CEP&S - Changements Environnementaux Planétaires & Sociétés

Rôle des activités d’élevage dans les processus d’adaptation et de réduction de la vulnérabilité des sociétés méditerranéennes face aux changements globaux – ELVULMED

L’élevage dans les processus sociaux et spatiaux d’adaptation face aux changements globaux

Le bassin méditerranéen est confronté à d'importantes pressions naturelles et humaines. L’élevage a toujours joué un rôle structurant de l’espace et de l’économie des ménages, notamment grâce à sa capacité d’adaptation aux conditions difficiles. Le projet ELVULMED propose de comprendre les rôles des activités d’élevage dans la réduction de la vulnérabilité à l’échelle des ménages et du territoire.

Rôles de l’élevage dans la réduction de la vulnérabilité et les processus d’adaptation

Le bassin méditerranéen est confronté à d'importants changements de son environnement : urbanisation et pression démographique sur les ressources naturelles (sol, foncier, eau) ; changement climatique marqué par une aridification du milieu. Le projet exploratoire ELVULMED vise à analyser les rôles des activités d’élevage dans la réduction de la vulnérabilité à l’échelle des ménages et du territoire face au changement global et à identifier les principaux déterminants des processus d’adaptation à partir de deux études cas en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA, France) et Matrouh (NWCZ, Egypte). Le projet doit permettre d’intégrer les différentes approches et échelles de la vulnérabilité pour développer un modèle conceptuel sur les processus d’adaptation face au changement global dans les territoires d’élevage de la Méditerranée. Pour cela, le projet propose de confronter une analyse systémique de la vulnérabilité à l’échelle des ménages et des territoires, une analyse des changements historiques qui ont affecté l'utilisation des ressources et une analyse des représentations et perceptions des enjeux à venir. Les scénarios sur les processus d’adaptation serviront à identifier de futures actions de recherche et de développement avec les collectivités locales et/ou nationales associées au projet.

Pour comprendre la complexité des processus d’adaptation aux changements, le projet ELVULMED propose d’intégrer les approches agronomiques, socio-économiques, géographiques, anthropologiques et historiques de la vulnérabilité dans un cadre d’analyse commun : DPSIR (Drivers, Pressure, States, Impact, Responses). Les « drivers » et « pressures » sont définies à partir de l’analyse des changements globaux les plus prégnants sur le milieu socio-écologique, les « states » propose une analyse fine de la vulnérabilité à l’échelle des ménages et des territoires à partir d’enquêtes détaillées, de relevés agronomiques et d’entretiens, « Impact » et « Responses » seront analysés à travers une approche historique et anthropologique des représentations sur le changement qui définissent le cadre des processus d’adaptation possible et les scénarios envisageables. L’approche par enquête détaillée permet de produire des informations sur le degré de vulnérabilité et pauvreté des ménages ; l’approche géographique des risques et des vulnérabilités collectives (issus des interactions entre agents et ressources) permet de définir en quoi les actions/interactions collectives avec le milieu sont à la fois sources et réducteurs de vulnérabilité. L’analyse rétrospective des changements et de leur représentation permettra de définir des scénarios inscrits dans l’histoire et le ressenti du milieu socio-écologique.

Une première typologie de la diversité de la vulnérabilité à l’échelle de ménages en fonction des risques externes (intensité des changements globaux) et des risques internes (capacités propres à chaque ménage) est en cours de réalisation à Matrouh (Egypte). Les premiers résultats mettent en exergue 2 principaux facteurs qui ont accru le degré de résilience des ménages durant la dernière sécheresse (1995-2010) : les dotations en foncier sur la zone de bas fonds et oueds (wadi) ; le degré de diversification hors agricole lui-même lié en partie au cheptel épargné avant 1995. Il s’agit à présent de lier les différents rôles épargne-investissement ou épargne de précaution de l’élevage face aux changements globaux.
Les premières analyses sur la vulnérabilité à l’échelle des territoires reposent sur la superposition des couches d’occupations du sol (issues de Corine Land Cover) en 1990, 1999 et 2006 en PACA, pour lesquelles ont été identifiées à dire d’expert les principales évolutions interférant avec la vulnérabilité des élevages, et les modalités d’usage de ces espaces. Les premiers résultats dans le Haut Var montrent un maintien de l’activité d’élevage depuis 1980 contrairement aux prévisions de déclin. Les principaux mécanismes d’adaptation reposent sur les dynamiques territoriales de la zone côtière au sud où se situent à la fois le marché des circuits courts, mais aussi les espaces d’affourragement hivernal des troupeaux (forêts publiques, interstices de l’urbanisation, reconversion de surfaces viticoles).
Ces premiers résultats constituent des base de données et informations originales pour les acteurs du terrain qui s’avèrent à présent vraiment intéressés à participer dans le cadre de comité technique du projet.

