Etudier le Travail d’Anonymisation des Publications en Sciences Sociales – ETAPSS

Le projet étudiera les formes et l’impact des normes de préservation de la confidentialité et de l’anonymat sur les manières d’écrire la recherche dans les revues de sciences sociales en France. Il étudiera comment diverses communautés disciplinaires gèrent une injonction contradictoire notoire, bien que peu étudiée de manière systématique : administrer la preuve de ce qui est avancé dans les articles – ce qui implique d’optimiser la préservation de la précision des informations collectées – sans risquer de porter préjudice aux enquêtés en risquant de divulguer leur identité ou des aspects sensibles de leur vie – ce qui implique à l’inverse de diminuer la précision de l’information sur les groupes et personnes investigués ou d’obtenir leur consentement. La manière de régler ce dilemme a une incidence sur les orientations des méthodes et des objets de la recherche, à travers ce qui peut ou pas se dire dans les publications. Cette question prend une acuité particulière dans le contexte de la Science ouverte. Nous proposons de sortir de conceptions globalisantes, aveugles aux spécificités disciplinaires et méthodologiques, en contrastant plusieurs ensemble disciplinaires de sciences sociales – anthropologie et ethnologie, économie, épidémiologie ou santé publique, géographie sociale, linguistique, science politique, sciences de l’information et de la communication, sociologie et démographie. La cas de la France sera éclairé par une comparaison avec le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou le Canada, des contextes marqués par une antériorité des effets des dynamiques de Science ouverte. Afin de saisir une possible évolution, la recherche sera menée avec une certaine profondeur historique, en remontant au moins jusqu’au début des années 2000. Le projet sera mené à partir d’un échantillon de plus de 100 revues. Deux approches seront articulées : une objectivation des pratiques d’anonymisation ou de recueil des consentements embarquées dans les articles, via l’usage de modèles de fouille de texte pour pouvoir annoter plusieurs dizaines de milliers d’articles ; une exploration des modes d’appropriation et de mise en oeuvre de ces prescriptions normatives dans les revues étudiées, ia l’envoi d’un questionnaire aux revues et la réalisation d’une cinquantaine d’entretiens avec des membres des comités de rédaction des revues et des auteurs d’articles. Les résultats du projet pourront servir à la constitution de “boîtes à outil” dans lesquelles divers acteurs (chercheurs, revues, plateformes éditoriales, associations professionnelles) pourront puiser pour mieux expliciter leur positionnement sur cette question, ou pour nourrir la réflexion sur l’anonymisation des données de la recherche.