LES RESTES HUMAINS PATRIMONIALISES, héritage, éthique et politique. Dénouer les images manquantes de Soliman Al-Halabi, "le fanatique syrien" – RHPAT

Ce projet vise à réaliser une étude d'envergure de l’inventaire de l’héritage patrimonial que constituent les restes humains patrimonialisés et ses impacts dans le présent, à partir de l’exemple de Soliman Al-Halabi, dit « le syrien fanatique », assassin du général Kléber en 1801 lors de la campagne d’Egypte napoléonienne. L’objectif scientifique est double. Il s’agit de co-construire une documentation, aujourd’hui « famélique », qui brosse les différents enjeux de la « Vie de Soliman Al-Halabi au musée » dans l’espace et dans le temps. Par ailleurs, d’élaborer, d’éprouver et d’affiner une méthodologie d’investigation dans le cadre d’une recherche-action qui soit la plus efficiente du point de vue heuristique mais aussi des transformations sociales, méthodologie qui serait transposable à d’autres dépouilles. La perspective, interdisciplinaire, investit le muséum d’histoire naturelle de Bourges, ouvert sur la cité, inclusif et lieu de débats, à travers d’une part, les problématiques de l’héritage colonial et de la « décolonisation des savoirs », ses interférences avec la construction des identités véhiculant des stéréotypes sur le racisme et la figure controversée du terroriste, et d’autre part, celles de l’interprétation du respect de la dignité humaine pour ces éléments singuliers et « sensibles » du musée, aussi objets de connaissance scientifique de l’espèce humaine. Pour cela, le projet mobilise différents partenaires, dont les savoirs et compétences sont complémentaires : scientifiques, artistes dont l’expertise participe à interroger et faire évoluer nos visions du monde et citoyens, publics ou non du muséum, tels la société civile syrienne ou les lycéens, les curieux et intéressés par ces questions. Empruntant une tradition humaniste, ce projet défend donc l’idée que la mise en éveil, l’éducation et le partage du savoir, y compris sur des sujets sensibles, sont des éléments indispensables à la construction d’une société ouverte, capable de surmonter les tensions sociétales. En somme, il s’agit d'essayer de répondre à trois questions : En quoi l’histoire de Soliman Al-Halabi au musée est-elle un analyseur des dialectiques contemporaines sur les restes humains muséaux ? Comment l’appréhender le plus justement ? Comment complexifie-t-elle nos visions du monde ?