Le programme des deux journées était construit autour de quatre sessions, chacune en lien avec une œuvre présentée au Festival, quatre façons de questionner la traversée des secrets :

Session 1 : Troubles dans le récit

L’imagination joue un rôle central dans la connaissance du réel en nourrissant les schémas perceptifs, la planification de l’action, la compréhension d’autrui. Interroger l’histoire du théâtre, le fonctionnement de la fiction, le rôle du corps dans la transmission des émotions pour explorer les frontières entre imaginaire et réel. Une session en présence de Milo Rau. Dans La lettre – Pièces commune / Volksstück, l’histoire de Nina, l’héroïne de La mouette de Tchekhov, et celle de Jeanne d’Arc s’articulent avec les vies personnelles des interprètes.

Session 2 : Vérités et mensonges

Les fictions, comme les récits biographiques et la vie publique, sont traversées de non-dits, de secrets et d’effets de dévoilement qui bouleversent les codes sociaux et déplacent les frontières entre l’intime et le social. En présence de Thomas Ostermeier, qui présentait Le Canard Sauvage, d’Ibsen, un spectacle qui interroge les frontières entre vérité et mensonges. La sociologie, les études théâtrales et cinématographique, la psychologie et les neurosciences cognitives permettent de questionner les dimensions sociales, politiques et cognitives de cette frontière.  

Session 3 : Les tyrannies de l’intime

Filiation, adoption, enlèvements d’enfants, modèles familiaux, autorité parentale, etc. : les tensions et les violences de l’intimité racontent les transformations des droits, l’exercice de la justice, les frictions entre la loi et les attentes sociales. Du Moyen Âge à la période contemporaine, ce sont les métamorphoses de l’intime et de nos vies affectives qui se dessinent grâce aux analyses historiques, juridiques, sociologiques ou en psychologie sociale. Des histoires de famille, souvent tragiques, se dévoilent dans le secret des cabinets d’avocats ou à la barre des tribunaux. Avec Émilie Rousset, qui présentait Affaires familiales au Festival d’Avignon 2025, le théâtre devient documentaire. Les témoignages nourrissent la matière théâtrale. Et si la famille n’était pas seulement une affaire privée, mais un projet de société ?

Session 4 : Et s’il pleuvant dans le désert

L’expérience physique du désert, de la lumière et des ombres, du vent et de l’immensité, est aussi celle d’un perpétuel mouvement. L’anthropologie, les représentations artistiques, l’archéologie, la paléoclimatologie et la climatologie mettent en évidence l’histoire longue de ce paysage, creuset d’échanges où coexistent diverses populations et différentes cultures. Une histoire des sociétés et de leur environnement, pour questionner l’adaptation aux changements climatiques en cours et à venir. Autant d’impressions, de sons et d’images qui nourrissent la danse de Radouan Mrizigaet. Le danseur et chorégraphe, qui présentait Magec / the Desert, est venu échanger avec les scientifiques autour des thématiques de l’œuvre.

Retrouvez le replay de l’ensemble des Rencontres 2025 sur notre chaîne YouTube

L’EHESS et France Culture étaient partenaires de la 12e édition des Rencontres Recherche et Création

Entretien avec Emelie de Jong, directrice générale de France Culture

Recherche et création : l’ADN de France culture – Rencontre avec Emelie de Jong

Entretien avec Romain Huret, président de l’EHESS

La nécessité d’un service public de la recherche – Rencontre avec Romain Huret

Retrouvez les interviews des scientifiques associés à cette 12e édition en vidéo

Bergère, prophétesse ou sorcière, Jeanne d’Arc vue par ses contemporains - Rencontre avec Claude Gauvard

Jeanne d’Arc a su convaincre le Dauphin Charles de conduire une armée et le faire sacrer roi, mais a perdu la bataille pour reprendre Paris aux Anglais. Bergère, prophétesse, capitaine à cheval portant bannière et galvanisant ses troupes, statue saint-sulpicienne, sorcière ou fille commune… Sa hardiesse et son courage ne permirent pas de la sauver du bûcher. Claude Gauvard, spécialiste du Moyen Age, professeure émérite de l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne et membre senior honoraire de l’Institut universitaire de France, retrace comment, dans une France divisée entre les partisans de l’Angleterre et ceux du roi Charles VII, Jeanne d’Arc était jugée par ses contemporains.  Mais aujourd’hui encore, la figure de Jeanne est source de dissensus. Un entretien avec Valérie Hannin, directrice de la rédaction de L’Histoire.

