CEP&S - Changements Environnementaux Planétaires et Sociétés

Les ressorts sociaux de la conversion écologique – RSCE

Les ressorts sociaux de la conversion écologique des modes de vie.

Ce programme de recherche se propose d’explorer les enjeux et contraintes de la diffusion au sein de la société française contemporaine, de comportements et d’habitudes de consommation, de déplacement et de logement compatibles avec l’objectif de réduction globale de l’empreinte écologique des modes de vie.

Régulation des comportements individuels et gestion des contraintes collectives

Parmi les attendus de ce programme de recherche, il est particulièrement mis l’accent sur la contradiction relevée entre la primauté des injonctions politiques et médiatiques à la régulation individuelle des conduites écologiquement responsables et la prégnance des contraintes sociales qui pèsent sur les pratiques. Les contraintes de budget familial, de localisation géographique et d’éloignement des lieux d’activité et de résidence, en particulier, pèsent très fortement sur le niveau des externalités produites par les individus et les ménages, et limitent de ce fait l’efficacité des injonctions à la responsabilisation des pratiques et celle des mesures de politique publique destinées à soutenir cet objectif (fiscalité écologique, notamment). De ce fait, ce programme de recherche se propose aussi d’appréhender la distribution socialement inégale du fardeau de la « dette écologique » et des formes de conflictualité sociale qu’elle sous-tend.

S’il n’est pas à proprement parler pluridisciplinaire, puisque résolument ancré dans l’analyse sociologique, ce programme de recherche articule des échelles et des méthodes d’analyse diversifiées. Enquêtes de terrain par observation et entretiens d’un côté, exploration et modélisation statistique au moyen de base de données issues de la statistique publique, de l’autre.

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Ce programme de recherche conduit à revisiter un certain nombre de questions classique en sociologie de la consommation et des modes de vie, qui touchent notamment aux processus de diffusion des modèles de comportements. Il conduit plus largement à explorer les rapports sociaux sous-jacents aux questions environnementales, qu’il s’agisse de la différenciation des attitudes ou de la répartition des contributions. En marge de ces questionnements théoriques, on se propose aussi d’éclairer les cadres de la décision et de l’évaluation en matière de politique publique environnementale.

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Le programme de recherche « Ressorts Sociaux de la Conversion Écologique » part du constat que le mode de vie qui règne dans les pays du nord est désormais désigné comme l’un des principaux responsables de l’augmentation de l’empreinte écologique. La « conversion écologique » des sociétés contemporaines repose donc pour partie sur la réforme des modes de vie.
Ce projet porte sur le cas de la France en partant de l’analyse systématique des grandes enquêtes de la statistique publique sur le Logement, les Transports et les budgets de famille pour dresser une typologie sociale des « budgets carbone » des individus et/ou des ménages. Il s’appuie secondairement sur l’analyse d’enquêtes d’opinions et d’attitudes pour décrire l’espace social des attitudes et des pratiques environnementales.
Afin de cibler plus directement l’empreinte carbone des modes de vie, on réalisera en outre une enquête statistique spécifique et inédite qui réunira dans un même questionnement à la fois des identifiants sociodémographiques usuels, des indicateurs sur le mode de vie, mais aussi sur le style de vie avec des indicateurs de sensibilité aux enjeux environnement et de positionnement politique. La production de ces données prendra place dans le cadre du tout nouvel équipement d’excellence DIME-SHS (Données, Infrastructures, Méthodes d’Enquêtes en SHS) qui met à disposition des chercheurs un échantillon aléatoire de 6000 personnes. Cette enquête s’appuiera sur les apports de l’enquête qualitative, portant sur le mode de vie et le positionnement normatif et politique en matière environnementale. Près de 300 entretiens seront menés en tout sur un échantillon stratifié par classe sociale, et trois populations très spécifiques : les usagers de l’automobile, l’avant-garde extrême en termes de mode de vie écologique, les entrepreneurs de « morale écologique » que sont les journalistes, militants, professionnels de la communication et experts.
Le second axe de notre recherche visera à comprendre les ressorts sociaux qui permettent de comprendre la distribution des positions en étudiant les déterminants sociaux qui pèsent dans l’adoption des modes de vie dégagés par l’approche typologique du premier axe. Il importera d’analyser finement les normes de comportement véhiculées par la médiatisation des problèmes environnementaux, et à leurs effets socialement différenciés. On appréhendera les distinctions de classe en étudiant plus précisément des fractions de classe et en mettant en évidence les oscillations entre dépense ostentatoire et frugalité, selon des goûts culturellement et économiquement situés. Ces différences sociales recouvrent des questions de ressources culturelles, scolaires et extra-scolaires, importantes dans l’adoption de pratiques qui rompent avec les habitudes ordinaires. Sera également envisagé le rôle du métier exercé sur le partage entre travail et hors-travail, et sur les savoirs-faires mobilisables dans la conversion écologique. La composition des ménages, en termes de rapports sociaux de sexe et de cohabitation générationnelle sous un même foyer (décisive dans les arbitrages domestiques qui pèsent dans la réforme de modes de vie) sera aussi étudiée de près.
Cette vaste enquête qui entend combiner approches quantitatives et qualitatives, permettra d’établir le coût social de la conversion écologique des modes de vie, et de cibler les populations les plus perméables à ce type de discours et de pratique, ainsi que celles qui sont les moins dotées pour faire face à ce changement social. Notre hypothèse est que les prescriptions environnementales n’ont pas la neutralité sociale que leur confrère le consensus construit autour des objectifs dont elles servent la réalisation.

Coordination du projet

COULANGEON Philippe (FONDATION NATIONALE DES SCIENCES POLITIQUES) – philippe.coulangeon@sciences-po.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

EHESS / IMM UMR 8178 ECOLE HAUTES ETUDES SCIENCES SOCIAL
GRECSTA CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR PARIS A
OSC FONDATION NATIONALE DES SCIENCES POLITIQUES
CARISM UNIVERSITE DE PARIS II
transfert vers EHESS partn5 CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR OUEST ET NORD

Aide de l'ANR 297 931 euros
Début et durée du projet scientifique : octobre 2011 - 48 Mois

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