DS0801 - Innovations

La Prise de Décision et les Changements de Croyances en situation d'Incertitude Sévère: Une Approche basée sur la Confiance – DUSUCA

DUSUCA

La Prise de Décision et les Changements de Croyances en situation d'Incertitude Sévère: Une Approche basée sur la Confiance

Objectifs

Comment les gouvernements devraient-ils décider face aux incertitudes radicales telles que celles que l’on trouve dans les changements climatiques, dans le choix de politique énergétique, autour des organismes génétiquement modifiés ou des nanotechnologies ? Comment les scientifiques devraient-ils intégrer de nouvelles preuves, encore peu concluantes, dans leur état actuel de connaissance et d’incertitude ? La théorie normative dominante en philosophie et en économie, le bayesianisme, semble incapable de donner des réponses satisfaisantes à ces questions. L’objectif principal de ce projet est de répondre à la question fondamentale : quelle notion de rationalité convient alors pour les risques nouveaux et les incertitudes extrêmes auxquels nous, en tant que société, sommes confrontés de nos jours ? Nous développerons une théorie normative de la prise de décision et des changements des croyances, basée sur l’idée que la confiance que l’on a dans sa croyance a un rôle à jouer dans la décision et l’apprentissage. Nous en tirerons des conséquences pour la décision publique et nous commencerons à appliquer la théorie dans des situations concrètes d’incertitude extrême. Enfin, nous travaillerons pour sensibiliser les acteurs impliqués dans les processus de décision à l’importance de ces questions fondamentales et aux réponses possibles. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />

Ce projet mobilisera des méthodes théoriques dévéloppés dans la théorie de la décison économique, l'analyse conceptuel, de la sorte pratiquée en philosophie de la connaissance, philosophie de la décision, philosophie morale et philosophie des sciences, et des techniques expérimentales provenant de l'économie comportemental et des domaines limitrophes. Il y aura également une rencontre avec la pratique actuelle dans des parties pertinentes des domaines comme l'ingénierie, les sciences climatiques, l'analyse du risque et les statistiques.

Comment devrait-on décider en situation d'incertitude extrême? Ce projet développe une réponse qui reconnaît à la confiance que nous avons dans nos croyances un rôle dans la décision. Celui-ci se résume dans la maxime suivante: plus la décision est importante, plus on exige de confiance dans les croyances sur lesquelles on s’appuie pour la prendre. Nous montrons en outre que, selon une gamme de critères normatifs, l'approche développée ici constitue la meilleure réponse existante à cette question.

Quand devrait-on «defer« une décision - la déférer à autrui ou la différer à un autre moment? Nous développons la première théorie qui reconnaît un rôle pour la confiance, selon l'intuition que son absence peut être une raison pour laisser une décision ouverte. Il permet de rendre compte des cas de «deferral« qui échappent aux théories existantes.

Comment les conclusions du GIEC devraient-elles informer les choix de politique environnementale? Cette question se pose - et d'ailleurs, ne connaît pas de réponse à l'heure actuelle - en grande partie car le GIEC se sert d'un langage d'incertitude qu'il a développé spécifiquement, mais qui ne fournit pas les valeurs précises de probabilité requises par le modèle standard en décision (le Bayesianisme). Nous y apportons la réponse: selon l'approche basée sur la confiance développée dans ce projet. En effet, celle-ci est la seule existante à mobiliser toutes les ressources fournies par le GIEC, sans avoir besoin de jugements qu'il ne peut pas formuler dans son langage.

Dans des situations d'incertitude extrême, des croyances peuvent être imprécises mais elles peuvent aussi varier selon les acteurs, tout comme leurs valeurs. Comment devrait-on agréger ces attitudes pour mieux informer la décision sociale? Face à des résultats d'impossibilité connus, nous montrons qu'une procédure raisonnable existe, en proposant de nouvelles méthodes d'agrégation pour ce cas.



