ANR X EHESS : Le croisement des disciplines est crucial pour une analyse fine et complète des inégalités et des vulnérabilités
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"Les sciences sociales face aux inégalités et vulnérabilités"
Romain Huret, directeur de l’EHESS qui accueillait l’événement dans ses locaux, a ouvert cette matinée d’échanges. Soulignant la montée en puissance des thématiques des inégalités et des vulnérabilités dans le champ des SHS, il a en retracé brièvement l’évolution, autrefois marginales et désormais au cœur des préoccupations académiques. Il y a trente ans, la pauvreté et les inégalités étaient des sujets peu explorés en France ; "nous étions peu nombreux à travailler sur ces questions", a-t-il rappelé, évoquant ses travaux initiaux sur la pauvreté aux États-Unis. Aujourd’hui, elles ont gagné une place centrale en SHS.
Vulnérabilités : le nouveau paradigme
Pour le directeur de l’EHESS, on observe une transition récente dans les approches scientifiques : si le terme "inégalités" a longtemps dominé, celui de "vulnérabilités" semble désormais mieux refléter les enjeux actuels. Cette notion élargit la réflexion et s’accompagne d’une volonté accrue de dialogue interdisciplinaire, notamment avec les sciences dures. Ces collaborations, selon lui, sont essentielles pour renouveler les paradigmes et approfondir les recherches. Il est aussi revenu sur l’importance de mener des bilans, comme celui-ci, afin de d’apporter un regard réflexif reflétant l’évolution des thématiques en sciences sociales.
Le savoir pour transformer la société
Romain Huret a également insisté sur la responsabilité sociale des SHS. "Il y a une attente très forte que notre savoir dépasse les murs de l’université". Face à des expressions de colère sociale, en France comme ailleurs, les travaux sur les inégalités et les vulnérabilités répondent à une urgence politique et sociétale, a-t-il ajouté. Pour lui, le rôle des chercheurs et des chercheuses est de contribuer à améliorer la vie collective, mettant en lumière des problématiques essentielles et proposant des solutions. "Nous ne travaillons pas dans une tour d’ivoire", a-t-il conclu, saluant l’importance d’investir temps et ressources pour renforcer cette mission collective.
"La recherche, un moteur clé pour éclairer et agir sur les inégalités"
Claire Giry, PDG de l’ANR, est revenue sur le rôle de l’ANR dans le soutien et la valorisation des recherches sur les inégalités et les vulnérabilités. De fait, depuis sa création en 2005, l’Agence finance des projets issus de tous les domaines scientifiques, avec une attention croissante pour les SHS. Ces efforts ont permis à de nouvelles équipes de participer à des projets et d'enrichir les perspectives de recherche comme le montre le panorama des 744 projets financés depuis 20 ans dans le Cahier : inégalités, vulnérabilités, solidarités, société : bilan des actions et des projets financés 2005 – 2023.
Les recherches soutenues par l’ANR ne se limitent pas à des publications : elles s’ancrent dans des collaborations avec des acteurs publics, privés et associatifs. "Ces projets démontrent que la recherche n’est pas déconnectée du terrain, mais contribue à éclairer les politiques publiques et à répondre aux enjeux de justice et de cohésion sociale", a-t-elle affirmé, citant des projets de recherche sur des thèmes variés comme la santé, l’éducation ou l’environnement.
Promouvoir l'impact des sciences sociales
Claire Giry a également insisté sur l’importance d’approches croisées et multidimensionnelles pour traiter des inégalités, "un sujet complexe qui traverse toutes les disciplines". En plus des SHS, des recherches en santé publique, en environnement ou encore sur les changements globaux alimentent cette réflexion essentielle dans le contexte actuel. Elle a également appelé à valoriser la recherche et à renforcer son rôle dans l’élaboration des politiques publiques. "Nous avons besoin des sciences sociales pour comprendre les transformations sociétales et nourrir les débats. Ce sont des recherches rigoureuses, fondées sur des données et des méthodes, et elles doivent être au cœur de nos décisions collectives." Claire Giry a ainsi réaffirmé la mission de l’ANR : soutenir une recherche diversifiée et porteuse d’impacts, indispensable pour relever les défis de notre époque.
Comprendre et agir sur les inégalités : une approche transversale
En fin d’introduction de cette matinée, Catherine Courtet, responsable scientifique à l’ANR, a souligné le rôle clé de l’ensemble des projets présent dans le Cahier pour analyser et répondre aux inégalités et vulnérabilités à travers différents prismes. Au-delà de la simple observation des inégalités, Catherine Courtet a insisté sur l’importance d’étudier les conditions d’inclusion, la protection des populations vulnérables et l’exercice de la citoyenneté. Elle a évoqué les ressources mobilisées par les individus, le rôle des institutions et les réflexions sur la justice sociale comme axes essentiels des recherches soutenues. Les projets permettent ainsi de saisir les formes, les évolutions et l’aggravation des inégalités, thématiques transversales pour analyser les sociétés. "Comprendre les inégalités, c’est comprendre les transformations sociales" a-t-elle précisé, en mettant en lumière l’apport de disciplines variées comme la sociologie, l’économie, le droit ou l’épidémiologie.
Les échanges se sont ensuite poursuivis autour de deux thèmes principaux :
- Dynamique des inégalités et sentiment d’injustice – Catherine Courtet a animé ce volet en explorant les discriminations et leur perception par les citoyens.
- Cohésion sociale et mécanismes de protection – Centré sur les droits, les politiques publiques et l’efficacité des mécanismes de redistribution, ce second axe a été présenté par Rainer Maria Kiesow (EHESS).
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L’événement « Inégalités et vulnérabilités : analyses, perceptions et politiques publiques »
Le replay de la matinée ANR X EHESS « Inégalités et vulnérabilités »
