Utilisation de la bio-acoustique pour gérer les espèces exotiques envahissantes : le cas du silure glane silurus glanis – BAMAS
En France, de nombreuses pressions pèsent sur les poissons migrateurs amphihalins et engendrent leur déclin, à tel point que tous sont menacés voire en danger d’extinction. Atténuer les pressions qui s’exercent sur ces espèces migratrices constitue donc un enjeu de conservation majeur. Afin de rétablir la continuité au niveau des barrages, des ouvrages de franchissement (passes et ascenseurs à poissons) sont construits pour permettre la libre circulation des espèces. Ces sites constituent cependant des goulets d’étranglement fréquentés par de nombreux silures Silurus glanis ; le silure est une espèce exotique qui, par sa taille imposante, est la seule capable de prédater ces espèces migratrices au stade adulte en rivières. Sur plusieurs grands fleuves, il a été estimé que le silure pouvait localement prédater jusqu’à 80% des migrateurs lors de leur montaison vers les sites de reproduction, réduisant ainsi considérablement l’efficacité de ces ouvrages de franchissement. Parmi les poissons, le silure possède d’excellentes capacités auditives, illustrées par la technique de pêche au clonk qui consiste à attirer les silures en émettant un bruit caractéristique à la surface de l’eau. Cependant, dans les zones de pêche intensive, il a été rapporté que le clonk, au contraire, les faisait fuir, ce qui souligne les capacités d’apprentissage de cette espèce. Le présent travail vise à tester les possibilités de contrôler le comportement du silure par phonotaxie et à l’appliquer à sa gestion locale. Pour ce faire, dans un premier temps, différents types de sons (vocalises de congénères, clonk par exemple) seront collectés dans un lac naturel expérimental et dans divers autres milieux grâce à la science participative. Après avoir vérifié qu’ils ciblaient spécifiquement le silure, les plus attractifs d’entre eux seront utilisés pour conditionner le silure. Le principe est d’attirer le silure avec ces stimuli attractifs, puis de leur associer une expérience désagréable (léger choc électrique par exemple), pour que le silure apprenne à associer les sons attractifs à un stimulus nocif et finisse par fuir à la seule écoute des signaux initialement attractifs. Les possibilités de conditionnement et son efficacité seront évaluées dans un lac naturel expérimental où les mouvements d’un pool de silures sont suivis en continu. Une fois l’outil calibré, il sera testé sur une rivière, aux abords d’un ouvrage de franchissement, en situation réelle avec migrateurs. La méthode sera peaufinée pour élaborer un outil destiné aux gestionnaires, ciblant spécifiquement le silure et limitant son impact sur les migrateurs au niveau des sites à enjeux.
Coordination du projet
Samuel Westrelin (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement)
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Partenariat
RECOVER Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement
CRNL Université Jean Monnet Saint-Etienne
CRBE Centre de Recherche sur la Biodiversité et l'Environnement
Romain Roy
Aide de l'ANR 515 693 euros
Début et durée du projet scientifique :
février 2025
- 54 Mois