CE28 - Cognition, éducation, formation tout au long de la vie

Traits de personnalité individuels et Emotion dans la boucle Perception-Action – IN-PACT

IN-PACT

Traits individuels et Emotion dans la boucle perception-Action

Quelle place pour les émotions dans la boucle Perception-Action?

Les émotions peuvent être vues comme une interface entre un individu et son environnement, préparant le corps à agir à travers des tendances à l'action d'approche ou d'évitement. Cependant, malgré leur signification fonctionnelle, les émotions ne sont jamais examinées à travers le prisme de la boucle perception-action. Certaines études ont examiné comment la perception de stimuli émotionnels affectait les tendances à l'action, mesurées à travers des auto-questionnaires, des tâches utilisant un joystick, ou plus directement grâce à des enregistrements posturographiques mesurant le balancement du corps dans des tâches de perception passive de stimuli émotionnels. Alors que la perception de visages exprimant le dégoût ou la joie induit respectivement des comportements d'évitement ou d'approche, les tendances à l'action associées à la colère, la tristesse ou la peur sont débattues. Les résultats contradictoires portant sur ces expressions pourraient être dus à des différences dans les traits individuels des participants qui accentueraient les tendances d'approches et d'évitement. A notre connaissance, aucune étude ne s'est encore intéressée à l'influence des tendances à l'action sur la perception des émotions. Le principal objectif du projet est d'intégrer les émotions dans la boucle Perception-Action en tant que prédispositions à agir et d'examiner comment les traits individuels de personnalité peuvent moduler ces relations. Nous postulons que 1/ les tendances à l'approche et à l'évitement, considérées comme la volonté de diminuer ou d'augmenter la distance physique avec les stimuli de l'environnement devraient induire des changements perceptifs chez l'observateur et que 2/ les traits individuels renforçant les tendances à l'action devraient induire des performances différentes dans des tâches perceptives et motrices.

Ces hypothèses sont testées dans quatre workpackages, en combinant pour la première fois sur un grand nombre de participants des mesures oculomotrices/posturographiques, des performances perceptives dans des tâches portant sur des stimuli sociaux ou non-sociaux, et des réponses à des auto-questionnaires. Le premier WP a pour objectif d'examiner les interactions entre la perception des expressions faciales et les tendances à l'action mesurées par des enregistrements posturographiques en fonction des traits individuels. Le second WP vise à tester si l'exploration oculomotrice d'un stimulus social est modifiée selon l'expression présentée et les traits individuels de l’observateur. Le troisième WP examine si les traits individuels, renforçant les tendances à l'action modulent la perception de stimuli non-sociaux. Enfin, le quatrième WP reproduit certaines des tâches des WP1 et 2 auprès des participants présentant des traits hypomaniaques et schizotypiques afin d'examiner s'ils présentent des tendances à l'action exacerbées qui modifieraient en conséquence leur perception.

Le WP1 a mesuré les tendances à l’action par des enregistrements posturographiques en manipulant deux indices sociaux clés: la direction du regard d’autrui et la distance interpersonnelle. Dans la tâche 1, la perception du regard d'autrui a été indexée par le cône de regard direct (CoDG) se référant à la largeur sur laquelle un observateur sent que le regard de quelqu'un est dirigé vers lui. Un CoDG large indique que l'observateur perçoit le visage comme le regardant lorsque la direction du regard est ambigue. Les résultats montrent un CoDG plus large pour des visages en colère et dégoûtés et plus étroit pour les visages craintifs. De plus, les expressions faciales combinées à la direction du regard influencent la stabilité posturale des participants, mais pas les comportements d'approche-évitement. Dans la tâche 2, à l'aide d'une tâche perceptive de jugement de distance préférée pour une interaction sociale de face-à-face, les visages exprimant la colère et le dégoût, suivis des visages affichant la peur, puis la tristesse, sont maintenus à une plus grande distance par les participants par rapport aux visages affichant la neutralité ou la joie. De même, le comportement simulé des autres (visages en approche ou en retrait) véhiculant ces différentes émotions de base a un retentissement sur la stabilité posturale des participants et leurs tendances à l'action indexées par le déplacement du centre de pression vers l’avant ou l’arrière. Plus précisément, les participants présentent une tendance à l’approche face à des visages heureux et neutres, et dans une moindre mesure des visages craintifs et tristes. Ils présentent un comportement d’immobilisation (freezing) lorsqu'ils sont exposés à des visages dégoûtés et reculent en réponse à des visages en colère. Certains traits individuels et états émotionnels (par exemple, extraversion, névrosisme, colère, anxiété) modulent la relation entre l'émotion et la direction du regard/la régulation de la distance interpersonnelle.

