L’engagement citoyen dans la science

Le 17 octobre, l’Agence nationale de la recherche (ANR) organisait au Palais du Luxembourg le colloque « L’engagement citoyen dans la science » et publiait à cette occasion le premier bilan de son programme « Science avec et pour la société ». Retour sur cette matinée, au cours de laquelle les résultats de 10 projets soutenus par l’ANR ont été présentés.

En présence de Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace, le colloque a réuni près de 180 participants, chercheurs, chercheuses, décideurs publics, associations, qui œuvrent tout au long de l’année sur le terrain pour renforcer le dialogue entre la science et la société. Il était parrainé par Pierre Ouzoulias, vice-président du Sénat, membre de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) et de la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport, et par Laure Darcos, sénatrice, vice-présidente de la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport.

Deux nouvelles priorités pour l’ANR

À l’ouverture de la matinée, Philipe Baptiste a annoncé que « l’ANR accompagnera deux nouvelles priorités afin de renforcer le dialogue science-société en le mettant au cœur de l’action publique. Tout d’abord, la science en appui aux politiques publiques et aux territoires. L’ANR lancera donc prochainement un nouvel appel à projets SAPS "co-construction des politiques publiques par l’expertise scientifique". La deuxième priorité que portera l’ANR, c’est la lutte contre la désinformation. Vous le savez, c’est un enjeu scientifique, éducatif, mais aussi démocratique. »

Laure Darcos a souligné qu’« à l’heure des grands bouleversements sociétaux, de la perte de rationalité dans nos sociétés, de la mise en cause de la légitimité de la science, de la perte de crédit de la parole scientifique, de la prolifération des fausses informations et du développement exponentiel de l’intelligence artificielle, le renforcement des liens entre science et société relève de l’urgence absolue. ».

« Les attaques ne sont pas seulement des attaques contre la science, ce sont des attaques contre la rationalité, et nous avons besoin aujourd’hui de faire comprendre la démarche scientifique pour expliquer qu’un fait scientifique ce n’est pas une opinion. Ce qui est en jeu, c’est le statut de la science et le statut du chercheur », a également précisé Pierre Ouzoulias lors de la clôture de l’événement.

Pour répondre à ces défis, « depuis 2021, grâce à la Loi de Programmation de la Recherche, les missions de l’ANR se sont enrichies d’une dimension nouvelle : repenser, réinventer les relations entre la recherche et les citoyens, faire de la science une aventure collective, partagée avec le plus grand nombre », a rappelé Claire Giry, Présidente-directrice générale de l’ANR.

Les dynamiques du dialogue science-société

À l’occasion du colloque, l’ANR a publié le premier bilan de son programme « Science avec et pour la société », qui a permis, depuis 2021, le financement de 123 projets, à travers 5 appels à projets thématiques (Recherche-Action).

Conformément aux dispositions de la Loi de programmation de la recherche (LPR) qui prévoit que l’ANR consacre 1 % de son budget d’intervention au renforcement du dialogue entre science et société, l’Agence a créé un programme d’appels à projets « Science avec et pour la société » (SAPS). Par ce programme, l’ANR entend contribuer à favoriser le partage d’une culture scientifique commune, à faire participer le plus grand nombre à la recherche et aux progrès de la connaissance et à (re)donner toute sa place à la science au sein du débat public.

A découvrir dans le premier bilan du programme SAPS de l’ANR :

Les dispositifs et les chiffres clés du programme
16 projets parmi les 123 lauréats des appels "Médiation et communication scientifiques", "Recherches participatives" et "Ambitions innovantes".

Consulter le bilan

10 de ces 123 projets ont fait l’objet d’une présentation lors du colloque, autour de 4 thématiques, mises en perspective par Carole Caranta (INRAE), Gilles Bloch (Muséum national d’Histoire naturelle) et El-Mouhoub Mouhoud (Université Paris Sciences et Lettres), grands témoins de la matinée.

1- Gouvernance, démocratie, territoires

Projet COUDRIER – CO-construction d’Usages Durables des Ressources et des Infrastructures d’une Eau devenant Rare, présenté par Philippe Amiotte Suchet, Biogéosciences, CNRS–Université de Bourgogne et Cécile Guénon, Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne - MPOB
Projet PERFECTAE – Participation et Échanges Ruraux de Foncier : Expérimentation Collective pour la Transition AgroÉcologique, présenté par Timothée Fouqueray, IODE, CNRS–Université de Rennes
Projet ASSTER – Relations Associations Territoires. Vers un nouveau paradigme ?, présenté par Floriant Covelli, Institut français du monde associatif et Sarra El Idrissi, Université de Haute-Alsace

2- Recherches participatives et transition écologique

Projet Ne jamais laisser une bonne crise se perdre (Churchill) – Bora-Bora, présenté par Mathieu Lambert, Ecole Estienne
Projet FERMENTS AGRI-ALIMENTAIRES II – Fermes Et Réseaux Mobilisés Ensemble dans la Transformation des Systèmes Agri-alimentaires, présenté par Damien Roumet, Fédération Terre de Liens et Luisa Salieri, UMR Territoires, AgroParisTech–INRAE–UCA–VetAgroSup.
Projet ESPOIRS – Étude de la réponse des estrans aux changements globaux par les sciences participatives, présenté par Marine Jacquin, Association Planète Mer, et Cam-Ly Rintz, Muséum national d’Histoire naturelle.

3- Défiance à l’égard de la science et désinformation

Projet KIDIVAX – Évaluation d’impact d’un kit pédagogique et de communication concernant la vaccination pour un public jeune, présenté par Hugo Mercier, Institut Jean Nicod, CNRS–EHESS–PSL, et Elena Pasquinelli, Fondation La main à la pâte.
Projet TEMOINS3945 – Témoignages de la Seconde Guerre mondiale pour la Mémoire et pour l’Histoire, présenté par Denis Peschanski, CESSP, CNRS–EHESS–Université Paris 1, et Thierry Berkover, Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

4- Solutions concrètes à l’échelle de la ville

Projet AUTISENCITE – Autisme et sensorialité dans la ville, présenté par Marie Pieron, Centre Neurosciences intégratives et Cognition, CNRS-Université Paris Cité et Emma Desvallois, Association Campus urbain.
Projet SURE BA – Solutions pour une résilience urbaine (Haute-Alsace), présenté par Rolland Pellenq, Institut Européen des Membranes, CNRS–Université de Montpellier et Quentin Czerwiec, Association Savoirs vivants.

Lors de la dernière table ronde, les intervenants ont été invités par Valérie Fromentin, ancienne responsable du département Sciences humaines et sociales de l’ANR, à faire part de leurs retours d’expérience sur le programme SAPS. Sylvie Retailleau, ancienne Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ancienne Présidente de l’Université Paris-Saclay, Professeure de l’Université Paris-Saclay, François Millet, directeur de projets sciences et société au Dôme, centre de culture scientifique, technique et industrielle, Caen et El-Mouhoub Mouhoud, président de l’Université Paris Sciences et Lettres sont revenus sur les stratégies mises en place, illustrées par des exemples d’actions déployées.