URBanisations subALternes dans les montagnes TOURistique du Sud et du Sud-Est asiatiques – URBALTOUR
URBanisations subALternes dans les montagnes TOURistiques d’Asie du Sud et du Sud-Est
URBALTOUR analyse les convergences entre logiques urbaines et touristiques à partir des stations d’altitude fondées à l’époque coloniale en Inde, au Sri Lanka, au Vietnam, en Indonésie et en Malaisie.
Comprendre la diversité du fait urbain dans le monde à la lumière du phénomène touristique dans une perspective postcoloniale
Alors que plus de la moitié de la population asiatique vit dans une petite ou moyenne ville, celles-ci restent peu étudiées, surtout par rapport aux métropoles. URBALTOUR entend combler cette lacune en analysant les convergences entre logiques urbaines et touristiques en montagne, à partir des stations d’altitude fondées à l’époque coloniale en Inde, au Sri Lanka, au Vietnam, en Indonésie et en Malaisie. <br /><br />Construites historiquement comme de véritables fronts pionniers, elles continuent de jouer un rôle central dans l’avancée de sociétés urbaines mondialisées en montagne. Souvent, leur population résidente à l’année a augmenté, leur économie s’est diversifiée, et leur fréquentation touristique est désormais largement assurée par une clientèle domestique. En outre, les effets combinés du COVID et du réchauffement climatique renforcent actuellement leur fréquentation : renouant avec leur fonction sanitaire historique, elles font figure de lieux-refuges à la chaleur des villes et aux épidémies qui les frappent. <br /><br />Cette interdépendance entre tourisme et urbanisation dans des espaces aussi vulnérables que les montagnes pose d’évidents problèmes de durabilité, à la fois environnementale, sociale et économique, en témoignent l’exploitation accrue des ressources naturelles à des fins marchandes, la pollution qui accompagne l’artificialisation des espaces et les tensions inter-ethniques entre acteurs locaux dans le partage des richesses. L’approche intersectionnelle des inégalités d’accès à la ressource touristique développée par URBALTOUR permettra d’évaluer les disparités et discriminations à l’œuvre pour faire émerger des alternatives dans un objectif de durabilité. <br /><br />En situant nos terrains d’étude dans les montagnes du Sud et du Sud-Est asiatique, il s’agira non seulement de mieux renseigner cette région où la croissance urbaine est une des plus fortes du monde, mais aussi d’apprendre d’elles pour participer à une nouvelle épistémologie de l’urbain, décentrée de concepts fondés dans les anciens empires coloniaux. Nous posons pour cela les 2 hypothèses suivantes : <br />1/ Le tourisme véhicule de nouveaux modèles urbains, qu’il s’agisse de moyens de transports, d’architectures, d’extensions urbaines ou de modes de gestion. <br />2/ Le tourisme contribue à de profondes restructurations des systèmes d’acteurs en montagne, induisant des modes de gouvernance renouvelés et justifiant des formes de violence dans la production urbaine.<br /><br />Ce faisant, URBALTOUR contribue à l’axe scientifique « Sociétés urbaines, territoires, constructions et mobilités », et plus spécifiquement au champ 1, les territoires de la ville, où il alimente les questionnements relatifs à la croissance, à la morphologie et l’aménagement urbain, aux usages urbains par la mobilité touristique, à la gouvernance et à la mobilisation citoyenne, ainsi qu’à la gestion et à la réhabilitation du patrimoine.
A l’échelle régionale et nationale, il s’agit de dresser un inventaire des stations d’altitude et de mesurer les liens entretenus entre tourisme et urbanisation en alimentant un SIG.
A l’échelle locale, une méthodologie comparée permettra l’étude approfondie de 6 terrains, choisis pour leur représentativité selon 4 axes comparatifs :
1/ Les outils de la production urbaine par et pour le tourisme.
2/ L’utilisation distinctive du patrimoine colonial.
3/ L’appropriation de la montagne par des sites touristiques panoptiques.
4/ Une ethnographie digitale des pratiques urbaines et touristiques à partir des réseaux sociaux.