Il y a une profusion de représentations des croyances et de théories de décision qui prétendent traiter l'incertitude extrême de manière plus adéquate que le modèle bayésien. Mais laquelle devrait-on utiliser si l'on veut décider de manière rationnelle? La première tentative explicite d'identifier les critères normatifs pour les modèles non bayésiens des croyances et de la décision, et d'évaluer les principaux théories dans la littérature philosophique et économique selon eux, fournit la réponse: l'approche basée sur la confiance développée dans ce projet. Ses qualifications normatives sont plus fortes que les autres propositions existantes.

Cette approche s'appuie non seulement sur des croyances d'un décideur (qu'il soit un individu ou une société), mais aussi sur la confiance qu'il a dans ses croyances. De telles informations peuvent-elles être pourvues pour les décisions les plus difficiles, telles celles concernant la politique environnementale? La réponse est étonnante: non seulement on peut les fournir, mais elles y sont déjà! L'état actuel des connaissances scientifiques sur le changement climatique et ses impacts est résumé périodiquement par le GIEC, mais leurs rapports sont rédigés dans un langage d'incertitude spécifiquement développé. Non seulement ce langage (et donc leurs rapports) fournit précisément l'information requise par l'approche basée sur la confiance développée dans ce projet, mais elle est la seule procédure de décision existante qui peut utiliser pleinement les ressources fournies par le GIEC sans avoir besoin de jugements plus riches qui ne peuvent pas être formulés dans son langage. Ainsi, non seulement la politique climatique ressort comme un domaine idéal pour l'application de l'approche proposée, mais, vue la conclusion précédente, celle-ci fournit une justification inattendue des pratiques du GIEC.

Des recherches futures exploreront cette interface, ainsi que l'autre question centrale, celle du changement des croyances.

1. R. Bradley, C. Helgeson, B. Hill, Climate Change Assessments: Confidence, Probability and Decision, Philosophy of Science, forthcoming.

2. E. Danan, T. Gajdos, B. Hill, J-M. Tallon, Robust Social Decisions, American Economic Review 106(9): 2407-25, 2016.

3. B. Hill, Incomplete Preferences and Confidence, Journal of Mathematical Economics, 65: 83-103, 2016.

4. C. Helgeson, E Thompson, R Frigg, Expert Judgement for Climate Change Adaptation, Philosophy of Science, 83 : 1110–1121, 2016.

Comment les gouvernements devraient-ils décider face aux incertitudes radicales telles que celles que l’on trouve dans les changements climatiques, dans le choix de politique énergétique, autour des organismes génétiquement modifiés ou des nanotechnologies ? Comment les scientifiques devraient-ils intégrer de nouvelles preuves, encore peu concluantes, dans leur état actuel de connaissance et d’incertitude ? La théorie normative dominante en philosophie et en économie, le bayesianisme, semble incapable de donner des réponses satisfaisantes à ces questions. L’objectif principal de ce projet est de répondre à la question fondamentale : quelle notion de rationalité convient alors pour les risques nouveaux et les incertitudes extrêmes auxquels nous, en tant que société, sommes confrontés de nos jours ? Nous développerons une théorie normative de la prise de décision et des changements des croyances, basée sur l’idée que la confiance que l’on a dans sa croyance a un rôle à jouer dans la décision et l’apprentissage. Nous en tirerons des conséquences pour la décision publique et nous commencerons à appliquer la théorie dans des situations concrètes d’incertitude extrême. Enfin, nous travaillerons pour que les acteurs impliqués dans les processus de décision soient sensibilisés à l’importance de ces questions fondamentales et aux réponses possibles.

Coordination du projet

Brian Hill (Groupement de Recherches et Etudes en Gestion à HEC)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

GREGHEC Groupement de Recherches et Etudes en Gestion à HEC
GREGHEC Groupement de Recherches et Etudes en Gestion à HEC

Aide de l'ANR 198 972 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 36 Mois

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