Evolution des chromosomes sexuels chez les poissons Characoidei – CharaSex
L'évolution des chromosomes sexuels (CS) est une question ancienne en biologie évolutive. Ainsi il y a plus d'un siècle H.J. Muller suggérait déjà que les CS naissent en fixant un nouveau gène déterminant du sexe (DS) sur un autosome ancestral, suivi par l’accumulation d’allèles spécifiques au sexe entraînant une perte de recombinaison et la dégénérescence des CS. Ce scénario unidirectionnel reste d’actualité, principalement dans des modèles avec des CS hautement différenciés comme les mammifères, les oiseaux et la drosophile. Mais des données récentes le remettent en question, comme chez les poissons téléostéens, chez lesquels des changements rapides de CS et DS sont observés ainsi qu'un large éventail de différenciations des CS. Pour revisiter ce scénario, nous proposons d’étudier l'évolution des CS à une échelle macro-évolutive (100 espèces) en combinant des approches de génomique à haute résolution (assemblages génomiques, génétique des populations, édition du génome) et de cytogénétique avancée (Oligopaint FISH) chez un groupe de téléostéens très diversifié, les Characoidei. Ce groupe présente une évolution très dynamique des CS (XY, ZW, CS multiples, chromosomes B liés au sexe) avec des degrés divers de différenciation chromosomique, parfois même au sein d’une même espèce. Il comprend également des espèces aquacoles pour lesquelles le développement d’outils de contrôle précis du sexe seront pertinents, ainsi que de petites espèces d’aquariums bien adaptées à l’expérimentation en laboratoire. Nos analyses permettront de reconstituer l’évolution des CS chez les Characoidei, incluant entre autres la datation des changements de CS, et la comparaison précise de l'organisation des régions non recombinantes des CS homologues conservés. Ce projet bénéficiera de l'expertise complémentaire des partenaires français et brésiliens en génomique et cytogénétique et exploitera également une biodiversité néotropicale complémentaire entre la Guyane française et le Brésil.
Coordination du projet
Yann Guiguen (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement)
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Partenariat
LPGP Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement
Fish Biology and Genetics, São Paulo State University
Aide de l'ANR 678 464 euros
Début et durée du projet scientifique :
décembre 2024
- 60 Mois