Explorer les frontières de la phylolinguistique – X-PhyLs
La linguistique historique connaît récemment un nouveau tournant quantitatif avec le développement de modèles et de méthodes computationnelles qui complètent les méthodes traditionnelles de reconstruction de l'histoire des langues. De telles méthodes ont été appliquées avec succès à de nombreuses familles de langues, dont l'austronésien, le bantou, l'indo-européen et le sino-tibétain.
Ces méthodes ont permis de reconstituer avec succès des faits précédemment connus, mais elles ont également apporté des réponses à des questions jusque-là non résolues sur les relations profondes entre les langues, sur la datation des langues ancestrales et sur les processus de l'évolution des langues. Ces travaux reposent sur l'inférence statistique bayésienne et représentent les relations entre les langues sous la forme d'un arbre binaire, bien que des travaux récents proposent des modèles plus complexes qui prennent en compte les événements de transfert latéral résultant du contact.
Notre projet réunira des linguistes et des mathématiciens pour explorer davantage les possibilités et repousser les frontières des phylogénies linguistiques computationnelles. Nous nous attaquerons à plusieurs problèmes liés mais distincts relatifs aux méthodes des histoires linguistiques profondes et moins profondes.
Tout d'abord, nous aborderons deux questions générales: Quelle est la profondeur temporelle après laquelle la plupart du signal phylogénétique initialement présent dans les langues disparaît, rendant les relations linguistiques indétectables? Comment rendre nos modèles computationnels de changement linguistique plus réalistes, en particulier en incorporant le transfert latéral dû au contact? Nous examinerons 2 études de cas où les méthodes phylogénétiques peuvent apporter des réponses à des questions intéressantes, l'une sur la famille japonique où les relations sont obscurcies en raison du contact, et l'autre sur les relations linguistiques profondes entre l'Asie orientale et le Pacifique. Nous aborderons également la question de la modélisation de l'évolution de la morphologie paradigmatique à partir de l'exemple de l'indexation de la personne en sino-tibétain, afin de dépasser les limites actuelles de la phylolinguistique, qui se limite au lexique et aux caractéristiques structurelles.
Coordination du projet
Thomas Pellard (Institut National des Langues et Civilisations Orientales Paris)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenariat
CEREMADE Centre de Recherche en Mathématiques de la Décision
EA Eco-Anthropologie
CRLAO Institut National des Langues et Civilisations Orientales Paris
Aide de l'ANR 489 169 euros
Début et durée du projet scientifique :
novembre 2024
- 48 Mois