Explorer la frontière entre fiction et réel – Rencontre avec Jean-Marie Schaeffer

L’imaginaire joue un rôle central dans la connaissance du réel en nourrissant les schémas perceptifs, la compréhension d’autrui, la planification de l’action. À l’inverse, nos connaissances de la réalité sont essentielles pour créer ou comprendre une fiction. La fiction n’est ni l’illusion ni le mensonge, elle permet de prendre de la distance par rapport au réel. A l’heure des vérités alternatives et des fake news, les travaux de Jean-Marie Schaeffer, directeur de recherche émérite au CNRS et directeur d’étude à l’EHESS, partenaire du projet SublimAE – Le sublime et les expériences esthétiques, financé par l’ANR, apporte un éclairage sur les différences entre fiction et mensonge. Un entretien avec Cédric Enjalbert, rédacteur en chef adjoint de Philosophie Magazine.

Pour une archéologie du théâtre du 20^e siècle – Rencontre avec Alice Folco

Comment garder la trace du spectacle vivant ? L’histoire doit être plurielle pour retracer les formes scéniques, les processus de création, pour recenser les textes, les lieux, la diversité des publics et des métiers. Alice Folco, professeure à l’Université de Grenoble Alpes, spécialiste d’études théâtrales et membre du projet HERMES – Patrimoines en devenir, financé par France 2030, propose une nouvelle histoire du spectacle vivant, à la croisée de l’expérience sensible et de l’expérience sociale. Un entretien avec Emmanuel Laurentin, délégué aux documentaires, France Culture.

Quand l’enfant inquiète – Rencontre avec Alain Ehrenberg

Le comportement de l’enfant, son développement, son éducation cristallisent de nombreuses inquiétudes sociales. L’analyse socio-historique de la place de l’individu dans la société depuis la fin du XVIII^e siècle met en évidence trois grandes périodes de représentation de l’enfant : enfant-individu déficient dont la volonté est à corriger ; enfant-individu expressif et souffrant, dont la figure est cristallisée par la psychanalyse ; enfant-individu acteur et handicapé dont les troubles sont reformulés dans le langage des neurosciences cognitives. Alain Ehrenberg, sociologue et directeur de recherche émérite au CNRS, propose une histoire éclairante des pratiques et des représentations autour de l’enfant qui va mal. Une analyse à découvrir dans son dernier ouvrage, L’Enfant qui inquiète, paru le 15 octobre 2025 aux éditions Odile Jacob. Un entretien avec Cédric Enjalbert, rédacteur en chef adjoint de Philosophie Magazine.

Dire les violences familiales au Moyen-Age – Rencontre avec Didier Lett

Comment les violences familiales étaient jugées au Moyen-Age ? L’analyse des registres de justice de l’Italie médiévale met au jour les différents types de délit, la manière dont se règlent les conflits et les différents châtiments. A travers les récits et les non-dits des violences conjugales, de maltraitance d’enfant, d’inceste, d’infanticide, d’assassinat de la conjointe ou du conjoint, c’est la vie quotidienne et intime qui se dessine. Grâce à l’étude de la société du Moyen Age, Didier Lett, professeur d’histoire médiévale à l’Université Paris Cité, propose ainsi une histoire de la famille : des inégalités entre les femmes et des hommes, de la place de l’enfant et de l’individu par rapport au collectif. Ces travaux permettent aussi de mesurer les évolutions de la société contemporaine, notamment à travers l’émergence de la reconnaissance de la parole des enfants et des femmes en tant que victimes. Un entretien avec Valérie Hannin, directrice de la rédaction de L’Histoire.

Comprendre les mécanismes de l’attention – Rencontre avec Jean-Philippe Lachaux

L’attention est la réponse trouvée par l’évolution à l’incapacité du cerveau de traiter toute l’information qui lui parvient. Par sa sélectivité, elle nous permet de déterminer ce que nous percevons du monde et de nous-même, et ce que nous laissons à la porte de notre esprit. Mais la société connectée suscite une diversité de stimulations et une surcharge informationnelle que nous expérimentons sous la forme d’une attention extrêmement instable et d’une hypoconnexion au monde qui nous entoure. Grace aux travaux en psychologie et en neurosciences cognitives, Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche à l’INSERM au Centre de recherche en neurosciences de Lyon, responsable des projets ATOL, SEMAINE, MLA, et partenaire des projets INNERSPEECH, FORCE, financés par l’ANR, explore les mécanismes neuronaux de l’attention et comment retrouver la maîtrise de notre espace mental. Un entretien avec Philippe Pajot, rédacteur en chef de La Recherche.

