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Cultures des Révoltes et des Révolutions – CURR

Cultures des Révoltes et Révolutions

Le projet CURR (Cultures des Révoltes et Révolutions) analyse l’emploi des productions culturelles, entendues comme des prises de parole contestataires médiatisées par l’écriture, l’oralité et l’image, et les moyens de leur communication au cours des révoltes. Il se donne pour terrain d’observation les mouvements politiques collectifs qui marquèrent une rupture de la norme et de l’ordre en Europe tout au long du processus de construction de l’Etat moderne, du XIVe au début du siècle XVIIIe s.

Des productions culturelles insurgées aux moyens d’expression révoltés

Par l’expression de « révoltes et révolutions », le programme considère les événements contestataires quand ils expriment une volonté de rupture politique avec l’ordre en place, qu’il s’agisse de volonté d’un retour mythique à « l’âge d’or » (ce que d’aucuns ont qualifié de « conservatisme révolutionnaire ») ou d’une aspiration à un changement de régime politique. Les deux termes de « révolte » et de « révolution » sont conjointement et indifféremment employés dans ce programme pour éviter le débat sur la qualification a posteriori des événements par les historiens eux-mêmes selon leur opinion. La désignation de l’action par les protagonistes fait en revanche partie du champ étudié. Seule est prise en compte dans ces mouvements l’interruption collective et violente de la norme établie. <br />Pour comprendre ces révoltes et révolutions des 14e au 18e siècles, les constructions culturelles sont des indices qui témoignent de ces mouvements collectifs tout en se transformant au cours de ces mêmes mouvements. Elles sont volontairement construites (manifestations, chansons, images, informations manuscrites ou imprimées, périodiques, etc.), ou spontanément utilisées par les révoltés. Elles relèvent de l’immédiateté (mots d’ordre, cris, gestes, discours), toujours dans le but de se doter d’armes politiques de combat. L’étude de la médiatisation des contestations s’entend donc ici dans un sens large qui s’applique à un répertoire varié de productions culturelles inscrites dans le champ même de l’action politique. <br />Si le travail sur les productions culturelles des révoltes est souvent présenté comme difficile à cause du manque de sources émanant des acteurs des révoltes, jugés analphabètes, le constat de l’existence de modalités d’expression diverses par le biais de ces productions autorisent leur étude, via les affiches, les chansons, les images, les gravures, les mémoires, les contes, etc.<br />

Les apports méthodologiques de l’histoire culturelle pour analyser ces objets d’expression culturels autorisent l’examen de leurs conditions de réalisation, les circuits de leur diffusion nationale et internationale, les phénomènes de transferts et d’appropriation, les modalités de réceptions différenciées, et les divers usages qui en ont été faits.
La diversité des aires culturelles étudiées suppose une méthodologie comparative respectueuse des règles de la contextualisation historique. La réflexion sur des sources de natures différentes pour interroger l’émergence d’une culture politique impose des procédures adaptées à la diversité des sociétés anciennes : il ne peut être question d’utiliser le même schéma pour tous les espaces quand les évolutions dans certains domaines peuvent diverger, à l’image du servage entre les principautés d’Europe occidentale et celles d’Europe orientale. De même, on ne peut juger de la même manière la fonction de l’iconographie des révoltes dans les mondes méditerranéens et dans les sociétés anglo-saxonnes. Par cette enquête d’ordre méthodologique, les interrogations collectives doivent mener à la confrontation des notions qui en sont issues, comme la place de l’identité communautaire, du sacré ou de l’oubli dans les productions culturelles nées des révoltes et révolutions. Le programme CURR se donne pour objectif de recomposer un panorama des réalisations des révoltes en opérant par comparaisons géographiques et en discernant de possibles évolutions, convergentes ou divergentes, à l’échelle de l’Europe.
Une autre ambition de ce projet réside dans le décloisonnement sur le plan méthodologique. L’association de plusieurs champs – « civilisationniste » et historien – favorise des approches diversifiées tout en profitant de connaissances et de savoir-faire pluridisciplinaires. Nous intégrons également des collègues d’histoire de l’art et d’art du spectacle, en particulier par un post-doctorat consacré à l’iconographie des révoltes.

