L'Usine du futur
Stimuler le renouveau industriel : retour sur dix ans de recherche
Même si les enjeux industriels ont été prégnants dans le débat public depuis plusieurs décennies, ils prennent aujourd’hui une place majeure, tant dans une perspective de préservation de la compétitivité industrielle de la France que pour des raisons liées à la souveraineté du pays. À ces considérations d’ordre économique et géopolitique, s’ajoutent désormais l’urgence climatique et les attentes en termes de développement durable qui réinterrogent les systèmes de production et le modèle industriel.
Il y a un peu plus de dix ans, s’imposait le concept d’« industrie 4.0 » : une promesse de convergence entre deux mondes, celui du numérique et celui de l’industrie. Depuis, les ambitions se sont élargies. L’industrie de demain ne peut plus se concevoir sans penser ses relations avec la société et l’environnement, d’une part, et sans prendre en compte l’émergence et les usages de l’intelligence artificielle, d’autre part.
Dès 2013, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’était saisi du sujet lors de la mise en place de la nouvelle stratégie pour la recherche, le transfert et l’innovation « France Europe 2020 », en identifiant, parmi les neuf défis sociétaux majeurs, un défi pour « Stimuler le renouveau industriel ». Ce défi s’était notamment traduit dans le Plan d’action 2014 de l’ANR par la création d’un axe scientifique dédié à « l’Usine du futur », dont les objectifs et le contenu s’appuyaient sur les conclusions de l’atelier de réflexion prospective FUTURPROD lancé fin 2011 par l’ANR.
Dix années plus tard, on peut dresser un premier bilan : 178 projets ont été financés sur cette thématique de l’Usine du futur, entre 2014 et 2023, pour un montant d’aide total approchant les 100 millions d’euros. Ce soutien s’est manifesté non seulement dans le cadre de l’Appel à projets générique, et notamment de l’axe scientifique dédié au sujet, mais également par le biais d’autres dispositifs de financement, notamment pour soutenir la recherche partenariale publique-privée, les collaborations européennes et internationales, ou encore via les programmes de France 2030.
Ce cahier de l’ANR revient sur cette décennie d’engagement. Il en présente un bilan en termes de résultats scientifiques, de structuration de communautés, de collaborations entre les acteurs de la recherche publique et le monde industriel et d’ouverture à l’international.
Ce bilan interroge l’évolution de la notion même d’industrie du futur à l’aune des défis climatiques, technologiques et sociaux actuels, et réaffirme le rôle essentiel de la recherche pour y répondre.
Claire Giry, Présidente-directrice générale de l’Agence nationale de la recherche (ANR)