La perspective finale est bien de modéliser les dynamiques passées et en cours, ainsi que définir des scénarios de changement dans les deux zones étudiées et d’identifier la place et les rôles de l’élevage dans les processus d’adaptation ou de réduction de vulnérabilité face aux changements globaux. Il s’agit d’un projet exploratoire visant à intégrer différentes approches de la vulnérabilité et résilience dans le cadre d’un modèle conceptuel issu des observations de terrain. Ce modèle doit être une première étape vers une approche interdisciplinaire de la vulnérabilité et résilience.

Un papier a été soumis à la revue Autrepart sur les principaux processus d’adaptation mis en place face à la dernière sécheresse (1995-2010) dans la région de Matrouh. Une communication a été faite au IRC 2011, et constituera un chapitre du livre correspondant. Un projet de communication, qui sera suivi d’un article, a été également soumis pour la conférence IFSA. D’autres papiers sont en cours de réalisation sur les approches vulnérabilité et résilience.

Le bassin méditerranéen est confronté à d'importants changements de son environnement :(i) urbanisation et pression démographique sur les ressources naturelles (sol, foncier, eau); (ii) changements d’habitudes alimentaires en lien avec les dynamiques culturelles et (iii) changement climatique marqué par une aridification du milieu. En raison de son lien historique et culturel avec l'environnement naturel et social, l’élevage et plus particulièrement celui des petits ruminants a toujours joué un rôle structurant de l’espace et de l’économie des ménages, notamment grâce à sa capacité d’adaptation aux conditions difficiles. Au Sud de la Méditerranée, l’élevage a su se développer à la périphérie des zones urbaines (systèmes hors sol). Au Nord, les activités d’élevage se sont maintenues dans les arrières pays en valorisant des ressources marginales (sous-produits de culture ou terres incultes). Néanmoins, si les activités d'élevage se sont adaptées aux changements à court terme, leur durabilité à moyen et long terme demeure incertaine.

Le projet exploratoire ELVULMED vise à analyser le rôle des activités d’élevage dans la réduction de la vulnérabilité à l’échelle des ménages et du territoire face au changement global et à identifier les principaux déterminants des processus d’adaptation à partir de deux études cas au Nord et au sud de la Méditerranée.

L’adaptation des systèmes d’élevage et leur rôle dans la réduction de la vulnérabilité implique de comprendre, caractériser et quantifier, les interactions entre les activités d'élevage, l'utilisation durable des ressources naturelles à l’échelle des unités individuelles de production et du territoire, et l'accès au marché. Ceci pose des questions d’imbrication des multiples fonctions des activités d'élevage et de leurs effets directs et indirects sur l'environnement, sur la société et l'économie. Ceci suppose l’intégration des échelles de temps et d’espace dans un cadre de recherche pertinent. Il s’agira de déterminer les principaux paramètres-clés permettant de modéliser les interactions entre (1) les activités humaines (associées à l'élevage et la gestion des ressources), (2) le développement territorial (en termes d'inégalités sociales, de migrations, de sécurité alimentaire, d’utilisation des sols et de l’eau, et de gestion des paysages) et (3) le changement global.

En conséquence, nous proposons un projet exploratoire qui vise à intégrer les différentes approches et échelles de la vulnérabilité pour développer un modèle conceptuel sur les processus d’adaptation face au changement global dans les territoires d’élevage de la Méditerranée. Il est basé sur 2 tâches : 1) comprendre le rôle de l’élevage dans la réduction de la vulnérabilité à l’échelle des exploitations et du territoire ; 2) analyser les capacités d’adaptation des systèmes d’élevage au changement global en se basant sur l’analyse des changements historiques qui ont affecté l'utilisation des ressources (terre et eau) et l’analyse des représentations et perceptions des enjeux à venir. Le projet portera sur un recueil de données sur les évolutions actuelles et passées (informations archivées), la réalisation d'enquêtes rétrospectives, mais aussi une approche des tendances futures par le biais d’enquêtes sociologiques et anthropologiques portant sur les perceptions et les représentations des changements par les acteurs locaux.

Ce projet s’appuie sur des études de cas de deux zones contrastées du pourtour méditerranéen (Nord de l’Egypte, Sud de France) afin d'identifier et d'analyser la diversité des processus d'adaptation en fonction du contexte historique, culturel et socio-économique et l'ampleur des changements environnementaux vécus et perçus. A partir de ces situations contrastées, un modèle conceptuel sera proposé pour être ensuite validé sur un plus grand panel de situations dans la zone circumméditerranéenne.

Coordination du projet

Véronique ALARY (CENTRE DE COOPERATION INTERNATIONALE EN RECHERCHE AGRONOMIQUE POUR LE DEVELOPPEMENT - CIRAD -) – veronique.alary@cirad.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CIRAD CENTRE DE COOPERATION INTERNATIONALE EN RECHERCHE AGRONOMIQUE POUR LE DEVELOPPEMENT - CIRAD -
INRA-SAD INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE - CENTRE DE MONTPELLIER

Aide de l'ANR 293 780 euros
Début et durée du projet scientifique : - 24 Mois

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