Parmi les travaux terminés, on note la parution d’un volume dirigé par S. Haffemayer, le Spectacle de l’Histoire, PUR, Rennes, 2015, sur les révoltes et soulèvements d’Ancien Régime qui furent portés au cinéma.
Deux manuscrits sont déposés : le premier aux éditions de la Casa de Velázquez est dirigé par A. Hugon et A. Merle ; il s’intitule Soulèvements, révoltes et révolutions dans la monarchie espagnole au temps des Habsbourg : sources, moyens d’expression et légitimation. (16 chapitres et 18 contributeurs). Le second Rhythms of Revolt. European Traditions and Memories of Social Conflict in Oral Culture est dirigé par Eva Guillorel, David Hopkin et Will Pooley. Nous espérons que ces 2 volumes verront le jour au début 2016.
Certains axes du programme ont avancé leurs travaux. L’axe « images et révoltes » inaugure une coopération avec l’équipe du programme Early-modern revolts as communicative events, basée à Constance (Allemagne) pour réaliser une base de données conçue en commun. Une convention de partenariat a été conclue avec la Bibliothèque Mazarine afin d’accueillir dans ses murs l’exposition « Les images et les révoltes du XIVe au XVIIIe siècle ». Un emploi post-doctoral a été recrutée pour un an à partir du 1e septembre 2015, après appel à communication et audition : Tiphaine Gaumy archiviste paléographe et docteure en histoire moderne.
L’axe « propagande et communication » organise un workshop d’une journée, à l’université de Dijon le 10 septembre 2015 pour réaliser un livre collectif sur Révolte et communication.
L’axe « résilience et mémoire » organise en partenariat avec l’université P. de Olavide de Séville et l’université de Paris IV un colloque de 3 jours à la Casa de Velázquez de Madrid les 10-12 décembre 2015, alors qu’un ouvrage sur les espaces et la révolte est en cours de structuration (P. Bravo, J.-C d’Amico).

En septembre 2015, l’enquête collective sur les images et les révoltes débute et durera un an. Elle permettra d’alimenter la base de données collaborative sur les images des révoltes et de préparer l’exposition qui se tiendra à la Bibliothèque Mazarine à partir de novembre 2016 pour trois mois. Un colloque international se tiendra dans ces murs afin d’inaugurer l’exposition. Par ailleurs, l’élaboration d’un ouvrage devrait rassembler d’une part les œuvres exposées et d’autre part des contributions scientifiques en relation avec l’exposition et la thématique de l’iconographie des révoltes.
Par ailleurs, les 6 thématiques possèdent toutes des objectifs, soit de réunir des articles, soit de préparer un ouvrage collectif, soit de réaliser la tenue d’un colloque international.
De ce fait, des contacts sont pris avec divers éditeurs et diverses revues, déjà pressentis et certains ayant donné leur accord pour accueillir des travaux qui seront déposés à partir de la fin de l’année 2015.
Par ailleurs, la tenue du site internet offre un espace de rencontre et de diffusion aux recherches entreprises ; une bibliographie et une chronologie doivent y prendre place comme doivent être précisés les nombreux liens internet avec des programmes qui sont proches des thématiques de CURR. Dans une perspective d’élargissement des collaborations, le programme CURR s’efforce de contacter les projets internationaux qui s’intéressent aux révoltes et révolutions d’Ancien Régime et d’entreprendre des recherches communes car seules des perspectives européennes et internationales et des pratiques pluridisciplinaires – réunissant historiens, historiens de l’art, politistes, sociologues, civilisationnistes. –, peuvent rendre compte de la diversité des cultures développés par les révoltes d’Ancien Régime

Depuis janvier 2014 et l’obtention du programme CURR, les réalisations des 13 membres de l’ANR CURR sur la thématique des cultures de révoltes et des révolutions du XIVe au début du XVIIIe siècles comptent 33 interventions en France, sous la forme d’articles dans des revues à comité de lecture (8), de chapitres ou de livres en français (18) ou encore sous forme de communications ou de conférences (8). A l’international, 17 conférences ont été prononcées, 6 livres ou chapitres de livres ont été rédigés et 4 articles ont été publiés dans des revues à comité de lecture.
Des actions de diffusion ont été entreprises, par l’animation d’une table ronde propre au programme ANR CURR aux Rendez-vous de l’histoire consacré aux Rebelles, tenus à Blois en octobre 2014, avec la participation de G. Aubert, d’Y.-M. Bercé, A Hugon et S. Vergnes alors que 2 membres participaient à 2 autres table-ronde.
Une opération de récupération est lancée en juin 2015, avec l’appui logistique du programme CURR, pour conserver les archives de l'enquête de Jean Nicolas sur La Rébellion française (stockage au CERHIO-Rennes ; lancement d'une réflexion sur l’exploitation et la valorisation du fond avec en particulier Aurélie Hess, IE-CNRS Renan Donnerh, bibliothécaire, et Philippe Hamon).