Notre projet de recherche devrait contribuer à faire avancer les connaissances théoriques sur les relations perception-action et émotion. En mettant les émotions au cœur de la boucle perception-action, notre projet mettra en lumière comment la perception des émotions influence les tendances à l'action et, de manière plus innovante, comment les tendances à l'action modulent également la perception des stimuli sociaux et même non sociaux. De plus, alors que le lien entre le traitement des émotions et les traits individuels est une thématique très actuelle dans la littérature, donner un rôle central aux traits individuels dans les processus perceptifs et moteurs est nouveau et devrait impacter les modèles théoriques de contrôle sensorimoteur. Au-delà de ces considérations scientifiques, une compréhension plus unifiée des interactions entre émotion, perception-action et traits individuels est essentielle, notamment dans le domaine clinique pour concevoir des outils d'évaluation et de remédiation adaptés aux pathologies qui affectent le comportement social. En particulier, mieux comprendre le rôle des émotions dans la boucle PA chez les personnes présentant des traits de personnalité schizotypiques ou hypomaniaques offre un cadre utile pour comprendre le développement de la schizophrénie et des troubles du spectre bipolaire afin d'élaborer des stratégies de prévention et de limiter l'impact sur l'éducation et la formation des jeunes. Enfin, notre projet pourrait également avoir un grand impact dans le domaine de l'éducation. Une meilleure connaissance de l'influence des traits individuels sur le comportement de l'apprenant aidera sans aucun doute les enseignants à les prendre en compte afin de gérer et d'améliorer l'interaction au cours de l'apprentissage

Les premiers résultats dans le cadre de cette ANR ont fait l’objet de deux manuscrits actuellement en révision ou soumis.

Les émotions peuvent être vues comme une interface entre un individu et son environnement. Il n'est donc pas surprenant que les émotions se soient vues assignées une fonction motivationnelle, i.e. préparant le corps à agir à travers des tendances à l'action d'approche ou d'évitement. Cependant, malgré leur signification fonctionnelle, les émotions ne sont jamais examinées à travers le prisme de la boucle perception-action. Certaines études ont examiné comment la perception de stimuli émotionnels affectait les tendances à l'action, mesurées à travers des auto-questionnaires, des tâches utilisant un joystick, ou plus directement grâce à des enregistrements posturographiques mesurant le balancement du corps dans des tâches de perception passive de stimuli émotionnels. Alors que la perception de visages exprimant le dégoût ou la joie induit respectivement des comportements d'évitement ou d'approche, les tendances à l'action associées à la colère, la tristesse ou la peur sont débattues. Les résultats contradictoires portant sur ces expressions pourraient être dus à des différences dans les traits individuels des participants qui accentueraient les tendances d'approches et d'évitement. A notre connaissance, aucune étude ne s'est encore intéressée à l'influence des tendances à l'action sur la perception des émotions. Le principal objectif du projet est d'intégrer les émotions dans la boucle Perception-Action en tant que prédispositions à agir et d'examiner comment les traits individuels de personnalité peuvent moduler ces relations. Nous postulons que 1/ les tendances à l'approche et à l'évitement, considérées comme la volonté de diminuer ou d'augmenter la distance physique avec les stimuli de l'environnement devraient induire des changements perceptifs chez l'observateur et que 2/ les traits individuels renforçant les tendances à l'action devraient induire des performances différentes dans des tâches perceptives et motrices. Nous testerons ces hypothèses dans quatre workpackages, en combinant pour la première fois sur un grand nombre de participants des mesures oculomotrices/posturographiques, des performances perceptives dans des tâches portant sur des stimuli sociaux ou non-sociaux, et des réponses à des auto-questionnaires. Dans le premier WP, nous examinerons les interactions entre la perception des expressions faciales et les tendances à l'action mesurées par des enregistrements posturographiques en fonction des traits individuels. Dans le second WP, nous examinerons si l'exploration oculomotrice d'un stimulus social est modifiée selon l'expression présentée et les traits individuels de l'observateur. Dans le troisième WP, nous examinerons si les traits individuels, renforçant les tendances à l'action modulent la perception de stimuli non-sociaux. Enfin, dans le quatrième WP, certaines des tâches des WP1 et 2 seront conduites avec des participants présentant des traits hypomaniaques et schizotypiques afin d'examiner s'ils présentent des tendances à l'action exacerbées qui modifieraient en conséquence leur perception. Ce projet devrait fournir une occasion unique de parvenir à une vision intégrée de la place des émotions et du rôle majeur des traits individuels dans la boucle perception-action.

Coordinateur du projet

Madame Dorine VERGILINO PEREZ (Laboratoire Vision Action Cognition)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

C2S Cognition, Santé, Société
ISIR Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique
UPDESCARTES -EA 7326 Laboratoire Vision Action Cognition

Aide de l'ANR 336 950 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2019 - 48 Mois

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