Dans chacun de ces sites, une approche transcalaire garantira une cohérence à notre dispositif d’enquête, en croisant 4 échelles d’analyse :
• L’échelle régionale, pour comprendre l’insertion de ces stations dans la hiérarchie urbaine.
• L’échelle de l’agglomération pour interroger l’unité urbaine offerte par ces stations.
• L’échelle de secteurs urbains en particulier, qui peuvent faire l’objet de vastes projets d’aménagement.
• L’échelle architecturale de certains bâtiments remarquables de l’époque coloniale, pour comprendre les réappropriations en cours.
Le projet URBALTOUR relève d’un renforcement des collaborations inter-UMIFRE entre l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporaine (IRASEC), pour la partie vietnamienne, malaisienne et indonésienne et l’Institut Français de Pondichéry (IFP) pour la partie indienne et sri-lankaise du projet.
En couvrant de façon transversale les 3 plus grands empires coloniaux européens, le caractère inédit d’URBALTOUR est double :
1/ Il alimente théoriquement le concept d’urbanisation subalterne depuis des terrains négligés par l’expertise et la recherche dans les pays du Sud, trop souvent prisonnières des métropoles. Pour cela, nous enrichirons 2 questions centrales des études urbaines :
a/ Qu’est-ce qu’une ville (problème de qualification, au-delà des classifications administratives et de la référence métropolitaine) ?
b/ Comment se construit la frontière entre villes et campagnes ? Nous proposons ici de renverser la perspective habituelle depuis les marges métropolitaines en analysant cette fois des créations urbaines ex-nihilo en montagne.
2/ Il se concentre sur les flux touristiques domestiques, et non sur le tourisme international, qui a longtemps constitué l’essentiel des études sur le tourisme dans ces pays. Rompant avec cette vision occidentalo-centrée, URBALTOUR analysera les réappropriations locales dont font l’objet ces stations dans une perspective postcoloniale.
La production d’une connaissance fondamentale critique sur l’urbanisation générée par le tourisme dans les montagnes d’Asie du Sud et du Sud-Est contribuera scientifiquement à une meilleure compréhension de la diversité du fait urbain dans le monde. En cela, URBALTOUR utilisera et enrichira les résultats des ANR Suburbin et Vinarosa sur les modes de production urbaine en Asie, non seulement d’un point de vue factuel, à partir d’analyses statistiques, cartographiques et de terrains, mais aussi d’un point de vue théorique. En effet, c’est depuis l’Asie que se pense aujourd’hui le fait urbain mondial, tant les croissances y sont fortes. En outre, nos résultats peuvent s’avérer utiles pour concevoir des instruments de planification et de gouvernance accompagnant un développement urbain durable en montagne, en nourrissant la réflexion des acteurs engagés dans des politiques publiques. En effet, le choix délibéré de se concentrer sur cette urbanisation subalterne, déconsidérée par une recherche et une expertise prisonnière des grandes métropoles, constitue un apport majeur de ce programme : il construit les moyens d’un décentrement du savoir dans une des zones les plus dynamiques du monde, à la fois d’un point de vue urbain et touristique.
La tension existante entre d’une part l’actualité réclamant la production rapide de connaissances par les chercheurs et d’autre part la nécessaire distance critique essentielle à la production d’un savoir plus fondamental nous amène à penser une valorisation à court, moyen et long terme, s’adressant à des publics différents :
- A court-terme : blog Hypotheses.org. ; organisation d’un séminaire hybride trimestriel “ villes et tourisme” et formation à la recherche d' étudiant.e.s.
- A moyen-terme : Un numéro spécial de revue et deux articles scientifiques en Urban et Tourism Studies, écrits avec nos partenaires locaux ; séminaires de présentation de nos résultats avec les autorités locales des stations étudiées, en accord avec le principe FAIR.
- A l'issue du projet : Un colloque international, une exposition itinérante valorisant les données visuelles du projet et une publication collective, sous la forme d’un ouvrage en anglais.