Roosevelt et les millionnaires : quand l’histoire éclaire l’actualité américaine – Rencontre avec Romain Huret

Quand l’inventeur du capitalisme financier se retrouve en procès pour fraude fiscale ! Le 1^er avril 1935, aux Etats-Unis débute le procès d’un des hommes les plus riches du monde. Le banquier Andrew Mellon a construit sa richesse en multipliant les investissements. A son pouvoir économique s’est ajouté le pouvoir politique durant les onze années au cours desquelles il a été ministre des finances de trois gouvernements républicains. Mais les enquêtes du président démocrate Franklin Delano Roosevelt ont montré que Mellon ne respectait pas les lois qu’il imposait aux autres contribuables. En faisant l’histoire de ce procès, Romain Huret, spécialiste des Etats-Unis, président de l’EHESS, interroge la question toujours actuelle des relations entre l’argent et la démocratie. Un entretien avec Valérie Hannin, directrice de la rédaction de L’Histoire.

Quand l’humanité inventa les parures – Rencontre avec Francesco d’Errico

Parures de coquillages, pigmentation du corps, vêtements taillés dans des peaux d’animaux, perles en œufs d’autruche… Depuis au moins 500 000 ans l’humanité a inventé des parures et des vêtements qui ont un rôle de protection, mais aussi symbolique et culturel. Francesco D’Errico, directeur de recherche au CNRS, explore l’origine et l’évolution de ces pratiques, depuis la perte de la fourrure, survenue vers 2 millions d’années. Un entretien avec Philippe Pajot, rédacteur en chef de La Recherche.

Le Forum « Intelligences culturelles - Créer et transmettre dans un monde en mutations »

Le Forum « Intelligences culturelles - Créer et transmettre dans un monde en mutations » organisé par l’Agence nationale de la recherche et le Festival d’Avignon, qui s’est tenu dans la poursuite des Renontres Recherche et Création le 12 juillet 2025, avec l’ONDA et Thalie Santé, en coopération avec l’Afdas et Audiens, a permis une réflexion partagée autour des intelligences culturelles qui contribuent au développement humain et à celui des sociétés. Le forum est programmé à partir d’une réflexion commune et d’un repérage de questions avec les professionnels et les scientifiques. Il a réuni des artistes, de responsables d’institutions culturelles, des représentants des organisations professionnelles, de scientifiques. Les échanges se sont articulés cette année autour de deux thèmes : comment les transformations sociales et politiques influencent-elles les conditions de réception des œuvres ? comment adapter les formes de soutien à la création, à la production et à la diffusion aux mutations économiques et sociales en cours ?

Retrouvez l’édition 2025 du Forum « Intelligences culturelles » et toutes les précédentes

La rencontre et projection : Apprendre par (le) corps

Organisée par le ministère de la Culture (direction générale de la création artistique) avec l’Agence nationale de la recherche, le 12 juillet 2025, à la Maison Jean Vilar, cette rencontre s’inscrit dans le cadre du chantier « Danse en milieu scolaire » à l’initiative du ministère de la Culture en collaboration avec le ministère de l’Education nationale. La projection du film Danse-toi ! de la chorégraphe Julie Gouju et du réalisateur, Brano Gilan, a été suivi d’un échange entre scientifiques, artistes et pédagogues. Ce dialogue a permis d’explorer les multiples savoirs que mobilise la danse et les apports de la pratique de la danse chez l’enfant. Il ouvre de nouvelles perspectives grâce à l’analyse des dimensions corporelles, symboliques, cognitives et sociales, des projets d’éducation artistique et culturelle en danse.

Les trois évènements ont réuni un public très diversifié : grand public, enseignants, scientifiques, étudiants, artistes, pédagogues, représentants professionnels, responsables et membres d'institutions culturelles. Près de 600 personnes ont assisté en présentiel, 1 000 personnes en ligne et les vidéos ont suscité 2 000 vues.

Photo : de gauche à droite, Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon, Emelie de Jong, directrice générale de France Culture, Romain Huret, président de l’EHESS, Claire Giry, Présidente-directrice générale de l’ANR, Pascale Goetschel, professeure en histoire contemporaine à l’Université Paris – 1 Panthéon-Sorbonne, directrice adjointe scientifique de CNRS Sciences humaines & sociale, Emmanuel Laurentin, délégué aux documentaires, France Culture.

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Retrouvez le programme 12e Rencontres Recherche et Création

A (re)découvrir : la brochure de la 1ée édition des Rencontres Recherche et Création

En vidéo : tous les replay des Rencontres Recherche et Création 2025