Formes et conditions de sortie de la vulnérabilité sociale en milieux populaires – FSVMP

Le projet de recherche « Formes et conditions de sortie de la vulnérabilité sociale en milieux populaires » porte sur les parcours de « vulnérabilité sociale » dans les milieux populaires, plus précisément dans les fractions des classes populaires les plus « fragilisées » par la faiblesse de leurs ressources économiques, par la précarité de l’emploi, par les conditions et lieux d’habitation ou encore par la faiblesse du capital scolaire et habitant, dans les « zones urbaines sensibles ». Il propose d’étudier la genèse des parcours et de comprendre les conditions favorisant le maintien ou au contraire la sortie de la vulnérabilité. Il s’agit d’analyser les transformations des supports et des ressources au cours des processus de vulnérabilité, les manières dont les individus et les institutions construisent des supports et des ressources permettant de résister et de sortir des situations fragiles, et les conditions dans lesquelles ces supports sont amenés à interagir et à se recomposer dans des parcours marqués par la vulnérabilité.L’affaiblissement ou la mobilisation de différents supports seront étudiés : relationnels (réseaux de sociabilité familiaux ou amicaux), socioprofessionnels, collectifs (entraides sociales, soutiens associatifs), psychologiques (thérapie, transformation de soi, travail d’écoute), matériels (économiques, résidentiels et spatiaux), institutionnels (prise en charge dans des dispositifs institutionnels spécifiques). De ce point de vue, une attention particulière sera portée aux effets conjugués, positivement ou négativement, des dispositifs institutionnels mis en œuvre pour aider les individus et les familles vulnérables, du travail d’aide et de solidarité dans des associations locales, et des « ressources » dont disposent les populations, que celles-ci soient relationnelles, dispositionnelles, matérielles… La recherche s’intéressera ainsi aux reconfigurations qui s’opèrent au long des parcours de vie dans les milieux populaires, que ces reconfigurations interviennent lors d’un changement biographique inattendu (d’emploi, de position sociale, de mise au chômage, de changement imposé de résidence, de recomposition familiale) ou que la vulnérabilité se produise au long d’un parcours biographique en cumulant des difficultés, comme des parcours scolaires conduisant à une rupture scolaire, des parcours d’insertion professionnelle combinant plusieurs formes d’insécurité, des parcours familiaux ou relationnels complexes, des parcours résidentiels changeants et incertains. Ces reconfigurations relationnelles seront envisagées en ce qu’elles supposent et impliquent des processus de socialisation, portent la potentialité ou la nécessité de transformations de soi, redistribuent, compensent ou renforcent les ressources et agissent sur les économies psychiques des individus. Nous nous attacherons aussi à comprendre comment les savoirs, savoir-faire, les compétences, peuvent être inadaptés aux situations produisant de la vulnérabilité sociale, et réciproquement nous étudierons les conditions de conversion de ces dispositions et les modes d’acquisition des nouveaux savoir-faire et savoirs être liés aux processus de socialisation qui sont générés par les situations de vulnérabilité. La recherche s’effectuera sur plusieurs terrains et à propos de plusieurs populations : les parcours de jeunes sortis prématurément de l’école et sans qualification, les parcours de familles dans des quartiers populaires soumis aux rénovations urbaines et les associations de femmes dans les quartiers populaires. La justification de cette diversité apparente de situations se trouve dans l’objectif de réaliser une typologie des logiques d’entrée, d’aggravation et de sorties de la vulnérabilité sociale en milieux populaires, ce qui conduira à adopter un protocole de recherche commun aux différents terrains.