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Mieux soigner les maladies mentales grâce à la psychiatrie de précision - PEPR PROPSY

Par Gabrielle Lacombe

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Mis à jour le 10/10/2025

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24/10/2023

Mieux soigner les maladies mentales grâce à la psychiatrie de précision - PEPR PROPSY

Lauréat de la deuxième vague de l’appel à programmes de recherche exploratoire de France 2030, PROPSY – Psychiatrie de précision, piloté par l'INSERM et le CNRS, est doté de 80 M€ sur 7 ans. En s’inspirant des outils et techniques propres à la médecine de précision, PROPSY souhaite insuffler de l’innovation - et de l’espoir - dans une discipline en pleine mutation. Entretien avec Marion Leboyer, psychiatre, PU-PH à l’Université Paris-Est Créteil, Directeur adjoint du Département Universitaire de Psychiatrie et d’Addictologie des Hôpitaux Universitaires Henri Mondor, cheffe de l’équipe NeuroPsychiatrie Translationnelle de l’Institut Mondor de recherche biomédicale (Inserm U955), directrice générale de la fondation FondaMental et directrice du programme PROPSY.

En quoi la recherche en psychiatrie est-elle un enjeu majeur de santé publique ?

Marion Leboyer : Pour plusieurs raisons. En premier lieu, à cause de la fréquence de ces maladies, puisqu'on estime qu’un français sur trois sera touché par une maladie mentale au cours de son existence. Ce sont des maladies qui commencent chez l'adulte jeune, entre 15 et 25 ans, qui sont souvent chroniques avec un pronostic qui peut être très variable.

Elles ont aussi un impact extrêmement important en termes médico-économiques, puisqu'elles représentent la première cause de dépenses de santé en coûts directs. Et lorsqu’on cumule coûts directs et indirects, cela représente pour la France 160 milliards d'euros par an, avec une augmentation de 50 milliards d’euros rien que sur la dernière décennie (Laidi et al, 2022). Et ces coûts continuent à augmenter.

L’impact est aussi très lourd sur le plan sociétal, puisque ces maladies constituent la première cause des « DALYs » (Disability-Adjusted Life Year), c'est-à-dire le nombre d'années de vie perdues à cause d'une pathologie, très loin devant les cancers, les maladies cardiovasculaires ou les maladies neurodégénératives.

Ces maladies bouleversent profondément la vie des patients et de leurs proches. C’est pourquoi, renforcer la recherche en psychiatrie est un enjeu majeur de santé publique, afin de mieux comprendre ces pathologies, améliorer leur prise en charge et réduire leur poids humain, social et économique.

Comment expliquer que les maladies mentales occasionnent ces années de vie perdues ?

M. L. : Les maladies mentales sont responsables d’une mortalité plus importante que celle observée dans la population générale, avec une espérance de vie réduite en moyenne de 10 à 15 ans. Deux grandes causes expliquent cet écart.

La première concerne les maladies physiques associées aux maladies mentales : les comorbidités somatiques sont non seulement plus fréquentes chez ces patients, mais en plus moins bien dépistées et prises en charge. Cela s’explique en partie par l’organisation du parcours de soins, marqué par un cloisonnement persistant entre la psychiatrie et la médecine somatique, ainsi que par un déficit de diffusion des connaissances. Ce manque d’intégration contribue à une surmortalité de plus de 10 ans liée aux maladies cardiovasculaires, aux cancers et aux infections, comme on a pu le constater de façon frappante pendant la pandémie de Covid-19.
La deuxième cause de mortalité accrue est le suicide.

Comment décririez-vous l'état actuel de la psychiatrie en France ?

M. L. : En tant que médecin responsable d’un service hospitalier, d’un laboratoire Inserm et de grands projets de recherche, je constate un écart encore très marqué entre ce que nous réalisons au quotidien dans les services de psychiatrie et les avancées obtenues en recherche.