Publications multipartenaires Publications monopartenaires
International
Revues à comité de lecture 4 -
Ouvrages ou chapitres d’ouvrage 6 -
Communications (conférence) 17 -
France
Revues à comité de lecture 7 1
Ouvrages ou chapitres d’ouvrage 18 -
Communications (conférence) 8 -
Actions de diffusion Articles vulgarisation
- -
Conférences vulgarisation 11 -
Autres
3 1

Dans le cadre de CURR, les réalisations monopartenaires propres au programme ANR CURR sont encore peu nombreuses car elles engagent des actions collectives qui ont été décidées lors de la première réunion de consortium, c'est-à-dire en mars 2014. De ce fait, les premières publications issues des seuls rencontres CURR paraissent à peine

Le projet CURR (Cultures des Révoltes et Révolutions) s’inscrit dans le renouvellement de l’étude des cultures politiques au sein des sciences humaines et sociales. Il propose d’analyser l’emploi des productions culturelles, entendues comme des prises de parole contestataires médiatisées par l’écriture, l’oralité et l’image, et les moyens de leur communication et de leur diffusion au cours des révoltes et des révolutions. Il se donne pour terrain d’observation les mouvements politiques collectifs qui marquèrent une rupture de la norme et de l’ordre établis dans les anciennes sociétés européennes tout au long du processus de construction de l’Etat moderne, de la fin du Moyen-Âge jusqu’au début du siècle des Lumières. L’usage du souvenir de ces révoltes par les révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle conduit à prolonger l’analyse, pour ce versant mémoriel, jusqu’en 1799.
Les principales thématiques des productions culturelles nées des révoltes qui seront traitées au sein du projet CURR sont rassemblées dans six axes de recherche : mots et gestes de la révolte ; iconographie et révoltes ; propagande, communication, diffusion et circulation ; investissement et structuration de l’espace révolté ; narratologie de la révolte ; enjeux de la mémoire des révoltes et révolutions. L’ambition est de jeter les bases d’une histoire culturelle du rejet collectif de la norme politique dans les sociétés européennes pré-industrielles, de contribuer à son analyse par une approche diversifiée des sources, de favoriser une meilleure connaissance des formes d’interruption politique et ainsi d’éclairer par l’expertise historique l’expression culturelle des phénomènes de révoltes et de révolutions.
Porté par deux unités mixtes de recherche et une équipe d’accueil, le projet CURR réunit 15 chercheurs français permanents. Ces 3 équipes (CRHQ, CERHIO, ERLIS) fédèrent la grande partie des membres du projet, auxquelles s’ajoutent 5 autres chercheurs de différentes universités. Ces historiens et civilisationnistes universitaires constituent le socle du projet CURR. Quelques collègues, docteurs, agrégés, et parfois émérites, travaillant sur les thématiques du programme, contribueront également à certains axes proposés. Par ailleurs, nous sommes en relation étroite avec une dizaine de chercheurs étrangers provenant de 7 pays d’Europe qui appartiennent à des centres universitaires dont les sujets de recherches sont proches du programme CURR. Conçu en France, le projet CURR se donne pour objectif de consolider et d’élargir ce réseau international, en associant des démarches pluridisciplinaires venues d’horizons géographiques différents et en proposant des réflexions collectives à diverses échelles. Il s’appuie pour cela sur un travail préliminaire entamé depuis deux ans et concrétisé à travers plusieurs journées d’études, colloques et séminaires internationaux, qui ont permis d’éprouver les hypothèses initiales de recherche, de constituer un premier réseau de chercheurs spécialistes de ces problématiques et de définir clairement les objectifs et les enjeux du projet soumis à l’ANR. Le projet CURR donnera lieu à des productions scientifiques de formats variés (séminaires et colloques, publications d’articles et d’ouvrages, participation à des revues en ligne, exposition et catalogue dans un cadre muséal, site internet, productions pédagogiques) en français et en d’autres langues qui auront pour ambition de renouveler, à l’échelle internationale, la réflexion problématique et les connaissances historiques quant à la compréhension politique et culturelle des révoltes et révolutions de l’Europe moderne.

Coordination du projet

Alain HUGON (Centre de Recherche et d'Histoire Quantitative) – alain.hugon@unicaen.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ERLIS Équipe de Recherche sur les Littératures, les Imaginaires et les Sociétés
CERHIO Centre de Recherches Historiques de l’Ouest
TEMPORA TEMPORA
CRHQ Centre de Recherche et d'Histoire Quantitative

Aide de l'ANR 209 414 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2013 - 42 Mois

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