La société face aux changements de « qualité » des eaux de surface (France, XIXè-XXè siècles) – MAKARA
La Directive Cadre Européenne sur l’eau a contribué à modifier en profondeur le regard porté sur nos eaux, leur gestion et leurs vulnérabilités. Ce projet qui mobilise historiens, géographes, politologues, juristes, sociologues, géochimistes, hydrologues et ingénieurs, a pour ambition de revisiter le concept de qualité des systèmes hydriques selon une approche pluri-disciplinaire, alliant sciences environnementales et sciences de l’environnement, c’est-à-dire analyse des discours et descriptions de l’état du milieu, afin de comprendre comment la notion de qualité a été définie par de multiples acteurs au cours des XIXe et XXe siècles, mais aussi quelle en est sa part socialement construite, quelles sont les ruptures ou les changements dans la conception de la qualité, et comment la société a réagi à ces changements « réels » ou socialement construits.
Perceptions, réglementations et observations du milieu sont les trois piliers conceptuels de Makara. Ils sont nécessairement à la source car sans eux, il n’y a pas d'objectivisation possible, et ils sont indispensables dans l'aboutissement comme moyens d'évaluation des politiques menées. L'analyse historicisée de ces trois piliers est ainsi un fil directeur qui permet à la fois d'évaluer les relations homme-milieu telles qu'elles sont idéalisées par la société et de contextualiser les volontés et aboutissements des politiques, d'évaluer les lenteurs, les blocages et les accélérations.
Les terrains étudiés sont les bassins hydrographiques tels que définis par la loi de 1964, et plus particulièrement les bassins de la Seine, de la Loire et du Rhône, ainsi que la Bretagne, ce qui permettra de considérer des échelles spatiales et des peuplements humains très variés (1000 à 100 000 km2 ; 20000 à 17M habitants).
Le projet comprend deux autres niveaux englobant ces trois piliers : une approche par études de cas relatives à des problèmes identifiés (produits chimiques, altération biologique, …) dont l’analyse fine permettra, pour chacun de ces cas, de mettre en évidence des décalages entre les approches des trois premiers thèmes. Une synthèse qui inclura une généralisation de l’étude des décalages entre perceptions, réglementations et mesures.
Une montée en généralité sera effectuée à trois niveaux : (i) la Commission Internationale pour la Protection des eaux du lac Léman, commission transfrontalière franco-suisse mise en place en 1962, qui oblige la France à se confronter à des exigences de qualité plus élevées que celles qu’elle appliquait jusque-là (ii) Le cas de la DCE. Son articulation avec la vision française de la qualité des eaux, son impact sur l’harmonisation européenne des politiques de gestion des eaux. (iii) Une mobilisation de la connaissance d’autres terrains par les chercheurs impliqués dans le programme pour tenter de dégager des grandes lignes à l’échelle des grands systèmes hydrologiques occidentaux.
L’objectif est d’arriver à une histoire de la qualité de l’eau des milieux qui mette en avant des trajectoires variées, des perceptions des changements de la qualité dont la genèse n’est pas toujours en relation avec ce que la mesure de la qualité déclare, des qualités définies par des réglementations qui ne reprennent qu’une part de ce qui était exprimé dans les discours et qui n’intègrent que difficilement les mesures sur le terrain, des mesures qui ne permettent que partiellement de répondre aux exigences des réglementations. On essaiera également de mettre en évidence l’évolution historique de ces décalages, les formes de convergence et de différentiations entre les terrains étudiés, le rôle des configurations et des types de pressions à différentes échelles (locales, régionales, nationales, ..), ou l’influence de la publicisation plus ou moins forte des débats.
Coordinateur du projet
Madame Laurence Lestel (UMR Sisyphe Structure et fonctionnement des systèmes hydriques continentaux) – laurence.lestel@sorbonne-universite.fr
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
IRSTEA (ex.-Cemagref) Institut de recherche en sciences et techniques de l'environnement
UMR ESO UMR Espaces et Sociétés
UMR 8504 UMR 8504 Géographie-cités
EA 6293 GéHCo Géo-Hydrosystèmes continentaux
UMR 7619 UMR Sisyphe Structure et fonctionnement des systèmes hydriques continentaux
Aide de l'ANR 579 545 euros
Début et durée du projet scientifique :
décembre 2012
- 48 Mois