Un des enjeux majeurs est donc de parvenir à mieux relier ces deux mondes : il faut que les découvertes issues de la recherche puissent rapidement se traduire dans la pratique clinique, à travers de nouveaux outils diagnostiques, de nouvelles organisations des parcours de soins, la mise en place de stratégies thérapeutiques innovantes et une meilleure compréhension des facteurs causaux de ces pathologies.

Or, malgré les progrès accomplis et les efforts de communication, les représentations erronées et la stigmatisation de la psychiatrie restent très présentes dans notre société. Cela souligne la nécessité d’un travail pédagogique important pour mieux faire connaitre les résultats des recherches, changer le regard porté sur ces maladies et favoriser leur meilleure prise en charge.

Comment le programme PROPSY a-t-il été pensé au regard de ce contexte ? Quelle définition pouvez-vous donner d’une « psychiatrie de précision » ?

M. L. : Au cours des dernières décennies, la compréhension des troubles psychiatriques s’est considérablement améliorée. Pourtant, les innovations diagnostiques et thérapeutiques n’ont pas encore suffi à améliorer de manière significative le pronostic des patients. C’est précisément le défi auquel répond le programme de recherche PROPSY : transposer en psychiatrie l’approche de la médecine de précision.

De fait, les classifications diagnostiques actuelles reposent uniquement sur la clinique : elles permettent une bonne fidélité inter-cotateur entre praticiens, mais ne reflètent pas la diversité biologique des troubles, qui se chevauchent et se modifient au cours du temps. Nous avons besoin de biomarqueurs de stratification, de pronostic et de réponse au traitement pour passer à une véritable psychiatrie de précision. Cela implique d’enrichir les classifications diagnostiques actuelles de signatures diagnostiques, de marqueurs de résistance ou d’évolution et de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques agissant sur des mécanismes biologiques précis pour obtenir des sous-groupes homogènes de patients.

La France dispose d’infrastructures de pointe en imagerie cérébrale, génomique, métagénomique, métabolomique ou encore en intelligence artificielle qui vont nous permettre de travailler sur la découverte et la validation de ces nouvelles stratégies diagnostiques.

Le programme PROPSY se concentre sur quatre troubles : les troubles bipolaires, les dépressions résistantes, les schizophrénies et les troubles du spectre de l’autisme. Sur quels critères vous êtes-vous appuyés pour établir cette liste ?

M. L. : Ce choix s’appuie sur l’expérience accumulée depuis plus de 15 ans grâce au dispositif des Centres Experts de la Fondation FondaMental et au projet RHU Psy-Care. Déployés sur tout le territoire national, 55 Centres Experts spécialisés coordonnés par la Fondation FondaMental, proposent des bilans diagnostiques exhaustifs pour les patients adressés par leurs médecins et atteints de troubles bipolaires, de dépressions résistantes, de schizophrénies ou d’autisme sans retard intellectuel.

Comme pour les autres pathologies médicales, ces centres proposent aux patients un bilan approfondi et standardisé, intégrant des évaluations cliniques, cognitives, biologiques et parfois d’imagerie. Cette approche permet non seulement d’améliorer la qualité du diagnostic et du suivi, mais aussi de mieux prévenir les complications et de personnaliser les stratégies thérapeutiques. Elle contribue également à réduire les coûts liés en particulier aux hospitalisations répétées.

Le dispositif est structuré en 4 réseaux nationaux par pathologie, insérés au sein d’établissements hospitaliers, fédérant des équipes hospitalières et de recherche autour de standards communs. Quatre réseaux de Centres Experts existent aujourd’hui : un réseau pour les troubles bipolaires, un pour la schizophrénie, un pour la dépression résistante et un pour l’autisme sans retard intellectuel. Cette organisation a permis d’harmoniser les pratiques, de mutualiser les données et de constituer de vastes cohortes de patients évalués de manière homogène.

