L’ANR signataire de l’accord de Heidelberg sur l’engagement des financeurs de la recherche pour la durabilité environnementale

L'accord de Heidelberg sur l’engagement des financeurs de la recherche pour la durabilité environnementale (Heidelberg Agreement on Environmental Sustainability in Research Funding) fournit un cadre permettant aux organismes de financement de la recherche de jouer un rôle actif dans le recours à des pratiques durables en matière de recherche et d’inciter à leur adoption. Il énonce les principes d’une transition vers une recherche plus soucieuse de l’environnement, ainsi que des recommandations pratiques sur la mise en œuvre de méthodes plus durables en matière de financement.
L'un des principaux objectifs de l'accord de Heidelberg est de faire en sorte que les financeurs jouent un rôle plus actif dans la promotion de pratiques durables en matière de recherche scientifique. Il appelle les financeurs à fixer des objectifs de développement durable ambitieux ; à partager des principes de financement d’une recherche durable qui soient fondés sur l'innovation, l'expérimentation, le partenariat, la diversité et la cocréation ; à souligner l'importance de la durabilité dans leurs programmes ; et à soutenir l’élaboration et l’adoption d’outils susceptibles d’aider les chercheurs et les chercheuses à prendre en compte la durabilité environnementale.
Neuf recommandations pour la mise en œuvre de la durabilité dans les programmes de financement
I- Les financeurs s’engagent à faire de la mise en œuvre de la durabilité dans les programmes de financement un objectif clé de leurs stratégies de durabilité. L'objectif de la mise en œuvre de mesures individuelles peut être varié et inclure la sensibilisation à l'impact environnemental des projets de recherche, l'invitation à des discussions, la collecte d'informations en retour auprès des chercheurs et la minimisation de l'empreinte environnementale de la recherche.
II- Les financeurs devraient évaluer les régimes de financement en fonction de leur alignement sur le développement durable. Il peut s'agir d'exigences ou de pratiques établies qui ont un impact direct ou indirect sur la durabilité. Par exemple, la durée des subventions ou l'utilisation d'indicateurs quantitatifs comme critères d'évaluation dans l'octroi des subventions pourraient être discutées. En outre, les bailleurs de fonds pourraient autoriser le report des fonds de recherche non dépensés afin d'éviter les achats inutiles, et des stratégies, telles que la réduction, la réutilisation, la reconversion et le recyclage, devraient être encouragées. Cela inclut le partage et la réparation des équipements et le partage des ressources.
III- Les financeurs pourraient apporter un soutien financier aux chercheurs et aux instituts, le cas échéant, afin d'aborder la question de la durabilité. Il pourrait s'agir de nouveaux appels à propositions pour aborder des sujets pertinents, de financement pour l'éducation et la formation, et de l'autorisation des coûts associés au respect des critères de durabilité à demander dans les budgets.
IV- Lorsque les financeurs intègrent des programmes d'accréditation ou d'autres produits de tiers dans leurs programmes de financement, ceux-ci doivent être conformes à leurs stratégies et à leurs valeurs. L'accord contient une liste d'exigences générales pour les outils durables :
- Utilisation gratuite pour la communauté des chercheurs
- Source ouverte
- Convivialité et évolutivité pour les institutions
- Testé et examiné de manière indépendante
- Régulièrement évalué et mis à jour
V- Les financeurs établiront des partenariats avec d'autres financeurs et les parties prenantes concernées afin de partager les meilleures pratiques pour développer des systèmes de financement qui soutiennent la recherche durable.
VI- Les financeurs doivent évaluer les effets possibles des mesures sur les différentes parties prenantes, en particulier les communautés de recherche. Par exemple, les financeurs devraient chercher à dialoguer avec la communauté des chercheurs pour discuter de la liberté de la recherche, dans le contexte de la nécessité de la durabilité. Les financeurs doivent également éviter que les politiques environnementales ne créent une bureaucratie excessive pour les chercheurs et les organismes de recherche.
VII- Les financeurs devront mettre en œuvre les considérations ou les critères d'éligibilité avec souplesse. Le retour d'information de la communauté des chercheurs devrait servir de base à l'adaptation et à la révision des politiques, ainsi qu'à d'autres mesures.
VIII- Les financeurs devraient promouvoir la mise en place de structures formelles ou institutionnalisées pour la durabilité et l'accréditation, telles que celles développées pour l'éthique de la recherche - c'est-à-dire le traitement des sujets humains et animaux dans la recherche. Ces structures pourraient inclure des contrôles de conformité spécifiques, ainsi que des bureaux ou du personnel désignés pour fournir le soutien nécessaire.
IX- Les financeurs doivent prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre de la recherche qu'ils financent. À l'avenir, il pourrait être nécessaire de mettre en place des budgets d'émissions pour les projets financés.
Le texte de cet encadré est une traduction réalisée à partir du texte original de l’Accord, publié en anglais. Consulter le texte complet de l’accord dans sa version originale, en anglais.
L’accord de Heidelberg est le fruit des travaux de multiples parties prenantes. Des représentants d’agences de financement, d’organismes de recherche, d’initiatives locales, de spécialistes des sciences sociales et d’experts de neuf pays européens différents ont œuvré ensemble à sa mise en place. L’Accord a été approuvé par le Fonds autrichien pour la science (FWF), le Conseil néerlandais de la recherche (NWO), l’EMBO, le Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL), la Fondation polonaise pour la science (FNP), l’Agence nationale de la recherche (ANR) française, la Fondation allemande pour la recherche (DFG), la Green Algorithms Initiative, le Green Labs Netherlands (GLN), l’Institut de bio-ingénierie de Catalogne (IBEC), le Medical Research Council (MRC), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), UK Research & Innovation (UKRI) et Wellcome.
Son élaboration a été entamée lors de l’atelier intitulé Funders’ Role in Promoting Environmentally Sustainable Lab Research consacré au rôle du financement dans la promotion d’une recherche en laboratoire écologiquement durable et organisé en mai 2024 par l’EMBO à Heidelberg, en Allemagne.
L’accord marque le début d’un effort européen plus vaste en faveur de la protection de l’environnement et de la soutenabilité environnementale dans le financement de la recherche. Il s'agit également d’inciter à la communauté internationale des chercheurs et des chercheuses à réfléchir et à avancer collectivement sur cette question cruciale.
Le texte de cette actualité est principalement issu de la traduction du communiqué de presse publié en anglais le 22 octobre. Consulter la version originale du communiqué de presse.
En savoir plus
L'accord de Heidelberg sur la protection de l’environnement dans le financement de la recherche est disponible en ligne, en anglais (DOI: doi.org/10.5281/zenodo.13938809)
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