Alors que plus de la moitié de la population asiatique vit dans une petite ou moyenne ville, celles-ci restent peu étudiées, surtout par rapport aux métropoles. URBALTOUR entend combler cette lacune en analysant les convergences entre logiques urbaines et touristiques en montagne, à partir des stations d’altitude fondées à l’époque coloniale en Inde, au Sri Lanka, au Vietnam, en Indonésie et en Malaisie. Construites historiquement comme de véritables fronts pionniers, elles continuent de jouer un rôle central dans l’avancée de sociétés urbaines mondialisées en montagne. Souvent, leur population résidente à l’année a augmenté, leur économie s’est diversifiée, et leur fréquentation touristique est désormais largement assurée par une clientèle domestique. En outre, les effets combinés du COVID et du réchauffement climatique renforcent actuellement leur fréquentation : renouant avec leur fonction sanitaire historique, elles font figure de lieux-refuges à la chaleur des villes et aux épidémies qui les frappent.
Cette interdépendance entre tourisme et urbanisation dans des espaces aussi vulnérables que les montagnes pose d’évidents problèmes de durabilité, à la fois environnementale, sociale et économique, en témoignent l’exploitation accrue des ressources naturelles à des fins marchandes, la pollution qui accompagne l’artificialisation des espaces et les tensions inter-ethniques entre acteurs locaux dans le partage des richesses. L’approche intersectionnelle des inégalités d’accès à la ressource touristique développée par URBALTOUR permettra d’évaluer les disparités et discriminations à l’œuvre pour faire émerger des alternatives dans un objectif de durabilité. Ce faisant, URBALTOUR contribue pleinement à l’axe scientifique « Sociétés urbaines, territoires, constructions et mobilités », et plus spécifiquement au champ 1, les territoires de la ville, où il alimente les questionnements relatifs à la croissance, à la morphologie et l’aménagement urbain, aux usages urbains par la mobilité touristique, à la gouvernance et à la mobilisation citoyenne, ainsi qu’à la gestion et à la réhabilitation du patrimoine.
Pour cela, URBALTOUR pose 2 hypothèses : 1/ Le tourisme véhicule de nouveaux modèles urbains, qu’il s’agisse de moyens de transports, d’architectures, d’extensions urbaines ou de modes de gestion. 2/ Le tourisme contribue à de profondes restructurations des systèmes d’acteurs en montagne, induisant des modes de gouvernance renouvelés et justifiant des formes de violence dans la production urbaine.
La méthodologie du projet est hybride, combinant méthodes quantitatives et qualitatives. A l’échelle macro, il s’agit de dresser un inventaire des stations d’altitude et de mesurer les liens entretenus entre tourisme et urbanisation en alimentant un SIG. A l’échelle micro, une méthodologie comparée permettra l’étude approfondie de 6 terrains, choisis pour leur représentativité selon 4 axes comparatifs : a/Les outils de la production urbaine par et pour le tourisme, b/L’utilisation distinctive du patrimoine colonial, c/L’appropriation de la montagne par des sites touristiques panoptiques, d/Une ethnographie digitale des pratiques urbaines et touristiques à partir des réseaux sociaux.
En couvrant de façon transversale les 3 plus grands empires coloniaux européens, le caractère inédit d’URBALTOUR est double : il alimente théoriquement le concept d’urbanisation subalterne depuis des terrains négligés, participant ainsi à une nouvelle épistémologie de l’urbain, et il se concentre sur les flux touristiques domestiques, et non internationaux, participant à une entreprise de décentrement des savoirs dans une perspective postcoloniale.
Enfin, le projet URBALTOUR relève d’un renforcement des collaborations inter-UMIFRE entre l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporain (IRASEC), pour la partie vietnamienne, malaisienne et indonésienne et l’Institut Français de Pondichéry (IFP) pour la partie indienne et sri-lankaise du projet.
Coordination du projet
EMMANUELLE PEYVEL (Institut de Recherche sur l'Asie du Sud-est Contemporaine)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
IFP Institut Français de Pondichéry
LAM LES AFRIQUES DANS LE MONDE
IRASEC Institut de Recherche sur l'Asie du Sud-est Contemporaine
EVS UMR 5600 - ENVIRONNEMENT, VILLE, SOCIETE
Département d'histoire Université de Toronto
Aide de l'ANR 329 648 euros
Début et durée du projet scientifique :
- 36 Mois