Grâce à ce dispositif, des milliers de patients ont déjà pu bénéficier d’un bilan diagnostic standardisé et exhaustif. Ces centres et réseaux ont permis de documenter de manière fine les trajectoires de soins, les facteurs de risque, les comorbidités somatiques et psychiatriques, ainsi que les résistances aux traitements. Ils constituent aujourd’hui une ressource scientifique unique au service de la recherche translationnelle.

Le PEPR va nous permettre de poursuivre la construction de la grande cohorte nationale French Minds et de compléter la caractérisation clinique et biologique des troubles, grâce à l’accès aux grandes plateformes françaises de génomique, de métagénomique et d’imagerie cérébrale. Les données recueillies feront l’objet de multiples approches d’analyse – qu’il s’agisse de biostatistiques, d’épidémiologie, d’intelligence artificielle ou d’autres méthodes de traitement des données – et seront mises à disposition de la communauté scientifique dans une logique d’ouverture et de collaboration nationale et internationale.

Pourriez-vous donner un exemple d’une stratégie thérapeutique ciblée au sein du programme ?

M. L. : Un exemple particulièrement parlant est celui des psychoses auto-immunes. En 2017, avec l’équipe du Pr Laurent Groc à Bordeaux, nous avons décrit une forme clinique de schizophrénie caractérisée par la présence d’auto-anticorps dirigés contre les récepteurs cérébraux NMDA. On estime qu’environ 10 à 20 % des patients atteints de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de troubles schizo-affectifs – des pathologies pourtant très différentes – présentent ces auto-anticorps.

Un test biologique permettant de les détecter existe déjà et un premier essai thérapeutique (TIM-Dépist) a été initié pour explorer l’efficacité de traitements anti-inflammatoires. Dans le cadre du PEPR PROPSY, nous souhaitons aller plus loin : l’hypothèse que nous voulons tester est que le dépistage systématique de ces auto-anticorps, ainsi que l’étude d’autres marqueurs immuno-inflammatoires, pourraient permettre d’identifier des sous-groupes de patients et d’ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblées.

Concrètement, cela impliquera plusieurs étapes :

• une étape clinique, avec le dépistage et l’identification de ces auto-anticorps chez les patients de la cohorte,

• une étape préclinique, pour mieux comprendre leur impact fonctionnel au niveau synaptique,

• un axe de recherche translationnelle, visant à évaluer l’intérêt de traitements immunomodulateurs dans des essais cliniques dédiés,

• et enfin un volet de valorisation industrielle et de formation, pour favoriser le développement d’outils de dépistage et stimuler les collaborations, y compris auprès des jeunes chercheurs.

Cet axe transversal illustre la logique de la psychiatrie de précision : partir d’une observation biologique transnosographique, explorer son rôle comme mécanisme pathogène, et envisager – si les résultats le confirment – des stratégies thérapeutiques ciblées et mieux tolérées.

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Des projets et outils thérapeutiques innovants déployés en 5 work packages au sein du programme

Le PEPR PROPSY est structuré en cinq work packages (WP). Chacun comprend plusieurs projets déjà présélectionnés par le jury international, qui seront complétés par des appels à projets ouverts à l’ensemble de la communauté scientifique française.

WP1 – La cohorte French Minds et ses projets associés

Le WP1 constitue la pierre angulaire du programme avec la création de la grande cohorte French Minds, qui permettra de recruter et de caractériser plusieurs milliers de patients et de témoins. Cette cohorte servira de socle à l’ensemble du PEPR, en fournissant des données cliniques, biologiques et environnementales de référence.

