un double classement des décès au moment du changement de classification. Ensuite, il s'agira de développer de nouvelles méthodes de décomposition pour faire le lien entre les changements des profils de mortalité par âge et cause et les évolutions de la longévité, mesurée par les indicateurs de la table de mortalité (moyenne, mode, dispersion et années de vie perdues). Ceci nous permettra finalement d'interpréter les changements observés et de proposer des hypothèses d'évolution des niveaux et profils de mortalité pour l'avenir.

Le projet offrira des résultats techniques et scientifiques dans au moins quatre directions:
- Base de données
L'ensemble des séries reconstruites seront mises à disposition du public, dans une base de données facilement consultable en ligne. Des discussions sont actuellement en cours avec l'Université de Berkeley pour voir comment il sera possible de créer en lien entre cette base de données et le volet causes de décès de la «Human Mortality Databaxe« (HMD) qui fournit des indicateurs généraux de mortalité pour un très grand nombre de pays
- Outils techniques
L'accumulation d'expérience dans la reconstruction laborieuse de séries temporelles cohérentes pour différents pays dans des contextes variés conduira au développement de nouveaux outils permettant de reproduire plus facilement le travail dans de nouveaux pays. Chaque innovation (stratégique ou technique) sera documentée précisément et partagée avec tous les participants au projet, dans un espace de travail sur le Web. Au terme du projet, ces nouvelles techniques seront popularisées auprès des chercheurs aux fins de recherche ou d'enseignement. Parallèlement chaque élément (reconstruction de séries, raffinements et innovations méthodologiques) sera décrit dans des rapports techniques, pouvant servir de base à la poursuite des recherches.
- Publications scientifiques (voir ci-dessous)
- Réévaluation des théories et explications
La mise en œuvre de si lourds travaux empiriques vise finalement à servir de base à un approfondissement de la théorie actuelle des cycles de divergence-convergence, un préalable indispensable à la prévision des tendances futures. Les résultats pourraient nous amener à consolider cette théorie, la revoir ou la réfuter.
Enfin l'attention particulière qui sera portée à l'effet des politiques de santé fournira un matériau précieux pour des prévisions démographiques et socioéconomiques.

Le résultat final du projet sera la production de plusieurs scénarios d'évolution de la santé des populations, selon les objectifs de santé publique choisis. Ces derniers comprendront différentes options : une durée de vie moyenne plus longue, un plus grand nombre de personnes atteignant le niveau actuel de la durée de vie moyenne, une plus grande concentration des décès autour de l'âge modal. Cet outil aidera aussi à préciser comment les variations de mortalité due à une cause de décès pourront plus ou moins participer à la réalisation de ces différents objectifs. Par exemple, il montrera comment la baisse de la mortalité pour une cause particulière (accident ou cancer ou maladie d'Alzheimer, par exemple) jouera sur l'âge moyen au décès (espérance de vie) mais aussi sur la distribution par âge des décès et sur le nombre de personnes atteignant un certain âge. Il permettra aussi de voir si ce résultat sera le même pour tous les pays étudiés et de mesurer les effets sur la santé générale de la population, y compris les inégalités de genre, avec une attention particulière portée aux niveaux de dépendance et au vieillissement de la population.

Les résultats du projet seront disséminés à travers différents types de publications: monographiques (avec une analyse des évolutions de mortalité par cause sur plus de 5 décennies pour chaque pays étudié), comparatives (étude des contrastes et des similitudes entre les pays), explicatives et théoriques (sur le concept de transition sanitaire, sur les effets des politiques de santé). Une trentaine de communications seront présentées durant les trois années couvertes par le projet dans différentes réunions internationales: réunions annuelles de l'association américaine de population (PAA), Conférence européenne (EAPS), congrès général de l'UIESP, Conférence asiatique sur la population (APA). La plupart de ces communications seront ensuite soumis à des revues scientifiques pour publication.

Pourquoi la santé et l’espérance de vie progressent-elles rapidement dans certains pays alors qu’elles prennent du retard voire reculent dans d’autres ? Le principal objectif de ce projet est de tenter d’apporter une réponse satisfaisante à cette question trop rarement ou partiellement traitée. Il s’agit en effet ici de mieux comprendre les divergences historiques de mortalité observées au sein même des pays développés afin d’identifier les facteurs d’évolution de la mortalité et de prévoir les défis sanitaires de demain. Une attention particulière sera donnée à l’information disponible sur les causes médicales précises de décès utilisées ici comme révélatrices des changements observés dans la longévité humaine et les probabilités de survie.

Le projet consistera d’abord à rassembler dans une base de données internationale des séries cohérentes de décès par causes, sexe et âge (mise à disposition du public à la fin du projet) et à développer les outils originaux qui permettront de les analyser. Les trois principales tâches consisteront à:
1) mettre au point les outils permettant de faire le lien entre les structures de la mortalité par cause et les mesures classiques de la survie et de la longévité, sur la base des séries cohérentes de décès par cause existantes, pour montrer comment la mortalité plus ou moins forte pour une cause donnée pèse sur les différences de survie entre périodes ou entre pays ;
2) reconstruire les séries cohérentes de décès par cause qui manquent (partiellement ou totalement), pour 9 grands pays industriels : États-Unis, Japon, Russie, Allemagne (Ouest et Est), Angleterre-Galles, France, Espagne et Pologne ;
3) analyser les divergences ou convergences d’évolution de la mortalité par cause de façon à revisiter la théorie de la transition sanitaire et, de là, à mettre en évidence les scénarios possibles d’évolution future de la mortalité pour fournir aux décideurs des bases permettant d’imaginer les politiques et interventions sanitaires les plus appropriées.

De nouveaux développements méthodologiques seront apportés aux techniques existantes dans plusieurs domaines : méthode pour combler les hiatus infligés aux statistiques par les révisions de la Classification internationale des maladies, technique des tables à extinctions multiples appliquée à la décomposition par cause des différences d’espérance de vie et des années de vie perdues, estimation systématique de l’influence de l’élimination de causes spécifiques de décès sur les différentes fonctions de la table de mortalité, méthode universelle de décomposition permettant de désagréger par cause tout changement ou différence de tout indicateur de mortalité par sexe et âge.

S’appuyant sur la riche expérience de collaboration entre l’INED et le MPIDR, le projet mobilisera des équipes compétentes et complémentaires de chercheurs, séniors et juniors, des deux pays. Des rencontres régulières seront organisées pour favoriser les échanges entre les membres des deux équipes et des moyens multiformes de communication (notamment à travers l’Internet) seront mis en œuvre pour maximiser ces échanges.

Coordination du projet

France MESLÉ (Institut national d'études démographiques) – mesle@ined.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

INED Institut national d'études démographiques
MPIDR Max Planck Institute for Demographic Research

Aide de l'ANR 295 500 euros
Début et durée du projet scientifique : février 2013 - 36 Mois

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