L’Arctique fait aujourd’hui face à un risque accru de pollution environnementale sous l’effet combiné des changements climatiques et du développement des activités anthropiques. L’augmentation des niveaux des polluants dans l’environnement est préoccupante car ils ont des impacts majeurs sur la biodiversité et sur les écosystèmes. Dans ce contexte, ILETOP propose de s’appuyer sur différentes disciplines (écotoxicologie, chimie environnementale, écologie spatiale, endocrinologie, démographie) et des technologies de pointe (bio-télémétrie, analyse de polluants historiques et émergents, d’isotopes stables et de taux hormonaux, mesure de télomères) afin de réaliser une étude complète et originale de l’exposition des organismes arctiques au polluants environnementaux (organiques et métalliques) et leurs impacts sur les prédateurs marins supérieurs. Plus spécifiquement, ILETOP propose d’évaluer les changements à long-terme du niveau de contamination des oiseaux marins, les variations spatiales et saisonnières de cette exposition ainsi que les impacts physiologiques et écologiques des polluants. Pour cela, ILETOP comparera deux régions arctiques : le Groenland et le Svalbard qui sont deux des principales zones de reproduction pour les oiseaux marins. De plus, ces deux régions font face à des conditions de pollutions contrastées : les concentrations de Polluants Organiques Persistants (POPs) historiques et émergents dans le milieu marin sont plus importantes au Svalbard alors que les concentrations de mercure (Hg) sont plus importantes au Groenland. En effet, ILETOP inclura l’étude des POPs historiques et émergents (e.g. PCBs, PBDEs, NBFRs, PFASs), des Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAPs) et du Hg. Tandis que les niveaux des POPs historiques en Arctique ont diminué au cours de dernières décennies, ils restent présents à des concentrations suffisamment élevées pour affecter les organismes., Les niveaux des POPs émergents, des HAP et du Hg sont en augmentation parallèlement au développement des activités humaines. L’étude des oiseaux marins est essentielle car ils constituent un composant majeur des écosystèmes marins arctiques, mais sont également particulièrement sensibles aux risques de pollution environnementale. Par ailleurs, les oiseaux marins sont considérés comme de puissants bioindicateurs des réseaux trophiques marins, leur étude permettant d’observer l’état de l’ensemble des écosystèmes qu’ils exploitent. Plus précisément, ILETOP se focalise sur trois espèces d’oiseaux marins arctiques nichant au Groenland et au Svalbard : le mergule nain, la mouette tridactyle et le labbe à longue queue. Ces trois espèces présentent des écologies trophiques (alimentation et habitat) différentes ainsi que des patrons de migrations contrastés, permettant d’obtenir des informations pour différents compartiments des écosystèmes et pour différentes régions de reproduction et d’hivernage. ILETOP s’articule autour de 4 axes : (1) examiner les variations spatiales de contamination des prédateurs supérieurs marins Arctiques. (2) Etudier les changements à long-termes de cette contamination. (3) Déterminer les effets hormonaux et écologiques de l’exposition aux polluants. Cet axe de recherche évalue plus spécifiquement le lien entre les niveaux de polluants chez les oiseaux et leurs niveaux hormonaux, leur succès reproducteur, leur vieillissement cellulaire (réduction des télomères) et leur survie. (4) Evaluer les changements saisonniers de contaminations afin de mieux comprendre comment différents patrons de migrations et zones d’hivernage à très large échelle spatiale pourraient affecter les prédateurs marins supérieurs de l’Arctique. Afin de remplir ces objectifs, ILETOP est un projet collaboratif regroupant 5 instituts de recherche français ayant des expertises complémentaires (LIENSs, CEFE, CEBC, BIOGEOSCIENCES, EPOC), ainsi que leurs réseaux de collaborations internationales (e.g. NPI et NINA en Norvège, Univ. d’Aarhus au Danemark).
Monsieur Paco Bustamante (UMR 7266 Laboratoire Littoral Environnement et Sociétés - Equipe "Réponses des Animaux MARins à la variabilité Environnementale")
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
CEBC-CNRS Centre d'Etudes Biologiques de Chizé
EPOC Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux
CEFE Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive
LIENSs UMR 7266 Laboratoire Littoral Environnement et Sociétés - Equipe "Réponses des Animaux MARins à la variabilité Environnementale"
Biogéosciences UB Biogéosciences Université de Bourgogne
CEBC Centre d'Etudes Biologiques de Chizé
Aide de l'ANR 626 960 euros
Début et durée du projet scientifique :
octobre 2016
- 48 Mois