Autour de cette cohorte, plusieurs projets complémentaires seront développés, notamment :

• le déploiement d’outils numériques (en lien avec le PEPR Santé Numérique coordonné par Pierre Philip, Bordeaux), comme un agent conversationnel chargé de recueillir des informations auprès des patients entre deux consultations en présentiel,

• l’intégration de capteurs environnementaux (projet porté par Franck Schurhoff et Gilles Forêt, UPEC) afin de mesurer la pollution de l’air et d’explorer son lien potentiel avec l’aggravation de certains symptômes psychiatriques

WP2 – Études précliniques

Deux projets explorent les mécanismes pathophysiologiques à travers des modèles expérimentaux :

• une étude sur les auto-anticorps dirigés contre les récepteurs cérébraux, afin de mieux comprendre leur rôle dans certaines formes de psychoses,

• une étude sur l’impact de la pollution atmosphérique sur des marqueurs biologiques, notamment inflammatoires, chez des animaux exposés ou non exposés.

WP3 – Essais cliniques et interventions thérapeutiques innovantes

Ce WP explore des approches thérapeutiques émergentes :

• un projet sur la stimulation cérébrale ciblée, qui vise à utiliser les données d’imagerie cérébrale pour optimiser la localisation des stimulations et améliorer leur efficacité,

• un projet de neurofeedback, où les patients apprennent à contrôler leurs hallucinations en visualisant leur activité cérébrale,

• un projet sur l’usage d’outils numériques pour améliorer les troubles du sommeil dans différentes pathologies psychiatriques.

WP4 – Valorisation et innovation biomédicale

Ce WP a pour objectif de soutenir l’innovation et de favoriser les partenariats. Il comprend :

• la mise en place d’une plateforme d’information et de participation, destinée aux patients, aux soignants et aux industriels, pour favoriser l’accès aux essais cliniques et encourager la collaboration,

• le développement d’une plateforme électrophysiologique (EEG) intégrée au suivi des patients de la cohorte,

• le soutien à des projets innovants, par exemple la conception de cabines de dépistage somatique utilisables en consultation.

WP5 – Formation et attractivité

Ce dernier WP est consacré à la formation et à l’attractivité de la discipline. Il prévoit des programmes pour fidéliser et accompagner les jeunes soignants comme les jeunes chercheurs, afin de renforcer la dynamique de recherche et de soins en psychiatrie, et de stimuler de nouvelles vocations.

Les cinq work packages du PEPR compteront chacun entre deux et trois projets présélectionnés, qui seront ensuite complétés par des appels d’offre ouverts à l’ensemble de la communauté française.

Des outils digitaux seront développés en collaboration avec le PEPR Santé Numérique (Pierre Philip, Bordeaux), comme un agent conversationnel qui posera un certain nombre de questions aux patients entre les visites en présentiel. Un autre projet porté par Franck Schurhoff et Gilles Foret (UPEC) propose le déploiement de capteurs qui permettront de mesurer la pollution entre les visites en présentiel, pour essayer d'explorer le lien entre pollution et augmentation / majoration de la symptomatologie chez les patients.

Le WP 2 est destiné à la réalisation d’études précliniques. Un projet concerne la compréhension du mécanisme d'action des auto-anticorps dirigés contre les récepteurs cérébraux.

Un deuxième se compose d’une étude préclinique sur la compréhension de l'impact de l'environnement, en particulier de la pollution de l'air, sur une série de marqueurs, en particulier de l'inflammation chez les animaux exposés ou non exposés.

Le WP 3, un projet sur la stimulation cérébrale sur des cibles spécifiques, tentera de démontrer que l’utilisation des données de l'imagerie cérébrale va permettre de gagner en précision sur la zone de stimulation et de contribuer à en améliorer l'efficacité. Un projet de neurofeedback entraînera les patients à contrôler leurs hallucinations lorsqu’ils en voient la traduction en imagerie cérébrale.

Un troisième projet concerne l'impact de l’utilisation des agents ou outils digitaux sur l'amélioration des troubles du sommeil dans différentes pathologies psychiatriques.

Le WP4 a pour objet de développer un nouveau secteur biomédical dans le domaine de la psychiatrie et la santé mentale avec d’une part la construction d’un outil d’animation de la communauté, une plateforme destinée aux usagers, aux professionnels de santé et aux industriels, pour les informer sur les études en cours et leur donner les outils pour faciliter leur participation aux essais cliniques. D’autre part, le soutien à des projets de start-ups, qui mèneront par exemple à la construction de plateformes électro-physiologiques utilisées dans le cadre de la cohorte, la construction d'une cabine de dépistage des pathologies somatiques chez les patients qui viennent en consultation en CMP.

Enfin, le WP 5 prévoit un grand programme de fidélisation, d’accompagnement et d’amélioration de l'attractivité de la discipline auprès des jeunes soignants, mais aussi des jeunes chercheurs.

PROPSY aspire à développer des innovations en psychiatrie, quels rôles les entreprises et start-ups ont-elles à jouer ?

M. L. : Je suis intimement persuadée que l'innovation dans le domaine de la psychiatrie et la santé mentale viendra de la capacité des start-ups à innover et à déployer les outils dont nous, médecins, avons la responsabilité de démontrer l'efficacité et la validité. Mais pour cela, nous avons besoin du retour des industriels, petits ou grands, vers la psychiatrie. L'industrie pharmaceutique s'est retirée du développement d'innovations thérapeutiques depuis des années, précisément parce que les populations sur lesquelles nous faisions des essais cliniques étaient tellement hétérogènes, et qu’il y a eu trop d'échecs dans le cadre des essais cliniques. Même si les cibles biologiques pouvaient être pertinentes, une trop grande hétérogénéité des patients ne permettait pas de tester correctement l'efficacité clinique. Cet effort de stratification et d'utilisation des outils nouveaux (la biologie, les outils digitaux, l'imagerie, les innovations thérapeutiques ou l'amélioration du style de vie) pourraient améliorer considérablement le pronostic de nos patients.

Quelle place sera accordée au numérique au sein du programme ? En particulier l’Intelligence artificielle et l’imagerie cérébrale ?

M. L. : Le numérique jouera un rôle majeur à plusieurs niveaux. Il sera d’abord utilisé pour développer des outils de suivi précis et écologiques, permettant d’évaluer de manière régulière et en conditions de vie réelle différents paramètres liés à la santé mentale et aux maladies mentales, comme le sommeil, l’activité physique ou l’humeur. Ces données viendront compléter les évaluations réalisées en consultation et permettront de proposer, à terme, de nouvelles stratégies de suivi diagnostique active ou passive et de stratégies thérapeutiques numériques qui suscitent un fort intérêt de la part des patients. Les volontaires pourront, par exemple, porter des capteurs d’activité, qui enregistrent en continu certains paramètres physiologiques pendant des périodes pouvant aller jusqu’à un an.

Au-delà de ces outils de suivi, la constitution dans le cadre du PEPR de grandes bases de données multimodales et interopérables ouvrira la voie à l’utilisation de l’intelligence artificielle pour définir et valider de nouvelles signatures clinico-biologiques. Celles-ci permettront d’améliorer la précision des diagnostics, de mieux caractériser l’évolution des troubles et, à terme, de développer des stratégies thérapeutiques personnalisées.

La stigmatisation et l’isolement sociaux sont des risques majeurs liés aux troubles de la santé mentale, comment comptez-vous aborder ces enjeux, notamment auprès du grand public et des décideurs ?

M. L. : Ce sont des cibles absolument majeures. Nous allons construire des outils qui permettront d'améliorer la capacité d'accès du grand public à la littérature internationale. Nous allons également créer un répertoire des essais cliniques en cours et à venir. Nous déploierons aussi en français des outils d’auto-évaluation (« patient reported outcomes ») pour permettre aux patients d’auto-évaluer leur qualité de vie et l'impact que peuvent avoir les stratégies thérapeutiques que nous développerons. Un comité de suivi du PEPR PROPSY a également été mis en place avec les usagers.

