Perception et intégration sensorielle dans les phases précoces de psychoses – PRIOR-ePSY
Les troubles psychotiques sont parmi les troubles mentaux qui ont le plus d'impact du fait des dommages personnels et familiaux élevés qu'ils engendrent. Mener des recherches dès le début du processus psychotique est essentiel pour avoir accès aux principales caractéristiques physiopathologiques de la maladie, avant que tous les processus pathologiques ne soient fixés et que les médicaments n'aient des effets sur les fonctions cérébrales. Il y a désormais un consensus scientifique sur la nécessité de poursuivre les recherches fondamentales et thérapeutiques sur les troubles psychotiques en appliquant une stratégie par stades, qui différencierait les premiers stades, tels que l’Etat Clinique à Haut Risque de Psychose (ECHR-P) et le Premier Episode de Psychose (PEP), de stades plus avancés tels que la schizophrénie. L'application directe de cette perspective physiopathologique consiste à identifier les meilleurs marqueurs permettant de prédire la progression de la psychose. Cependant, bien que les aspects physiopathologiques aient été largement explorés dans la schizophrénie, un effort de recherche important est encore nécessaire pour comprendre les mécanismes neuronaux sous-jacents et mieux prédire le risque de progression de la psychose aux stades les plus précoces.
Les troubles de la perception sont éléments clés de la compréhension des psychoses. En plus des hallucinations et distorsions sensorielles observées cliniquement, il existe désormais une littérature très large démontrant des atteintes neurocognitives auditive et visuelle dans les psychoses chroniques. Toutefois, dans les phases précoces de psychoses, si les distorsions sensorielles ont une haute valeur clinique pour évaluer le risque de transition, il existe encore peu de données sur la neurocognition auditive ou visuelle.
Ce projet a pour objectif d'explorer les traitements perceptifs d'entrée et intégrés chez des patients CHR-P, en comparaison à des patients en premier épisode psychotique et des volontaires sains. Nous faisons l'hypothèse de perturbation neurocognitives dès les premiers stades, en lien avec les distorsions sensorielles. Nous explorerons les fonctions visuelles à l'aide de tests mesurant le traitement de l'information dès son entrée dans le système visuel, mais aussi sa transformation en un tout cohérent, comme dans un visage, ainsi que la manière dont elle est interprétée en fonction de nos attentes. Nous étudierons aussi la perception auditive, à l'aide de tests mesurant la perception auditive d'entrée du signal mais aussi la manière dont certains sons sont interprétés dans un contexte émotionnel. Enfin, nous nous intéresserons à la manière dont le temps est perçu . Un suivi d'un an chez les patients avec ECHR-P mesurera si certains marqueurs sensoriels prédisent le risque de progression de la psychose.
Ce projet repose sur le recrutement d'une cohorte de patients sur quatre centres d’intervention précoce tous adossés à des équipes de recherche reconnues pour leurs travaux sur la perception. Nous utiliserons des marqueurs du fonctionnement sensoriel éprouvés, pour lesquels il existe des données préliminaires dans les psychoses chroniques. Le consortium de recherche est adossé au RHU Psycare dont il utilisera les standards de recrutement.
Coordination du projet
Vincent LAPREVOTE (Neuropsychologie Cognitive et Physiopathologie de la Schizophrénie)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenariat
Inserm GIN U1216 GRENOBLE INSTITUT DES NEUROSCIENCES (GIN)
IPNP INSTITUT DE PSYCHIATRIE ET NEUROSCIENCES DE PARIS / Institute of Psychiatry and Neurosciences of Paris
INSERM U1114 Neuropsychologie Cognitive et Physiopathologie de la Schizophrénie
CRNL Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon
LILLE NEUROSCIENCE ET COGNITION
Aide de l'ANR 690 557 euros
Début et durée du projet scientifique :
octobre 2023
- 60 Mois