Ontology-based Ancien Régime Data Infrastructure – ObARDI

L’histoire des institutions d'Ancien Régime a été fortement marquée par un métarécit de la construction de l’État qui freine encore notre compréhension des mécanismes sous-tendant son développement. Malgré une ressemblance illusoire du vocabulaire, les catégories de l’État et de la société civile qui nous sont naturelles étaient sans doute étrangères aux sujets d’il y a trois siècles. De plus, nos représentations cognitives de ce qu’est un territoire politique restent limitées par un référentiel géographique qui ne s’est construit que progressivement au cours des dix-huitième et dix-neuvième siècles. Comment, alors, parvenir à une meilleure compréhension des dynamiques de pouvoir qui sous-tendent la construction d’un État moderne, sans se voir limité par cet outillage mental ?

Pour dépasser ces difficultés, nous proposons un système innovant de représentation de la connaissance des dynamiques des institutions d’Ancien Régime à travers l’application d’ontologies aux données historiques : l’Infrastructure de Données d’Ancien Régime basée sur des Ontologies ["Ontology-based Ancien Régime Data Infrastructure" (ObARDI)]. Nous construirons cette infrastructure en quatre temps. Premièrement, nous assemblerons une vaste base de données sur l’environnement local institutionnel, économique, et social des anciennes communes de la France du dix-septième et dix-huitième siècles—une structure qui servira de matrice interopérable pour l’histoire d’Ancien Régime. Deuxièmement, nous intégrerons ces données dans un système d’information pleinement structuré grâce à l’application d’ontologies formelles englobantes qui gèreront la géographie des unités territoriales de base, décriront les sources qui sous-tendent ce matériau et leur contenu, et donneront des outils pour la critique des sources afin de réinventer le laboratoire de l’historien. Troisièmement, nous rendrons notre infrastructure conforme avec les principes de gestion des données FAIR dans la perspective des Données Ouvertes Liées : cette infrastructure sera interopérable et accessible à travers une plateforme web ergonomique qui constituera un outil pour diffuser l’usage des humanités numériques envers différents publics. Enfin, cet environnement nous permettra de créer des outils cartographiques innovants afin de représenter les territoires d’Ancien Régime comme un feuilleté mouvant d’institutions dont les frontières furent structurées par des relations de pouvoir internes.