Enfin pour impacter la prise de décision, nos efforts mis en place depuis des années seront renforcés par la création d’un Policy Lab. Tous nos résultats seront discutés et transmis aux décideurs nationaux. Parce qu'on sait bien qu’il ne suffit pas de publier de bons articles, mais qu'il faut aussi faire connaître auprès du grand public, des journalistes et des décideurs, les découvertes qui transforment le domaine et l'organisation des soins.

Paradoxalement, face à ces défis croissants, l’attractivité du secteur psychiatrique ne cesse de décliner depuis quelques années. Dans le cadre du PEPR, quelles actions peuvent-être menées auprès de jeunes professionnels ?

M. L. : Le PEPR PROPSY fait de l’attractivité de la discipline une priorité structurante. Un programme « early career » propose aux jeunes professionnels — soignants et chercheurs — un ensemble de leviers concrets : formations spécialisées, mentorat, stages à l’étranger, aides à la publication et immersion dans des réseaux nationaux et internationaux.

Le programme appuie également des initiatives portées par les universités et les équipes partenaires, qui visent à renforcer la formation des jeunes chercheurs et à développer des approches innovantes dans l’étude des troubles psychiatriques. Ces actions permettent d’impliquer directement la nouvelle génération dans des projets de recherche de pointe, tout en leur offrant des opportunités de carrière et de visibilité.

L’ambition est claire : donner à une nouvelle génération les outils, les perspectives et l’accompagnement nécessaires pour faire de la psychiatrie une discipline attractive, moderne et porteuse d’espoir. Car c’est en attirant et en soutenant ces jeunes professionnels que nous pourrons transformer durablement la prise en charge des patients.

Quelles ont été les actions (scientifiques, de communication) mises en place par le programme dans le cadre de la grande cause nationale « Santé mentale » en 2025 ?

L’un des objectifs du PEPR PROPSY est d’informer le grand public sur les enjeux de la psychiatrie de précision, de sensibiliser et de lutter contre la stigmatisation des troubles mentaux. À cet effet, le programme s’est associé à plusieurs événements d’information à destination de tous.

Tout d’abord, Diagnostic 2035, organisé par l’association Positive Minders et le Collectif Grande Cause Nationale, le 13 mars 2025. Une journée qui a réuni environ 1600 personnes, pour penser l’avenir de la santé mentale, autour de thématiques variées telles que l’analyse de biomarqueurs, l’optimisation du parcours de soin, les enjeux éthiques, la cybersécurité, ou encore le recours à l’intelligence artificielle.

Puis les Assises de l’innovation en santé mentale, le 11 juin 2025, organisées par l’AdESM. Cet événement a rassemblé environ 280 professionnels de santé, patients, proches, chercheurs, associations et citoyens, pour échanger sur les problématiques de prise en charge et de qualité de vie des patients.

Le PEPR PROPSY a également pour mission d’apporter des solutions en faveur de l’attractivité des métiers de la recherche en psychiatrie. 
Pour y répondre, une campagne de recrutement nationale « Rendez-vous avec la psy » a été lancée en mai 2025, en étroite collaboration avec la Fondation FondaMental.
Son objectif est de renforcer les équipes de recherche et de soins au sein de 35 centres d’inclusion (Centres Experts FondaMental et centres du RHU Psy Care), chargés de l’évaluation de la cohorte French Minds, la plus grande cohorte de patients atteints de troubles psychiatriques en France.

Les enjeux de cette campagne sont multiples : changer le regard sur les métiers de la santé mentale, valoriser le rôle essentiel des équipes pluridisciplinaires et susciter des vocations, autour d’un projet scientifique, humain et porteur de sens.

Le PEPR PROPSY a déployé des supports de communication : un site, une newsletter mensuelle (+500 abonnés) et une page LinkedIn (+1000 abonnés) pour tenir au courant de ses avancées - projets ciblés, événements, prix, publications, appels à projets, articles de presse, campagnes - ainsi que des actualités de la psychiatrie, à destination d’une audience variée : communauté scientifique, grand public et personnalités politiques. N’hésitez pas à vous abonner !

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