CE36 - Santé publique, santé et sociétés

Impact des sucres et des maladies parodontales sur les processus cognitifs: une étude épidémiologique et expérimentale – DENTALCOG

Résumé de soumission

Dans nos sociétés vieillissantes, identifier de nouvelles voies pour préserver la santé cognitive est devenu une préoccupation majeure. Dans ce cadre, l’étude de la cavité buccale et des maladies parodontales présente un intérêt croissant. Les maladies parodontales, dont la forme la plus sévère est la parodontite, sont des maladies inflammatoires chroniques dysbiotiques qui détruisent les tissus de soutien des dents, entrainent la perte des dents et peuvent initier ou aggraver des désordres systémiques. Porphyromas gingivalis, un acteur bactérien clef des parodontites, contribue souvent à la dysbiose buccale et est aussi capable de coloniser le cerveau. Ses facteurs de virulence (gingipaïnes), qui ont été retrouvés dans le cerveau de patients atteints de maladie d'Alzheimer (MA), pourraient renforcer les pathologies amyloïde et tau. Ainsi, le cerveau se trouve exposé à des facteurs de virulence immunogènes et à des médiateurs inflammatoires qui pourraient être impliqués dans la pathogenèse de la MA.
Des études récentes ont montré que la consommation des sucres (ie glucides raffinés) qui est excessive dans nos sociétés, est également un facteur de risque commun des maladies parodontales et de la MA. Cette consommation élevée des sucres conduit à l’hyperglycémie, l’hyperinsulinémie puis à terme à l’insulino résistance. A son tour, cette insulino résistance constitue un facteur de risque majeur des maladies parodontales et de la MA.
Prises dans leur ensemble, ces données suggèrent des relations entre consommation des sucres, maladie parodontale et processus cognitifs qui n’ont jusqu’à présent jamais été évaluées en population générale.
Alors que la cavité buccale est une voie majeure de contamination, l’impact des maladies parodontales sur la cognition est encore largement méconnu, car les études dans le domaine présentent de fortes limitations méthodologiques (peu de variables de confusion, peu de domaines cognitifs étudiés, inclusion seulement de sujets âgés, pas d’estimation de la relation "dose-réponse" : de la gingivite à la parodontite). Le projet DentalCog possède les ressources nécessaires pour dépasser ces obstacles méthodologiques.
Les objectifs principaux du projet sont les suivants :
iii) Analyser dans deux cohortes complémentaires en population générale (CONSTANCES et 3C) les interrelations entre consommation des glucides raffinés, maladies parodontales et processus cognitifs, ainsi que les changements associés des biomarqueurs cérébraux et plasmatiques.
iv) Valider les résultats épidémiologiques et décrypter dans un modèle animal (souris 5xFAD) l’impact d’une consommation excessive de sucrose sur la parodontite, la cognition et le microbiote buccal. Une telle étude expérimentale n’est possible que chez l’animal (raisons éthiques et temporelles) et permet aussi de s’affranchir des facteurs de confusion liés au style de vie.
Les cohortes prospectives Constance et 3C fournissent des données complémentaires sur les variables d’exposition (maladies parodontales, consommation des sucres) et les biomarqueurs (IRM et plasma). Des tests cognitifs effectués dans les deux cohortes nous permettent d’évaluer les fonctions cognitives globales, la mémoire, le fonctionnement exécutif, l’attention, la fluidité verbale, la vitesse psychomotrice dès l’âge de 45 ans. 3C comporte aussi un diagnostic étiologique de démence à chaque suivi.
Basé sur le haut niveau de compétences des membres de notre consortium qui ont une expérience solide dans de multiples domaines (épidémiologie, cognition, nutrition, parodontologie, neuropharmacologie, microbiologie et biologie de l’évolution), le projet multidisciplinaire DentalCog combine des approches épidémiologiques et expérimentales dans le but d’offrir l’opportunité de mieux comprendre l’impact des sucres et de la maladie parodontale sur la cognition. Ce projet pourrait être aussi bénéfique en termes de santé publique en ouvrant la voie à de nouvelles stratégies de prévention.

Coordination du projet

Sylvaine Artero (Institut de Génomique Fonctionnelle)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenariat

ISEM Centre national de la recherche scientifique
IGF Institut de Génomique Fonctionnelle
IGF Institut de Génomique Fonctionnelle

Aide de l'ANR 497 946 euros
Début et durée du projet scientifique : January 2023 - 42 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter