Matières animales et mondialisation biomédicale par les Suds. Sociologie des usages pharmaceutiques de la vie animale dans l’Océan indien – ANIPHARM
Sociologie des usages pharmaceutiques de la vie animale dans l’océan Indien
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enjeux et objectif
L’industrie pharmaceutique recourt à la vie animale ou à des matériaux d’origine animale lors de différentes étapes de l’innovation et de la fabrication. C’est le cas par exemple des souris utilisées comme cobayes lors de la phase d’innovation, ou encore de la graisse d’origine porcine employée dans la fabrication de la gélatine qui enrobe les gélules médicamenteuses. Ce phénomène a été peu étudié par les sciences sociales. Celles-ci ont certes documenté l’expérimentation animale, en particulier dans le cadre d’une réflexion sur l’éthique expérimentale ; elles ont en revanche prêté peu d’attention aux usages industriels de la vie animale lors du processus de production pharmaceutique (matières premières) ; ou encore aux étapes de collecte et d’élevage des animaux pour un marché transnational. Elles n’ont surtout jusqu’à présent pas proposé d’interprétation des usages de la vie animale englobant le contexte de l’industrie et de ses dynamiques marchandes mondialisées, et couvrant simultanément les enjeux de l’innovation, de la production, de la distribution.<br /><br />Pour pallier ce manque, le projet AniPharm analyse les usages pharmaceutiques de la vie animale à partir d’enquêtes menées dans l’océan indien. Il soumet l’hypothèse que ces usages reflètent une logique d’articulation du domaine des sciences du vivant aux institutions marchandes, saisie par la notion de « biocapital ».
Le principal appui empirique du projet est une série de quatre études de cas, analysées au moyen d’entretiens semi-directifs et d’un travail ethnographique : les chimpanzés vendus par l’île Maurice comme cobayes, la gélatine d’origine porcine ou bovine produite en Afrique du Sud pour être employée dans la fabrication de médicaments, la peau d’âne produite au Kenya et employée par la médecine traditionnelle chinoise, les écailles de pangolin braconnées en Inde et au Sri Lanka pour alimenter les marchés d’Asie du Sud-Est. Le choix de cette localisation permet de souligner la contribution des pays en développement et de leurs populations à l’industrie pharmaceutique.
Ancré avant tout dans les études sociales sur les sciences, le projet mobilise différents courants de recherche : les études animales, la socio-anthropologie des marchés, les études de la mondialisation « par le bas », les études sociales de la pharmacie.
en cours
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L’industrie pharmaceutique recourt à la vie animale ou à des matériaux d’origine animale lors de différentes étapes de l’innovation et de la fabrication. C’est le cas par exemple des souris utilisées comme cobayes lors de la phase d’innovation, ou encore de la graisse d’origine porcine employée dans la fabrication de la gélatine qui enrobe les gélules médicamenteuses. Ce phénomène a été peu étudié par les sciences sociales. Celles-ci ont certes documenté l’expérimentation animale, en particulier dans le cadre d’une réflexion sur l’éthique expérimentale ; elles ont en revanche prêté peu d’attention aux usages industriels de la vie animale lors du processus de production pharmaceutique (matières premières) ; ou encore aux étapes de collecte et d’élevage des animaux pour un marché transnational ; surtout jusqu’à présent elles n’ont pas proposé d’interprétation des usages de la vie animale englobant le contexte de l’industrie et de ses dynamiques marchandes mondialisées, et couvrant simultanément les enjeux de l’innovation, de la production, de la distribution.
Pour pallier ce manque, le projet AniPharm analyse les « usages pharmaceutiques de la vie animale » à partir d’enquêtes menées dans l’Océan indien. Il soumet l’hypothèse que ces usages reflètent une logique d’articulation du domaine des sciences du vivant aux institutions marchandes, saisie par la notion de « biocapital », dont ils rendent saillants certains mécanismes. Le premier de ces mécanismes est le renouvellement des modes de « commodification » (transformation à l’état de marchandise) de la vie animale dans le cadre d’une conjonction de secteurs – agricole, industriel, pharmaceutique. Le deuxième est le rôle crucial – et fréquemment escamoté - rempli dans les marchés biomédicaux par des catégories d’acteurs sociaux précaires (pêcheurs, éleveurs, braconniers par exemple). Le troisième est la persistance de l’échange inégal entre nations développées et « en développement » sur les marchés biomédicaux mondialisés, mais aussi l’importance croissante de ces inégalités dans les relations entre pays en développement et pays dits « « émergents ». Les pays les moins développés fournissent notamment des matières premières, parfois au détriment de leurs propres besoins (alimentaires par exemple), pour contribuer à fabriquer des médicaments auxquels leurs populations n’ont pas toujours accès.
Le principal appui empirique du projet est une série de quatre études de cas, analysées au moyen d’entretiens semi-directifs et d’un travail ethnographique : les chimpanzés vendus par l’île Maurice comme cobayes, la gélatine d’origine porcine ou bovine produite en Afrique du Sud pour être employée dans la fabrication de médicaments, la peau d’âne produite au Kenya et employée par la médecine traditionnelle chinoise, les écailles de pangolin braconnées en Inde et au Sri Lanka pour alimenter les marchés d’Asie du Sud-Est. Le choix de cette localisation permet de souligner la contribution des pays en développement et de leurs populations à l’industrie pharmaceutique. Le projet est interdisciplinaire : coordonné par un sociologue, il associe en outre deux équipes partenaires à l’étranger, dont les responsables sont une anthropologue et un économiste. Ancré avant tout dans les études sociales sur les sciences, il mobilise différents courants de recherche : les animal studies, la socio-anthropologie des marchés, les études de la mondialisation « par le bas », les études sociales de la pharmacie.
La contribution du projet porte sur plusieurs niveaux. Au niveau analytique, il explique la convergence entre logiques scientifiques, techniques et marchandes au sein des marchés biomédicaux mondialisés, et il souligne le poids de cette évolution pour les pays en développement. Au niveau organisationnel, le projet permet de structurer le réseau international dans lequel s’inscrit le coordinateur, et de consolider son inscription au sein de son laboratoire et de son réseau de recherche proche.
Coordinateur du projet
Monsieur Mathieu Quet (Centre population et développement)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
CEPED Centre population et développement
Jawaharlal Nehru University / Centre for Studies in Science Policy
University of the Witwatersrand / Department of Anthropology
Aide de l'ANR 260 780 euros
Début et durée du projet scientifique :
novembre 2019
- 36 Mois
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