Gens de mer des temps modernes : carrières maritimes, attaches littorales et état sanitaire – GEMER

GEMER intègre toutes les archives concernant les gens de mer. Ce projet croise les matricules et les rôles d'équipage avec l'état civil, permettant de suivre chaque marin dans ses navigations (axe A) mais aussi d'étudier ses attaches littorales (famille, habitat, pluriactivité : axe B) et d'avoir une idée plus précise des problèmes concernant la santé ou l'état sanitaire (anthropologie, épidémiologie, rites funéraires : axe C). C'est toute une population des rivages qui sort de la brume sur huit générations, affrontant les crises, les guerres, la maladie, subissant le poids de l'État, s'adaptant aux changements socio-économiques. L'histoire de ces femmes et de ces hommes est rendue possible par la richesse des sources. Celles-ci permettent de reconstituer une culture matérielle et immatérielle forgée par la tradition toujours, le renouveau parfois avec ses inévitables ruptures, qui repose tantôt sur la soumission, tantôt sur la résilience. GEMER est donc une base de données où vont entrer 20.000 gens de mer inscrits sur les registres des classes de 1682 à 1790, en compagnie de leurs familles, ascendantes, descendantes et collatérales, mais aussi avec leurs parents spirituels. Trois territoires de poids et de configuration géographique équivalents ont été choisis : la seigneurie du Plessis-Bertrand avec Cancale, le quartier maritime de la Seudre avec Marennes et l’étang de Berre avec Martigues. Cette recherche permettra de mener à bien une vaste étude d’anthropologie historique en multipliant les mesures sur les trois axes définis qui se complètent, s’épaulent et se croisent. Seront étudiés la durée des carrières, les durées des navigations, l’accidentologie et l’épidémiologie à bord, la mortalité en mer, l’organisation et les formes du travail, la question des salaires. Mais à terre se trouve un enracinement profond et salvateur. Aussi, l’étude portera sur la gestion de l’absence par les épouses, mères, sœurs ou filles, l’agentivité, les solidarités entre femmes, la pluriactivité rapportée aux femmes, les compléments de revenus, les liens avec les représentants de l’Église (les prêtres), avec les représentants de l’État (les officiers de l’amirauté, la sénéchaussée, le commissaire aux classes). L’observation de l’état sanitaire des marins et de leurs familles débouche sur des questions touchant à la fécondité et à la survie, notamment des mères et des jeunes enfants. Le mode de vie particulier de ces populations et les dangers qui guettent les marins ont un impact sur la démographie de ce groupe social. Ses composantes liées à la démographie historique (nuptialité, fécondité, mortalité, mobilités et migrations) seront analysées. Le projet GEMER fournira une base de données en open accès, permettra d’organiser plusieurs journées d’études qui feront l’objet de publications, d’un colloque international avec des actes en anglais et en français, d’un ouvrage qui reprendra l’ensemble des éléments mis en évidence par cette recherche. Un site web sera ouvert. Il est prévu qu’à partir de GEMER, une exposition itinérante soit organisée, prévoyant également le tournage d’un docu-fiction concernant un voyage à la mer du Sud. Ces marins vont surtout à Terre-Neuve, mais ils « découvrent » les Antilles, la traite transatlantique, vont en Méditerranée et enfin, voyagent « à la Chine ». La guerre revenue, ce sont aussi de redoutables corsaires. Un lien fort sera tissé avec les sociétés savantes pour reproduire ce modèle sur d’autres points du littoral ainsi qu’avec les rectorats à destination de l’enseignement secondaire